Chapitre 13

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2007


Pour la deuxième année consécutive, les parents de Valerio louent un mobil home à l'autre bout du camping. Ça me fout tellement le blase, et en même temps je sais que ce n'est pas leur faute. S'il était suffisamment grand, je sais que mes parents les inviteraient sans souci à partager le nôtre.

— Salut Valentino !

Valerio saute les dernières marches de la terrasse et vient me taper dans le poing quand j'approche. J'oublie mes ruminations et retrouve aussitôt le sourire.

— Oh, tes cheveux ! m'exclamé-je en le prenant dans mes bras.

J'ai toujours été un peu plus tactile avec lui qu'avec mes autres potes. Il est mon meilleur ami, celui que je connais depuis le plus longtemps.

— Ouais, j'ai... voulu changer un peu.

Il se passe la main dedans, les décoiffant au passage. Je crois que c'est genre, de l'auburn.

— T'es grave BG.

— Merci, c'était le projet.

— Salut Valentin ! m'interpelle le père de Valerio.

— Bonjour Francis, ça va ?

Je lui fais la bise et il me félicite pour le bac de français. Je l'ai eu au rattrapage, contrairement à Valerio – car comme il l'a souligné je ne suis pas littéraire, juste allergique aux mathématiques.

— Val m'a dit que tu avais déjà choisi un cursus post-bac, c'est bien !

Mon meilleur ami lève les yeux au ciel.

— Papa, c'est les vacances là. On peut éviter de parler des cours ?

— C'est vrai pardon. Surtout avec le métier de tes parents, ajoute-t-il d'un air désolé.

— C'est pas grave, j'ai l'habitude ! Mais sinon, oui.

Je voudrais faire une licence STAPS, mais il n'y en a pas près de chez moi alors je vais devoir réfléchir à bouger. On en a parlé vite fait cette année avec Val, et on se disait que ce serait plutôt cool d'aller dans la même fac. Sauf que lui ne sait pas encore ce qu'il veut faire.

— On va voir le programme de la semaine ? proposé-je.

C'est plus un prétexte pour se retrouver, parce que clairement le programme on le connaît par cœur : bingo le lundi, karaoké le mardi, concours de pétanque le mercredi, soirée disco le jeudi... Mais bon on va quand même toujours le regarder. Des fois ça change et on a une soirée paella à la place du blind-test, c'est la folie.

On se moque beaucoup, mais on adore être ici. Je pense que c'est mon endroit préféré au monde, et je crois que c'est aussi le cas pour Valerio. On a nos petites habitudes, nos routines, et surtout c'est les vacances. Alors même si je devais faire la marche des tongs tous les vendredi juste pour faire plaisir à Val, ce serait quand même mon paradis sur Terre.

Du moins, tant qu'il est là aussi. Depuis l'an dernier, une question me taraude et je ne sais pas comment la lui poser. Qu'est-ce qui se passera quand on arrêtera de venir ici avec nos parents ? Quand est-ce que lui n'aura plus envie de venir passer ses vacances ici ? Et moi, alors ?

Finalement, ça fait plus d'une question, et elles sont toutes aussi angoissantes les unes que les autres.

— Bonjour !

Une femme – assez jeune – avec un polo aux couleurs du camping se plante devant nous avec un grand sourire, les poings sur les hanches. Je suis étonné de ne pas la connaître.

W [EN PAUSE] Where stories live. Discover now