Our battlefield - Tome 1 -

Chapitre 30

- Tu veux en parler ?

Ethan pose sa main par-dessus la mienne. La chaleur de son contact m'apaise un peu et me permet de me concentrer sur lui, de ne pas me laisser submerger par les souvenirs. Je plonge dans ses iris noisette et lui souris.

- Je n'ai pas envie de gâcher la soirée.
- Tu as le droit d'être triste, tu sais ?

J'esquisse un sourire, amusée. C'est moi qui suis censée dire ça, non ? Ce sera bientôt mon travail d'aider les gens, de leur faire comprendre qu'ils ont le droit de ressentir des émotions, qu'elles ne sont pas forcément négatives. Et l'entendre de la bouche de quelqu'un d'autre est agréablement libérateur.

- Je sais. Mais je n'ai pas envie d'en parler, je voudrais penser à autre chose. Parle-moi de toi.

Il hoche la tête, compréhensif et retire sa main de la mienne. Aussitôt, la chaleur de ses doigts me manque et je frissonne, mais je ne dis rien et me contente de l'écouter. Il me parle de sa passion pour l'art, de sa famille qui habite à l'autre bout du pays, dans le Nevada. Nous avions déjà évoqué ces sujets par messages mais sans réellement entrer dans les détails. Je souris lorsqu'il me raconte des anecdotes sur son enfance et sur son petit frère. Au fil du temps, Sophia quitte mon esprit et je profite pleinement de notre sortie.

- Et toi alors ? Tes parents sont toujours en France, c'est ça ?

J'acquiesce en sirotant mon soda. Mes parents : sujet sensible. Mais je ne peux pas ignorer ses interrogations comme je l'ai déjà fait par textos alors qu'il vient de me raconter une bonne partie de sa vie. Je n'ai pas l'intention de lui mentir, mais la rétention d'informations pourrait être une bonne issue de secours. Qu'est-ce que je pourrais lui dire, de toute façon ? Je les ai si peu vus ces dernières années, c'est à peine si je me souviens de la couleur des murs de la chambre que j'occupais chez eux. J'étais une ado pleine de rêves et naïve, c'est si loin maintenant.

- Oui et ils n'étaient pas vraiment ravis que je parte pour finir mes études ici.
- Tu comptes retourner là-bas après avoir eu ton diplôme ?
- J'ai envie de m'installer ici. J'adore ma nouvelle vie, je ne me vois pas rentrer pour le moment.

Son sourire s'agrandit et je devine que cette information vient de me faire gagner des points. Non pas que je cherchais à en avoir, mais j'aime beaucoup Ethan et même si, pour le moment, j'ai encore du mal à me projeter avec quelqu'un, je sais qu'il pourrait être le partenaire idéal. Il serait une épaule sur laquelle je pourrais me reposer et une oreille attentive. Je suis certaine qu'il est sincère et qu'il m'apporterait tout ce qu'il me manque : paix, amour et réconfort. Mais moi ? Que pourrais-je lui offrir en retour ?

- Ta famille ne te manque pas parfois ?
- Pas vraiment. En fait, nous ne sommes pas en très bons termes avec mes parents. Je n'avais pas grand-chose qui me retenait en France.
- Oh, désolé.
- Ce n'est pas grave. Tu ne pouvais pas le savoir.

Notre plat arrive et nous poursuivons notre discussion sur nos familles. Il me montre des photos de la sienne, je lui décris la mienne. Je lui confie en quelques mots les différends qui m'opposent à mes parents et il se montre attentif à tout ce que je dis, comme s'il enregistrait précieusement chacune de mes confessions. Puis le sujet dérive et nous parlons musique, peinture et d'art en général. C'est terriblement apaisant d'être ici, avec lui, et de discuter de sujets si futiles.

- J'aimerais bien voir ce que tu peins à l'occasion, soufflé-je.
- Mon studio est envahi de toiles. Il faudra que tu passes !

Le repas se termine dans la bonne humeur et nous décidons de prolonger un peu la soirée. Au lieu de rejoindre sa voiture, nous marchons dans les rues éclairées de New Paltz et nous nous arrêtons dans un parc, au bord d'une rivière. Nous nous laissons tomber dans l'herbe et je me glisse entre ses jambes. Aussitôt, il enroule ses bras autour de moi et je profite de cette étreinte pour me réchauffer un peu. Mon envie de continuer à discuter avec lui était bien plus forte que celle de rentrer me mettre au chaud.