Échappée vers la passion [ Terminé ]

Chapitre 5 - Manon

Je reviens de cette balade les yeux remplis de tout ce que j'ai découvert. Ces petites cabanes de pêcheur sur pilotis avec leurs toits de paille et murs en bois ; d'autres maisons plus grandes, composées d'un ensemble de petits bungalows traditionnels organisés autour d'une terrasse centrale comme la maison de Marc ; la luxuriance de la végétation tout autour et les couleurs vives des fleurs ; ces chemins de terre battue et surtout les sourires sur les visages des personnes que nous avons croisées. Mon cœur s'est rempli de cette sérénité que j'ai ressentie.

À notre retour vers 18h30, nous retrouvons Marc et Madee installés sur la terrasse. Madee nous accueille, Maï et moi, par une accolade chaleureuse.

- Alors, vous avez fait une balade ? nous interroge Marc.

- Oui Papa, j'ai montré le village à Manon, le chemin pour la plage et la route du sentier pour l'hôtel.

- Maï est une très bonne guide et le village est charmant.

- J'ai plein d'autres trucs à te faire découvrir, on remet ça bientôt ? dit-elle en se dirigeant vers sa chambre.

- Oui avec plaisir, Maï. J'en serais ravie !

- Si tu veux te reposer, nous mangerons dans une heure.

- Merci Madee, c'est parfait !

De retour dans ma chambre, je prends un moment pour moi, allongée sur mon lit. Je note que depuis mon arrivée, aucun membre de la famille ne m'a posé de question sur moi, d'où je viens ? Pourquoi je suis là ? Pour combien de temps ? Je les remercie de ne pas chercher à savoir, car je ne suis pas sûre de ne pas craquer si je devais parler de ma vie actuellement. Quelle vie au final ?

Oui, ma vie, en France, elle en est où ? J'avais mis en mode silencieux les notifications de messages sur mon téléphone, pour ne pas angoisser à chaque "tilili" mais finalement je l'ai passé en mode avion pour ne pas avoir d'appel non plus. Je prends trois profondes respirations, pour me donner du courage avant de lire les messages. Je connecte mon téléphone et, comme je le pressentais, une vague de notifications apparaît. Bon courage !

Je lis les messages de ma soeur :

"M, Je fais de mon mieux mais je m'inquiète pour toi ! C'est dur de ne pas savoir et comprendre. Pourquoi tu es partie, plutôt que de venir me voir, me parler ? Qu'est-ce que je n'ai pas vu ??? Je n'ai pas dormi de la nuit à retourner tout ça..."

"Stop ! Je stop là-dessus ! Tu te confieras, le moment venu. Et tu dois penser à toi avant tout ! On t'aime très fort ! Et surtout prend soin de toi."

"Pour le travail, je me suis organisée au mieux et lundi la stagiaire va arriver donc elle me donnera un coup de main sur les projets en cours. De ce côté, tu n'as pas à t'en inquiéter, je gère ;)  Si ça peut te libérer du tracas..."

" Cyril a débarqué au bureau, à midi, pour me demander où tu étais, et pourquoi tu ne réponds pas à ses messages et appels ?

Je sais pas pourquoi, mais je lui ai dit que tu étais à Londres pour plus longtemps et que pour ton téléphone tu l'avais peut-être fait tomber et qu'il ne fonctionne plus... vu ta maladresse habituelle ! 

Que, moi non plus, tu ne m'avais pas donné de nouvelles, mais que tu devrais très bien aller. Il a eu un regard bizarre puis il est reparti en me demandant de l'avertir si tu me contactes."

"Un petit message comme signe de vie serait bien, stp"

Ma réponse :

"K, rassure-toi je vais toujours bien et je suis en sécurité. Je te le promets !

Je suis soulagée de savoir que tout est sous contrôle pour le travail.

Surtout ne te porte pas responsable de ce qui arrive dans ma vie, c'était mes choix !

Je ne sais pas encore la durée de mon séjour, mais il me faut du temps pour faire le point.

Je sais que tu peux comprendre.

Bises M"

Je retrouve toute la famille à table sur la terrasse ce soir,

Nous passons une agréable soirée.

J'ai la chance de profiter d'un magnifique coucher de soleil. Les lumières crépusculaires me font apprécier la chance que j'ai. Je n'aurais pas pu espérer mieux et dépaysant pour un voyage.

Les plats délicieux de Madee, la gentillesse de Marc de m'avoir ouvert les portes de sa maison. Et de voir les jumeaux basculer entre chamailleries et complicité.

Après m'être préparée, je me glisse avec bonheur dans le lit.

Je vais pour me reposer mais mon esprit se remet en route, à réfléchir à ma situation, comment je vais faire ? Que va devenir ma vie, au moment de mon retour en France ?

Une boule d'angoisse me serre la poitrine. Je commence à hyperventiler, l'angoisse me saisit. Il faut que je me calme.

Je me concentre : "Maison, Refuge, Temps !" Je les répète encore et encore. Je cale ma respiration sur chaque mot. Enfin, j'arrive à me calmer.

Je sombre enfin dans un sommeil agité.