Anthologie de la fin

By DonnySeanTea

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Hélène écrit ce qu'elle se rappelle d'une apocalypse de zombie. (fanfiction TWD) More

La faim
Dimanche
Bonjour, mon petit cochon
Maison
Chris
Casse-croûte
Fièvre
Elle frappe à ta porte
Si je ne suis pas morte, c'est donc que je suis vivante
Cadavre
La dent creuse
Problème de foie
La deuxième histoire
Entre-deux
Papier
Cochon pendu
Deux jambes, deux bras
Merde
Sans tête
Fil de pêche
Sésame, ouvre-moi
Linceul
Main à la pâte
Rugbyman de porcelaine
Coquelicots
Infirmière en carton
Incendie
Bouts de ficelle
Course contre la montre
Roue brisée
Poids mort
Le chat de Schrödinger
Tous cousins
Beth, Maggie et moi
Deux chemins
La meilleure des amis
Les joies du nucléaire
Tu n'es plus la seule
Dernier sacrement
Petite grippette
Pré tendre
Fenêtre ouverte
Perdre la tête
Loué soit-il
Deuxième mère
Fin de l'histoire
Sang et lait
Bons baisers
Amen
Attrape-rêve
Notes de l'auteur

Fleur de soufre

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By DonnySeanTea

- DEHORS ! JE NE VEUX PLUS VOUS VOIR ! ALLEZ-VOUS EN !!

Dans le couloir, je me bouche les oreilles. Les cris résonnent toujours plus forts.

Mais c'est ce qu'ils attirent qui me fait peur.

Chris sort lentement de l'appartement. Abby n'a même pas la force de refermer la porte derrière lui. A genoux par terre, son corps est secoué par les sanglots. Et par l'interstice, j'assiste à toute la scène : elle qui se désagrège, lui inébranlable. Le sourire qui lui colle à la peau me fait froid dans le dos. Perçy suçote son pouce et passe la tête par l'entrebâillement de la porte.

Chris, une main qui vient recouvrir sa mâchoire, passe l'autre dans les cheveux du petit et d'un geste un peu brusque, le repousse à l'intérieur. Puis, il ferme la porte. J'aurais aimé un peu de silence mais je n'ai pas la force de le chercher et Abby n'est pas prête de me le donner.

- Tu veux boire quelque chose ? J'ai vu qu'ils avaient de l'électricité ici aussi. Un thé, ça te fera du bien, décide Chris.

Sa voix n'est qu'un long marmonnement. Il persiste à garder la main devant sa bouche, comme sa mère le lui a appris. Agacé, je la lui arrache, le forçant à dévoiler son visage. Il sourit.

- Arrête, grommelle t-il en cachant de nouveau ses lèvres. Tu sais que j'y peux rien.

- Ça empêche pas que c'est glauque.

- J'y peux rien.

Il se laisse glisser contre le mur, à mes côtés.

- Tu lui as dit ?

Il secoue la tête. Pas besoin qu'Abby sache que j'ai tiré sur le mari.

- Tu trembles. Qu'est-ce qui ne va pas ?

- J'ai froid... Mes mains.

J'ai les ongles bleus.

- Ils vont tomber, tu crois ?

Mes yeux le foudroient. Il me prend dans ses bras.

- Tu es en état de choc, marmonne t-il, cachant son visage dans le creux de mon épaule. Essaye de te calmer.

Ses lèvres sont agitées par un tic, comme s'il se retenait de sourire encore plus fort.

Ce n'est pas de naissance. Sa mère disait qu'il pleurait beaucoup, qu'il hurlait. Elle disait : « Il chouinait tout le temps. Parfois, c'était presque des miaulements, à d'autres moments, c'était des cris perçants... A t'en crever les tympans. Et quand tu le mettais au sein, il voulait pas boire. Alors, tu le changeais mais il n'y avait pas de problème (normal, il mangeait jamais). Et je le tenais à bout de bras, je lui demandais ce qui allait pas. »

Moi, quand je l'ai connu ; il ne pleurait plus.

