Chapitre 12 - Manon

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Après m'être changée pour mettre mon maillot de bain et avoir complété mon sac, je prends le chemin qui longe la côte pour me rendre à l'hôtel. J'ai bien proposé à Maï de venir avec moi, mais elle devait retrouver des amies.

Ce petit sentier est très agréable, et je prends plaisir à sentir l'odeur des embruns, la chaleur du soleil sur ma peau, cette brise du large qui vient me rafraîchir, la végétation, le chant des oiseaux.

Après 25 minutes de marche, où j'ai pris mon temps, je débouche sur la plage privative du complexe hôtelier. Les vacanciers se baignent, en profitent pour parfaire le bronzage avec lequel ils frimeront en racontant leurs vacances de rêve dans ce pays exotique, alors que d'autres font de la planche à voile, du catamaran, du jet-ski, ou encore un baptême de plongée avec Sam comme moniteur. À sa pensée, une douce chaleur parcourt mon corps.

Mes pas me guident à la pagode de la plage. À mon arrivée, Léa pose un verre d'eau glacée devant moi, et me dit qu'elle donne les instructions à son collègue et qu'ensuite nous pourrons partir. Je vide d'un trait mon verre, car la chaleur de ce début d'après-midi avoisine les 35°C.

- Bon, à nous la plage ! Tu me suis ? Je vais à mon bungalow pour me changer.

- Oui bien sûr.

Je suis surprise, car même si c'est un bungalow isolé, je le trouve très luxueux comme logement pour le personnel, Il y a un salon avec un coin bar, des fauteuils orientés vers la baie vitrée qui s'ouvre sur la terrasse et trois portes, sûrement la salle de bain et deux chambres. J'interroge Léa et elle m'indique qu'elle le partage avec une autre personne.

Après qu'elle a enfilé son maillot, pris un sac et une serviette, nous partons à la plage. C'est dans la même crique où je m'étais rendue le jour de mon arrivée qu'elle entreprend d'étendre sa serviette. Nous sommes seuls. Après avoir posé nos affaires et passé de la crème, pour moi du moins sur ma peau trop blanche, nous partons nous tremper. La température de l'eau me surprend car elle est vraiment chaude comparée à la Méditerranée, mais extrêmement agréable comparée à la chaleur extérieure. Nous nous éloignons du bord pour nager un peu au large le long de la plage.

*** Souvenir***

Depuis mon enfance, j'ai eu la chance infinie de passer mes grandes vacances à Menton à la limite de la frontière italienne, dans la maison de mon arrière-grand-tante.

Tous les matins, à la fraîche, nous descendions à la plage des Sablettes pour nous baigner et jouer à chercher des bernard-l'ermite. Ou nous passions des heures à plonger du radeau. Là où notre mère nous avait appris à nager, à ma sœur Karen puis à moi, sa cadette de 5 ans. Vers les 11 heures, au moment où tous les touristes arrivaient pour se faire littéralement cuire au soleil pour le reste de la journée, nous, on partait acheter de la fougasse au marché couvert, puis nous remontions à pied à la maison dans la campagne.

***

Finalement après notre baignade, nous nous installons au bord de l'eau, pour laisser les vagues venir caresser nos jambes. Au bout d'un moment, à regarder au large sans rien dire, un simple mot de Léa tombe, l'interrogation que je redoute depuis hier, depuis qu'elle a vu mes hématomes.

- Alors ?

Nos regards se croisent, ai-je assez confiance en cette personne pour pouvoir lui dire, tout ? Les secondes s'étirent, mais elle ne me pousse pas, ne me presse pas de questions. Juste, elle attend...

Finalement, mes lèvres s'ouvrent, et les mots commencent doucement puis jaillissent, je tente de lui expliquer le plus clairement possible, que oui, j'ai bien fui, à la suite de l'agression de Cyril. Je lui explique ce qu'il m'a fait, les coups, le sexe... Je finis mon monologue, en lui demandant ce que j'ai mal fait, pourquoi ?

Elle prend un moment de réflexion, puis commence à me poser une série de questions. Sur notre histoire, notre rencontre, l'emménagement rapide, le comportement de Cyril, cette domination qu'il avait sur moi. Le fait que je voyais moins, puis finalement plus mes amies car il me disait qu'il ne les appréciait pas. Que je ne voyais ma famille que très rarement, juste aux fêtes obligatoires, Noëls et anniversaires. Sur le fait qu'en société il était charmant, attentionné avec tout le monde et qu'en privé, il me faisait une montagne de reproches sur mon comportement. Que le seul lien que j'ai encore avec ma famille reste ma sœur car nous travaillons ensemble, mais que même ça il veut me l'enlever, car il voudrait que je lui fasse un enfant, qu'il m'encourage à arrêter la pilule et là... Je m'arrête.

- Qu'est-ce que tu ne veux pas dire, Manon ?

Après une hésitation, je lui explique que je ne sais pas pourquoi. Que j'ai accepté d'arrêter la pilule pour qu'il arrête de me presser de reproche, mais que j'ai demandé à ma gynéco de me mettre un stérilet, en secret, car je ne me sentais pas prête à avoir un enfant, pas tout de suite. Ce qui est étrange car la suite logique de notre relation était, évidemment, un enfant !

Plus de tabou ! Je réponds à ses interrogations. Cela fait prsque trois ans que je garde le silence, et là le barrage a éclaté et j'ai tout dit, tout !

Après ce dernier aveu, Léa m'explique que mon subconscient a agi pour me protéger, qu'au fond de moi, je savais qu'il y avait quelque chose de malsain dans notre relation, et que ce moyen de contraception caché avait pour but d'éviter de me sentir totalement piégée à vie avec ce "pervers narcissique manipulateur".

- Pervers narcissique manipulateur ?

- Oui Manon, il y a des hommes qui ont un comportement de "pervers narcissique manipulateur" et la totalité des éléments que tu m'as indiqués correspondent complètement. Le fait de t'isoler de ta famille, de tes amies, d'être charmant et brillant en société et critique et méprisant en privé, d'avoir une domination totale sur toi... et son travail : manipulation et stratège... Tout est là ! Je t'ai dit que j'avais un licence en psychologie, donc tu peux me faire confiance, mais si tu veux, j'ai un livre qui t'expliquera exactement ce syndrome.

Elle continue :

- Manon, tu n'as rien à te reprocher, tu n'as rien fait de mal. Tu n'as juste pas eu de chance en croisant et tombant amoureuse d'une personne comme lui.

Je tremble comme une feuille, je suis sous le choc. Totalement vidée d'avoir dû revivre tous ces événements et d'énumérer ces souvenirs pesants et douloureux.

Léa m'invite à prendre nos affaires et à rentrer à son bungalow.

*****

Manon a pour la première fois pu mettre des mots sur cette situation, sur son mal être. Grâce à Léa, elle peut enfin comprendre que ce n'est pas elle qui a un problème ou qui a mal fait quelque chose. Non , c'est Cyril qui a un vrai problème de comportement, malsain.

C'est une étape importante pour la suite de cette histoire.

J'espère que vous prenez autant de plaisir à la lire que moi j'en ai pris à l'écrire. XD


N'hésitez pas à me faire des commentaires, donner vos avis et points de vue, c'est très important pour moi de voir comment vous ressentez cette histoire.

Merci de vos soutiens et votes.

A très vite pour la suite.


Échappée vers la passion [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant