Échappée vers la passion [ Terminé ]

Chapitre 42 - Manon

Vers 8h30, Karen vient me porter des affaires personnelles qu'elle est allé récupérer dans mon appartement pour que je puisse me laver et m'habiller pour ma sortie cet après-midi.

Elle m'explique qu'elle a rassemblé la majorité de mes affaires, hier soir dans des sacs avec Léa et Sam, après avoir raccompagné nos parents chez eux. Pour que je n'ai pas à retourner dans cet appartement. Je la remercie de cette attention et je réalise que oui, ce n'est plus mon appartement, et je m'interroge sur l'endroit où je vais aller vivre, ce soir.

Karen est obligée de repartir rapidement, car les visiteurs ne sont pas autorisés le matin. Une exception lui a été accordée pour m'apporter mes vêtements. Je n'ai donc pas le temps de lui demander si elle a d'autres nouvelles.

Je reste toute la matinée à m'interroger sur Léa et Sam, sont-ils repartis ? Concernant Cyril, que va décider le juge ? Mon esprit tourne en boucle sur ma nouvelle situation.

À 13 heures, je vois arriver Karen, Léa et Sam. Soulagement, ils ne sont pas repartis sans me dire au revoir. Mais je suis inquiète de la tête qu'ils font. C'est Léa qui m'explique la situation. Sam lui, reste encore en retrait et a le visage fermé, ça me fait mal.

Elles m'expliquent que ce matin, le juge a libéré Cyril. Je suis sous le choc de cette nouvelle, comment est-ce possible ? Il a tenté de me tuer ! Elle m'explique qu'il a eu un très bon avocat pour le défendre. Évidemment, il a eu l'embarras du choix, avec ses collègues de travail. Ce sont tous des cadors du barreau dans son cabinet.

Léa me prend dans ses bras pour me rassurer et me demande de me calmer. Je réalise que je me suis mise à trembler. Sous le choc de savoir qu'il est libre. Je sais qu'il ne va pas me laisser tranquille. Il sait où vit ma famille, où est mon travail. Quelles sont mes options : prendre la fuite à nouveau ?

- Mais je vais faire quoi, moi, s'il est dehors ? Il ne me laissera jamais tranquille !

- Oui, Manon, rassure-toi, nous le savons ! C'est pour cela que nous avons pensé, si tu es d'accord, que tu partes t'installer un moment à Lyon, dans l'appartement de Sam, m'indique Léa.

Surprise de cette proposition, je regarde Sam, pour lire son visage. Nos regards se croisent, je suis encore hypnotisée par la profondeur du bleu de ses yeux. Enfin, je vois un sourire rassurant sur son visage, accompagné d'un hochement de tête. Il s'est rapproché de moi, mais reste toujours trop loin.

- Oui, Manon, tu peux venir habiter le temps que tu veux chez moi. J'ai un grand appartement sécurisé. Mais, je serai également là, au besoin, m'explique Sam.

Mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Vivre chez Sam, avec Sam ! Je ne sais plus quoi répondre. L'idée a fait buguer mon cerveau, c'est un rêve... Je n'arrive pas à répondre.

- Rassure-toi, tu auras ton espace à toi et ton intimité, ajoute-t-il.

Ça veut dire quoi, ça, exactement ? Là, je ne comprends plus. Il m'invite à vivre chez lui mais dans une chambre d'amis... Pourquoi ?

- Merci Sam de cette proposition, mais je ne voudrais pas te déranger ! Tu dois sûrement devoir repartir en Thaïlande pour le travail ?

Je vois son trouble à ma réponse, mais c'est plus fort que moi, je ne veux pas m'imposer, surtout s'il ne veut plus de moi, ce serait malsain.

- Manon, tu as besoin d'un endroit sûr où vivre et je t'invite à le trouver chez moi ; et non, je n'ai aucune obligation de repartir en Thaïlande pour le moment, se justifie Sam.

- Mais ton travail là-bas ?

- Je n'y travaille pas, Manon, j'y passais du temps pour me reposer, le temps de ma convalescence suite à ma blessure à l'épaule, je rendais juste service à mon père et ça m'occupe en faisant ce que j'aime avec mes amis, m'explique-t-il, rassurant.

- Bon, assez discuté ! Tu vas vivre chez Sam et tu n'as rien à dire, coupe Léa, en me levant de mon lit. Mets tes chaussures pour que l'on quitte cet endroit déprimant.

Alors que je rassemble mes affaires pour partir, le médecin du SAMU arrive dans la chambre. Après m'avoir demandé de mes nouvelles, il demande à voir Léa. C'est quoi, ça ?

Après deux minutes, Léa nous rejoint est nous dit :

- Désolée, mais je ne vais pas rentrer avec vous, le beau docteur m'a invité à aller boire un verre avec lui, je ne peux pas refuser, après ce qu'il a fait pour te sauver, tu comprends Manon, je dois le remercier !

J'éclate de rire et Sam aussi, c'est la plus mauvaise excuse pour dire qu'elle a un coup de cœur, et qu'elle a très envie d'en profiter.

- Oui, Léa, je comprends ton sacrifice. C'est noble ! lui réponds-je avec connivence.

- Tu n'as pas idée de ce que je suis capable de faire pour une amie... m'explique t-elle, digne d'une grande dramaturge qui se pâme.

Je la regarde et je plonge dans ses bras, pour la remercier.

- Merci Léa d'être mon amie et surtout de m'avoir sauvée.

- Tu n'as pas à me remercier ! C'est fait pour ça les amies. Bon allez, en route !

Sam se charge de prendre mes affaires. Nous laissons Léa aux bons soins du médecin, après que Sam lui a demandé de rester prudente et de le tenir au courant, comme un grand frère. Elle en profite pour me faire une dernière accolade et me dit au creux de l'oreille de prendre bien soin de Sam aussi, puis elle me fait un clin d'œil entendu.

Karen est venu me prendre la main, ce contact m'apaise, le temps de sortir de ces longs couloirs d'hôpital. Elle me demande de me reposer, de prendre soin de moi, de ne pas m'inquiéter pour la boite, que tout roule et de lui donner des nouvelles régulièrement et aux parents aussi.

À la voiture de Sam, elle me prend dans ses bras et me serre très fort. C'est les yeux gonflés de larmes que je prends place sur le siège passager de la voiture. Sam pose mes affaires dans la voiture, prend place au volant, et rassure une dernière fois ma sœur en promettant de veiller sur moi.

*****

Voilà, ils sont tous les deux, seuls. Mais il semble y avoir eu des  incompréhensions.

Arriveront-ils à surmonter ce malaise ?