Chapitre 39

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On ne reparle pas de cette conversation de toute la promenade. Je crois qu'on est plutôt doués pour esquiver tout ce qui se rapporte aux émotions. Cela n'empêche que je suis d'excellente humeur après cela.

Je sais que je joue à un jeu dangereux, compte-tenu de l'instabilité de ce que je ressens vis-à-vis de Valerio. Mais quand il m'offre d'être si spontané, lui-même et sans filtre, comment ne pas s'engouffrer dans la faille ? Je veux prendre toute l'affection qu'il a à me donner, et voir jusqu'à quel point il acceptera la mienne en retour sans que je mette en danger notre amitié. Car je le sais, je le sens que si je ne prends pas garde je la mettrai en péril.

Quand on est de retour au camping, il est déjà dix heures et on est tous un peu crevés. Mes parents et Laura ne vont pas tarder à se coucher, alors on décide d'en faire de même. On a joué au foot toute l'après-midi, et on a vu que demain le club ado se réunissait à la piscine pour des jeux d'eau. Valerio et moi, on a bien l'intention d'exploser tout le monde à la course sauvage.

— J'ai plus de jambes ! Pire qu'au tournoi, se plaint Valerio quand je referme la tente.

— Je t'ai trop fait courir ? le taquiné-je en me battant avec la fermeture.

— Je sais pas comment tu fais, toi. Demain, tu me portes.

Je secoue la tête, amusé.

— De toute façon c'est toujours moi qui te porte.

— Bah ouais, excuse-moi si je veux pas me faire démolir le dos.

— Quoi, comme ça ?

Je me laisse tomber sur lui pour l'écraser de tout mon poids, et il rit en essayant de me repousser.

— Bouge de là !

— Super confortable, ce matelas...

J'essaye de l'emprisonner dans sa couverture, mais il réussit à se dégager pour me pincer les côtes à travers mon t-shirt.

— OK, c'est bon j'arrête !

Je roule sur le côté en riant, et me tourne vers lui. Il a déjà retiré ses vêtements, et je me sens bêtement gêné. On a toujours dormi en caleçon, peu importe qu'on partage un lit ou juste une chambre.

Sauf que ça fait longtemps qu'on a pas partagé un lit, et que pour une raison stupide je suis gêné à l'idée de me retrouver presque entièrement nu contre lui cette nuit. Enfin, contre lui... Je ne suis pas obligé de le coller non plus.

— Qu'est-ce qu'il y a ? me demande-t-il alors que je le fixe.

— Rien, réponds-je en clignant des yeux.

Il se redresse, et attrape un pan de ma couette et de la sienne pour les accrocher ensemble. Ma tante, la mère de Laura, est couturière, et elle a cousu une glissière sur les deux avec une fermeture éclair. C'est trop pratique, pour éviter de trimballer douze couettes quand on vient au mobil home. Si je suis tout seul, je zippe. Si Valerio dort avec moi, je dézippe.

...

Ou pas.

— Tu veux regarder un film ? propose-t-il en se rallongeant à côté de moi.

— Ouais. Il nous reste quoi à voir ?

— Mmh... Le Seigneur des anneaux. J'ai ramené les Alien, aussi.

— Ah non, pas ça. Mets Gandalf, vas-y.

— « Mets Gandalf » qu'il dit. Toute une éducation à refaire, vraiment.

— De quoi tu te plains ? Je suis d'accord pour regarder !

Je replie mon oreiller pour me caler correctement, et m'installe pendant que Valerio met le DVD dans le lecteur. Il jette un coup d'œil vers moi, et hausse un sourcil.

W [EN PAUSE] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant