Chapitre 49

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J'essaye d'esquiver Laura depuis qu'elle est revenue tout à l'heure, car elle essaye de me coincer pour parler de Nadège, et je me dis que j'aurais mieux faire de me taire. Du coup, je fais tout ce que ma mère me demande de faire : aller chercher la planche à découper, sortir des verres, mettre les gâteaux apéritifs dans des bols...

Tout le monde parle fort sur la terrasse, et j'aime bien cette ambiance de retrouvailles et de vacances.

— T'as besoin d'aide ?

Laura passe la tête dans l'encadrement de la porte, en haussant exagérément les sourcils. Je me baisse pour ouvrir le freezer, et lui tends une poche de glaçons.

— Tiens, tu peux les mettre dans une tasse.

— Okay. Ils ont l'air cool les parents de Valerio, me dit-elle en s'approchant.

— Ils le sont.

Elle se penche vers moi en versant les glaçons dans mon mug bob l'éponge, et chuchote :

— C'est quoi l'embrouille avec sa mère, alors ?

— Y a pas d'embrouille. Enfin... Elle pense que je suis une mauvaise fréquentation.

Elle pouffe de rire.

— Elle a pas tort.

— Eh, t'es censée être de mon côté !

— Nan, je suis censée être objective.

Mi-amusé, mi-agacé – je préfèrerais qu'elle aille dans mon sens – je la chasse de la cuisine et la suis quelques secondes après avec un bol d'olives et un pot vide pour mettre les noyaux. Pressé d'enfin me poser, je cherche machinalement Valerio des yeux.

— Eh, je m'assois où, moi ? demandé-je en ne voyant pas de chaise libre.

— Oh, mais c'est vrai on est sept !

Nadège se lève pour aller chercher une chaise sur leur terrasse, mais j'ai une idée en tête et je jubile déjà.

— Non mais c'est bon, attends. J'ai trouvé un siège.

Je me laisse tomber lourdement sur les genoux de Valerio, et il réagit aussitôt :

— Non mais ça va, oui ?

— Bah ouais. T'es confortable, en vrai.

— Et toi t'as le cul pointu !

Je m'esclaffe, et me sers un verre de Coca sans bouger de ma place. J'évite sciemment de croiser le regard de Laura, et remercie la maman de Valerio quand elle revient avec une chaise.

— Bon, Paul, je t'emmène à la pêche, demain ? demande Francis à mon père.

— Je n'attends que ça ! On pêche quoi, par ici, d'ailleurs ?

Je me désintéresse quasi instantanément de la conversation, quand Valerio enroule ses bras autour de ma taille. Le geste est si bref si bref que j'en ressens toute la spontanéité, et je l'empêche d'y mettre fin en calant mes avant-bras contre ses mains. Il s'immobilise contre moi, et son torse tangue légèrement contre mon dos. Je me pince les lèvres très fort pour ne pas sourire, et retire mon bras pour boire une gorgée de Coca.

— Ben, tu ne veux pas de ta chaise ? demande Nadège.

— Si si.

Les bras de Valerio se resserrent autour de ma taille, et ça remue quelque chose dans mon ventre.

— C'est juste un gros chieur, dit-il sans pour autant me libérer.

— Je pourrai plus t'embêter la nuit pendant deux semaines, alors je profite.

W [EN PAUSE] Where stories live. Discover now