Parfois, il sue et on y croirait presque.

- Je sais à quoi tu penses, me dit-il. Je t'entends presque, il ajoute en me donnant une chiquenaude.

- Je pense aux autres.

- Ils vont bien.

- Pas eux, j'insiste. Les autres.

Chris me relâche, cherche ses mots.

- Ils n'ont pas souffert, je complète.

- C'est ça.

Il acquiece, fait une pause.

- Tu ne veux pas savoir ?

- De quoi ?

- Qui t'a marché sur la main.

Ca ne m'était même pas venu à l'esprit.

Non, c'est faux. J'y ai peut-être pensé entre les deux moments où j'ai frôlé la mort.

Je me suis dis : Qui a bien pu me faire ça à moi ?

Dans ma question, j'englobe tout. De ce qui s'est passé avec les parents, Kate et Ann ; jusqu'au sourire de Chris, ce qu'il m'a dit et puis après la suite.

Je secoue la tête mais nos regards se croisent. J'entends ses pensées.

- Avant ou après ?

Il fait semblant de m'ignorer.

- Avant ou après ?

- Avant. Elle est tombée avec toi.

Des bruits de pas nous font nous redresser. Je me relève en gémissant.

- Oh la la, soupire O'Connell en arrivant à notre hauteur. J'en connais une qui va passer le prochain mois alitée. D'ailleurs qu'est-ce que vous faites encore debout dans le couloir ? Il fait froid ici. Allez, venez. Je passais donner ça à Mrs. Panavati mais vous pouvez m'accompagner pour le retour.

- Mano a trouvé un endroit ?

- Ce gamin a plus d'un tour dans son sac ! Vous auriez dû voir comment il a dégondé la porte ! Ah, même plus jeune, je n'aurais pas pu faire la même chose. J'ai toujours eu un physique de mauviette.

- Et des mains beaucoup trop belles pour être abîmées, j'ajoute et mes lèvres s'étirent dans une ébauche de sourire.

Ce genre de compliment marche plutôt avec les femmes mais O'Connell est un humain comme les autres. Il me lance un regard entendu, pas dupe mais flatté quand même, et s'approche de la porte d'Abby pour y déposer un gros livre.

- Où est-ce que vous avez trouvé ça ? Chris demande sur le chemin.

- Je l'ai emmené avec moi. C'est... C'était tout ce qu'il me restait de chez moi.

- Pourquoi vous lui avez donné ?

Je repense à ma valise éventrée, abandonnée sur la moquette de ma chambre.

- Elle en a plus besoin que moi, désormais.

Au même moment, Mano surgit dans le couloir.

- Ah, tu tombes bien, Bras-Cassé. On a justement besoin de toi.

- « Bras-Cassé » ? je répète. Mais je n'ai pas le bras cassé.

Il écarquille les yeux, l'air de dire que je me fiche de lui.

- C'est vrai que vous avez l'air d'avoir le bras cassé.

- Arrêtez de me vouvoyer, O'Connell... Ça sert plus à rien.

Il encaisse le coup et se détourne. Je le vois disparaitre au détour de deux cloisons.

- Quoi ? je marmonne. Qu'est-ce que j'ai dit ?

- On peut jamais aller bien loin dans un immeuble, commente Chris. Il reviendra quand il aura faim.

-  Allez, ramenez-vous, reprend Mano. Je vous présente notre petit chez nous. Bon, c'est petit hein mais avec l'appartement d'en face, ça nous fera plus de place.

L'appartement est minuscule. Il y a un salon-cuisine et une chambre ; un mètre carré de plus  pour la salle de bain. De tout l'immeuble, il devait y avoir quelque chose de plus grand. Mano explique : "Y'avait plus grand mais en plus sale état. Ici, au moins, ça sent rien et on est au calme." Les meubles ont l'air confortable, presque cossus, comme si le propriétaire avait préféré dépenser pour son confort plutôt que pour l'espace.

