Chapitre 24.II

37 10 12
                                    

  𝓢ynolab se retint de soupirer. Décidément, il détestait vraiment ce genre de fête. Il y avait beaucoup trop de monde, et n'importe qui risquait de se faire remarquer au moindre faux pas. De plus, il y avait un concentré d'hypocrisie et de mensonges bien trop élevé à son goût.

  Plus tôt dans la journée, il avait croisé les regards surpris des Assassins sur lui. Visiblement, ils ne s'attendaient pas à le voir aujourd'hui, malgré sa place d'associé de la maire. Lui non plus ne pensait pas venir.

  Et il serait resté bien au chaud à Amrynen.

  Si Telia n'avait pas insisté.

  Elle préférait l'avoir à ses côtés. D'une certaine façon, cela n'étonnait pas Synolab ; depuis la tentative d'assassinat lors de son élection, et même si elle le cachait, elle avait peur de la moindre ombre. Parfois, il en arrivait à devoir dormir chez elle pour la rassurer de sa paranoïa. Cela l'avait légèrement agacé au début, mais il s'était habitué.

  Bon, il fallait également avouer qu'il s'était habitué à être plus proche de Telia, à force. Vraiment plus proche d'elle. Peut-être au point qu'ils soient devenus amants. Sous ses airs hautains, elle restait une personne complexe et au final assez émotive, ce qui lui plaisait bien plus qu'il le reconnaîtrait.

  Voilà pourquoi il était là.

  Sinon, il évitait tout ce qui se rapprochait de près ou de loin à ce genre d'événement.

  Ce n'était pas son milieu. Il ne comprenait pas pourquoi de nombreuses personnes – essentiellement nobles – étalaient leurs richesse. Il ne comprenait pas pourquoi ils mettaient de l'argent dans de simples babioles. Il ne les comprenait pas, tout simplement. Ce n'était pas son monde, et il était bien trop différent d'eux.

  Et parmi ces bourgeux, les chefs de confréries se glissaient entre-eux, ayant des tenues bien moins prestigieuses. Synolab reconnut le Livreur fey de la dîme à ses cheveux azure, qui avait bien triste mine. Pas étonnant. D'un côté, il comprenait le raisonnement de la dirigeante, mais de l'autre, il trouvait que c'était inhumain.

  – Regarde, Syn.

  Il ne sursauta pas. Il avait senti Bena arriver près de lui. Étant membre du conseil d'Amrynen, elle avait dû se déplacer, à son grand désespoir. Depuis, elle ne cessait de se plaindre, et de se moquer de tous.

  – Parce que tu arrives à voir quelque chose ? rétorqua-t-il.

  Bena était une minome ; elle avait la taille d'un enfant de sept ans. Vexée, elle le frappa sur le bas du bras.

  – Justement ; comme je suis toute petite, j'arrive à voir les pieds – voire les sabots, pour certains – de tout le monde. Sois un peu sérieux. Regarde là-haut, derrière Danelea Wels, la femme de Kelan Balance.

  Synolab porta son verre à ses lèvres, tout en fronçant les sourcils. Par-dessus tous les attributs de chaque espèce – pour le coup, lui avait gardé sa forme de camouflage, ne voulant pas se faire remarquer – il crut apercevoir une sorte d'ombre suivre Danelea Wels.

  Il fut surpris que Bena l'ait remarqué. S'il n'y avait pas fait attention, il serait passé à côté de ce détail.

  – Un Espion, certainement, déclara-t-il en serrant les dents.

  Il regrettait vraiment que les combats soient interdits. Sinon, il se serait fait une joie de débarrasser le pays de ces vermines d'Espions.

  – Merci, je n'avais pas remarqué, railla Bena. Tu ne trouves pas cela bizarre ? D'habitude, les Espions et les Assassins s'évitent comme la pourwatud. Mais regarde : celui-là ne semble pas dérangé par la présence des Assassins, alors que ses camarades sont de l'autre côté.

L'Astriale - Les Ombres de l'Hiver T1 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant