Chapitre 10 : L'Attentat de Genibel

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Qui était donc ce jeune homme, Mihlo Dicov, que l'on voyait souvent avec la sénatrice Arysia Taureau ? Certains pensaient qu'il s'agissait de son âme damnée ou encore de son amant. D'autres étaient persuadés qu'il était l'espion personnel de la sénatrice. Il n'en était rien de tout cela, bien que la dernière proposition se rapprochait de la vérité.
Arysia Leynilie ou la dangereuse sénatrice Taureau, de Caoca Oapa, an 1598.

𝓙illan observa l'imposante demeure qui se dressait face à lui. L'Étoile – un nom osé – ne valait certes pas l'Opale et encore moins le palais de Fanie Bélier à Ylthenas, elle demeurait cependant être une bâtisse d'excellente facture.

Ses hauts murs de pierre foncée étincelaient dans la douce lumière hivernale, à cause de la multitude de cristaux incrustés. La neige qui avait dû s'accumuler sur les fenêtres avait été dégagée, bien qu'une couche de poudreuse dissimulait encore partiellement le toit en tuiles noires. Quelques gardes patrouillaient de la tour est à la tour ouest, certainement frigorifiés.

Jillan n'avait pas froid, cependant, il reconnaissait qu'il n'avait jamais vu autant de neige en Solyn pour un mois de Capriner. Alors, il se doutait que les gardes n'étaient pas habitués à être dehors par une température si basse.

Et encore, le ciel était bien dégagé, ce qui permettait aux rayons du soleil de les réchauffer quelque peu.

– On attend quoi, par tous les dieux ? Qu'il se remette à neiger ? grommela Souris.

  Mécontente, elle coinça ses mains sous ses aisselles pour tenter de les réchauffer, tout en continuant de faire des aller-retour. Jillan la trouvait beaucoup trop énergique, tandis qu'il s'était adossé au mur derrière lui, les bras croisés.

– On attend que la Ligue arrive. Et, pour l'amour des dieux, arrête de bouger dans tous les sens, Souris, déclara Corbeau. Antilope, est-ce que tu les vois ?

– Non, pas encore.

Jillan leva la tête, vers le fond de la rue. Perchée sur le balcon d'une maison, Antilope faisait le guet, ses tresses grises et brunes flottant au vent. Après Aigle, elle était celle qui avait la meilleure vue, d'où le fait que Corbeau lui ait attribué ce poste. Qui plus était, Antilope était rapide – ce n'était pas un hasard si elle s'appelait « Antilope » – si bien qu'il lui faudrait moins d'une seconde pour détaler, sans se faire prendre.

Il fallait bien le reconnaître ; elle avait beau être la plus âgée des Espions, Antilope restait l'une des plus agiles et meilleurs d'entre-eux. Elle était loin de faire ses quatre-vingt-dix-sept ans, semblait bien plus dans la force de l'âge.

– Excuse-moi d'avoir froid, marmotta si bas Souris, que seul Jillan l'entendit.

Comme le lui avait ordonné Corbeau, elle s'était arrêtée, bien que cela ne l'empêchait pas de se balancer d'avant en arrière, claquant des dents. Jillan jeta un coup d'œil au ciel ; Souris pouvait se calmer, il ne neigerait pas de sitôt.

– Ah ! J'aperçois Fanie, Arysia, Galtawell et tous ces bourgeux qui font partie de la Ligue ! s'écria Antilope.

Elle sauta du balcon, atterrit lestement pas loin de Jillan. Puis elle fit mine d'épousseter sa jupe.

Corbeau choisit de ne pas noter sa remarque sur la Ligue, car il claqua de la langue.

– Alors allons-y.

Tandis que Souris prenait le bras du Mentor – ils étaient tous deux censés se faire passer pour un couple – Antilope se mit derrière eux, et Jillan prit la tête de leur groupe. Ils sortirent de la ruelle, ne purent rater la procession que formait la Ligue.

L'Astriale - Les Ombres de l'Hiver T1 [TERMINÉ]Where stories live. Discover now