- Tu partages cette fois-ci, je remarque, désignant les cinq couvertures soigneusement empilées sur le canapé. C'est sympa de ta part.

- Non, c'est tout pour moi, blague t-il avant de changer de discours, voyant qu'il ne fait rire personne : Non, bande cons, grince t-il. Je partage.

Il saisit une couverture et sort en claquant la porte.

- Mais qu'est-ce qu'ils ont tous ? répète Chris.

J'ai la tête qui tourne.

- Je vais dormir.

- Attends, soupire t-il en laissant de nouveau retomber sa main et apparaître son sourire. Je viens avec toi.

Il a l'air d'aller mieux. Ses lèvres forment une grimace nerveuse.

On dirait qu'il a avalé quelque chose d'amer.

- De quoi j'ai l'air ? il demande, l'air soucieux. Plutôt prune pourrie ou lait de chèvre morte ?

- Oh là, ce serait clairement de la pisse de cheval, je rigole avant de secouer la tête. Non, ça va. Ton visage commence à se détendre.

- Tu penses que les autres ont remarqué quelque chose ?

- Tu te tiens le visage comme si tu allais vomir donc oui, ils ont pas pu passer à côté ; mais tu leur feras le même discours que d'habitude...

- J'ai passé l'âge d'avoir de l'acnée.

- Mais pas de l'herpès ! je ricanne.

Chris décide de dormir sur la table du séjour. Je prends le canapé et m'enroule dans une couverture. Elle sent le parfum. Les larmes me montent aux yeux mais ça ne sert à rien de lutter : la morve dévale l'espace entre mon nez et mes lèvres. Ca fait longtemps que je n'ai pas senti une aussi bonne odeur. 


Le goût de la morve m'a toujours rassuré. La mer doit être aussi salée.

Chris éteint la lumière et s'allonge sur la table.

- Bonne nuit, je couine.

Chris m'a laissé les deux oreillers du canapé. Je tasse les coussins, réarrange la couverture et pose mes vieux os sur mon nouveau chez-moi. Le cuir est sale et la structure du divan trop dure ; on dirait qu'il est monté sur un bloc de ciment ou un sac entier de diamant.

Ce n'est pas si désagréable.


Je tourne et je retourne.

Parfois, je soupire, ferme les yeux et les rouvre.

Il y a un drap et des boyaux. Moi qui tire.

Est-ce qu'il a crié ? Est-ce qu'il m'a appelé ?

Quelque chose comme :

- Hélène, c'est moi !

- Hélène, ne tire pas !

- Hélène ! Je t'en prie !

- Hélène, j'ai une femme et un fils !


Chris avait l'habitude de dormir sur mon canapé. C'était un très beau canapé.

Il m'avait coûté les yeux de la tête mais qu'est-ce qu'il était beau.

700 balles et la couleur « fleur de soufre ».

Qu'est-ce que c'était censé être comme couleur ? Je réprime un petit rire. Ça va pas, je me dis, soudain sévère. Tu vas pas commencer à faire comme Chris. Je me redresse et l'épie dans le noir. Il a rabattu la couverture sur ses pieds. Il ne supporte pas qu'elle recouvre sa poitrine. « Ça l'oppresse. » Mais quel pleurnicheur !

Il fait froid. Il porte la veste que je lui ai offert à Noël.

- Chris, je l'appelle.

- Quoi ?

Je me recouche et murmure :

- C'est pour qui la dernière couverture ?

- Non, assène t-il en se redressant comme un ressort. T'as dit que tu voulais pas savoir.

- C'est Louisa ?

Il ne répond pas, se recouche.

Sous mes paupières, je vois ses lèvres bouger.

- C'est elle qui m'a fait tomber, pas vrai ?

- Dors, Hélène.

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