Chapitre 21

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— On est tellement posés, là.

— Grave.

Le bois a chauffé toute la journée, diffusant une chaleur agréable contre mon dos humide. Il est tout juste dix-neuf heures, j'ai rejoint Valerio devant la paillotte du lac avec son drap de bain et ses tongs, qu'on a laissé avec mes propres affaires sur la plage avant de nager jusqu'à la plateforme.

— Je sens pas la frite ? me demande Valerio.

— Nan. Tu sens l'eau du lac.

— Ah ouais donc je pue quand même.

— Osef, moi aussi.

Au milieu du lac, les sons de la plage ne parviennent pas jusqu'à nous et je savoure ce silence. Ma première journée au snack du minigolf était plutôt cool, mais assez bruyante. Enfermé toute l'après-midi dans le petit espace cuisine avec le bruit des appareils, je suis ressorti avec les oreilles qui bourdonnaient. Mais la journée est passée vite, et Ben, le cuistot est vraiment sympa. Il a dans les trente ans, et passe son temps à blaguer avec les clients. Tout le monde l'adore, et le fait est qu'on rigole beaucoup.

Valerio est pas mal non plus, à la paillotte au bord du lac. Il a la meilleure vue, et on connaît la glacière depuis des années, elle est super gentille.

Je me redresse sur mes coudes, et contemple la forêt à l'opposé de la plage fourmillant de vacanciers.

— Qu'est-ce que tu regardes ?

— Rien. J'aime trop être ici avec toi.

Je déglutis, me sentant soudain idiot d'avoir dit ça aussi naturellement. On s'est toujours dit les choses spontanément, même les trucs un peu cucul, mais pour une fois je suis gêné.

— Moi aussi. C'est calme.

Heureusement, Valerio est égal à lui-même.

Il se passe vraiment des trucs chelou, dans ma tête, il faut que j'arrête.

— Tu veux aller à la soirée du camping, demain ? me demande-t-il alors.

— C'est la disco ?

— Ouaip.

Por qué no. Je me suis acheté une petite chemise à fleurs, pendant les soldes, là. Je me suis dit elle sera parfaite pour les soirées.

— La même ! On va être trop frais.

— Allez, je suis déjà trop chaud ! On va enflammer le dancefloor.

***

— Je peux te piquer du gel ?

— Vas-y, sers-toi.

Valerio attrape le pot de Vivelle dop sur le bord du lavabo, et trempe ses doigts dedans pour essayer de donner un style à ses cheveux trop longs. Finalement, il n'a pas opté pour une chemise à fleurs mais une marinière blanche et rouge qui lui donne des airs de mannequin Jean-Paul Gautier.

— Je sais pas si tu vas réussir à faire quelque chose, commenté-je en décoiffant savamment mes cheveux bruns.

— Chut, j'expérimente.

Je souris en secouant la tête, m'écartant un peu pour lui faire de la place. La salle d'eau prend des allures de placard à balai, quand on est deux à l'intérieur.

— Tu mets tes lunettes, ou pas ?

— Nan, flemme.

Valerio ne met jamais ses lunettes. Ou alors si, à vingt-trois heures quand on regarde un DVD avant de s'endormir. Il se trouve moche avec, mais il n'a pas compris qu'elles lui donnent un charme fou. Mais bon, je dis ça pour lui.

W [EN PAUSE] Where stories live. Discover now