Chapitre 25

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— Mec, t'es sérieux ?

Valerio se frotte les yeux en se redressant dans son lit.

— Quoi ? demandé-je innocemment.

— La goule que j'ai.

Hier soir j'ai pris une photo de lui, endormi la bouche ouverte sur mon épaule. Un moment iconique, que je devais immortaliser.

— Bah quoi, t'es mignon.

— Tu vas voir, je vais pas te louper en retour !

— J'attends de voir, ricané-je en repoussant mon drap pour me lever. J'ouvre le rideau, inondant la chambre de lumière. Enfin, vite fait, car il fait toujours aussi gris. Je me retourne pour récupérer mon t-shirt de l'OL qui traîne par terre, mais Valerio l'a déjà enfilé sur son dos.

— Tu te fais pas chier, toi. Toujours à critiquer mes maillots, et toujours à me les piquer.

— J'aime bien, c'est soyeux.

— Sale voleur, va.

Il m'envoie un baiser et sort de la chambre. Je secoue la tête, plus amusé qu'agacé. Ça ne me dérange pas qu'il porte mes t-shirts, au contraire. Cela signifie que même s'il me charrie beaucoup sur le foot, il ne dénigre pas ma passion. Sinon il ferait comme ma mère, il menacerait de les brûler à chaque fois qu'il les voit traîner, maudissant mon père de m'acheter des vêtements assemblés par des enfants à l'autre bout du monde pour le seul salut de la société de consommation.

— Vous venez avec nous au marché ? demande maman au petit-déjeuner.

— Mais il fait moche...

— Il fait gris, me corrige-t-elle. Et la météo n'annonce plus de pluie.

Je fais la moue, échangeant un regard avec Valerio qui hausse les épaules. J'avoue que j'ai un peu la flemme. Aussi peu motivé que moi, il décline finalement pour nous deux et nous écopons de la corvée de vaisselle du petit-déjeuner pendant que mes parents vont se balader dans le village.

Une fois seuls, je zappe les infos pour mettre les clips et augmenter le volume.

— Je lave et tu essuies, commande Valerio.

— Oui, mon colonel.

Je déteste laver, de toute façon. Je mets toujours de l'eau partout.

When I grow up, I wanna be famous, I wanna be a star, I wanna be in movies...

— Ohlala, ce déhanché ! m'exclamé-je en donnant un coup de fessier à Valerio.

— T'aimerais avoir le même, hein ?

— Grave, apprends-moi à bouger mon boule !

Mort de rire, il ne m'apprend rien du tout et continue de me passer les bols à essuyer. Il me donne une pichenette mouillée sur l'épaule, et je m'apprête à riposter.

— Attention à Karim ! Faudrait pas abîmer son beau maillot.

— Fais pas trop le malin, le menacé-je.

— Sinon quoi ?

J'astique pensivement un verre, réfléchissant à une petite menace pas piquée des hannetons.

— Sinon je revends tous tes jeux de Game Boy sur eBay.

— Je me demande bien comment, je les ai pas amenés.

— Je viendrai les chercher chez toi.

— Bah, viens, alors. Je t'attends, moi.

On suspend nos gestes pour se dévisager, avant de pouffer de rire. Cette conversation, c'est n'importe quoi.

W [EN PAUSE] Where stories live. Discover now