Chapitre 23.II

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𝓚an s'éventa d'une main le visage. Il mourrait de chaud, bien qu'il faisait nuit, et que le Nulan était la deuxième région la plus fraîche de l'Astriale.

Et encore, il savait qu'il faisait plus frais dans les rues, qu'à l'intérieur des maisons. C'était certainement pour cette raison que de nombreux Monoclais n'étaient pas couchés. Il y en avait se promenant, d'autres s'arrosant avec l'eau d'une fontaine. Les rues ainsi animées, on pourrait penser qu'il s'agissait d'un jour de fête.

Pourtant non, ce n'était pas le cas.

Kan avait revêtu des habits plus simples, bien loin des riches vêtements qu'on lui faisait porter tous les jours. Il passait ainsi inaperçu, avec son pantalon brun et sa chemise grise.

Il ressortit de sa poche le bout de papier donné par l'Originale, dans un tic nerveux. Pour la onzième fois, il relut l'adresse notée, bien que celle-ci était parfaitement claire dans son esprit qui n'oubliait jamais rien. Il savait où se trouvait le lieu indiqué.

Plus tôt, dans la journée, après avoir laissé Isebell et Ynaseriam, et après avoir déjeuné avec ses parents, il avait croisé l'Originale, qui ne semblait pas pouvoir tenir en place. Elle ne cessait de babiller des chose n'ayant ni queue ni tête, cependant, elle avait été très claire quand elle lui avait remis ce bout de papier, en insistant pour qu'il vienne.

Elle voulait absolument lui présenter quelqu'un. C'était d'une importance vitale.

Sachant qu'il recevrait les foudres de l'Originale s'il ne se rendait pas à ce rendez-vous, Kan se retrouvait donc à marcher seul dans Monocle, alors qu'il était plus de dix heures du soir. Loin d'être idiot, il avait tout de même une arme à portée de main, glissée dans sa ceinture. Comme tous les enfants de la noblesse, il avait appris à se battre, bien que cet apprentissage n'avait débuté que lorsqu'il avait été adopté par Noal. Il était loin d'être doué, mais il se débrouillait.

Il arriva enfin devant une petite maison. Il n'hésita pas, sachant qu'il ne se trompait pas d'adresse, et frappa à la porte. Au début, personne ne lui répondit, si bien qu'il recommença, insista. On finit enfin par lui ouvrir, mais il faillit reculer de surprise en apercevant l'immense femme, au crâne rasée, tellement large d'épaules qu'elle ne pouvait certainement pas passer la porte sans se mettre de profil.

– Tu m'veux quoi, l'mioche ? aboya-t-elle d'une voix suraiguë, qui contrastait avec son physique.

Kan grimaça, espérant avoir encore des tympans en état de fonctionnement le lendemain. La femme sentait l'alcool et la fumée. Il se demanda dans quoi il avait encore mis les pieds.

– Bonsoir. L'Originale m'a donné rendez-vous ici, madame, expliqua-t-il.

La femme frotta son crâne nu, tout en le dévisageant. Pendant un instant, Kan fut persuadé qu'elle allait lui claquer la porte au nez. Néanmoins, elle finit par reculer, lui laissant tout juste la place d'entrer.

– Originale ! Ton invité est là ! gueula la femme, faisant grimacer de plus belle Kan.

– Merci, gentille Poha. Les graines seront dans ton écuelle, lorsque mes pieds voleront loin de toi, fit la voix de l'Originale.

– Y'a intérêt.

Poha – car tel était son prénom – renifla bruyamment, dans un bruit qui écœura Kan, avant de laisser celui-ci. Elle s'assit sur un tabouret, à l'intersection de quatre pièces bruyante, et il eut de la peine pour le pauvre tabouret. Kan lui jeta un coup d'œil, se dirigea vers la salle où il avait entendu la voix de l'Originale.

– Ah, Kan-opée ! Tout mon être se sent heureux de te voir ! s'exclama celle-ci.

L'Originale, toujours vêtue de son étrange tenue, mélange d'une robe et d'un pantalon, quelque soit la saison, se leva d'un canapé à l'aspect miteux, avant de mimer une révérence.

L'Astriale - Les Ombres de l'Hiver T1 [TERMINÉ]Where stories live. Discover now