Le soleil est pratiquement couché quand nous sortons de la maison, nous marchons main dans la main sur la plage en regardant les derniers rayons de lumière qui se reflètent sur l'eau. Après environ cinq minutes, Damon s'arrête devant une maison et se tourne vers moi avec un grand sourire.
- Bienvenue chez moi, me dit-il en me désignant la bâtisse.
C'est une maison à l'allure moderne, composée seulement d'un rez-de-chaussée, toute vitrée où l'on peut voir le reflet des vagues.
- Ta maison ? demandé-je surprise.
- Oui, je l'ai acheté à mes dix-huit ans. C'est un petit délire avec mes frères, on voulait chacun notre maison pour avoir un endroit rien qu'à nous. Moi j'ai acheté celle-là, Dylan en a choisi une villa à Los Angeles et Matt a des vues sur une vieille bâtisse abandonnée en Louisiane, il compte la rénover entièrement.
- C'est dingue !
- Tu veux entrer ?
Je hoche vivement la tête, ce qui lui décroche un sourire. Damon m'emmène jusque devant la maison, il ouvre la porte et me laisse entrer la première. À l'intérieur, tout est tellement magnifique que j'en reste sans voix. C'est une grande pièce, composée d'un salon et d'une cuisine ouverte.
Un grand canapé trône au milieu du salon et fait face à un tout aussi grand écran plat, je suis étonnée par le goût de Damon en ce qui concerne la décoration. Moi qui l'aurais plus imaginé habiter dans une véritable garçonnière, c'est une vraie surprise de voir que ces goûts se rapprochent des miens.
Je fais un tour sur moi-même pour admirer l'endroit et remarque que les baie vitrée sont en réalité des vitres sans tain, qui nous laisse voir l'extérieur.
Damon me fixe, analysant le moindre de mes gestes.
- Ça te plaît ? me demande-t-il un peu anxieux.
- Oui, c'est magnifique !
- Vraiment ? Dis-le-moi si ça ne te plaît pas, on peut rentrer à la maison.
- Non, tu rigoles ! C'est parfait !
Je me dirige vers lui et passe mes bras autour de son cou pour l'attirer contre ma bouche, je sens ses muscles se relâcher. Il se laisse aller contre moi.
- Je me suis dit que ce serait cool d'avoir un endroit juste pour nous, me dit-il.
- C'était une bonne idée.
Je l'embrasse encore, plus fort, et m'agrippe à lui comme si ma vie en dépendait. Ses mains se referment autour de mes hanches et me pressent contre lui, j'entends son cœur qui s'accélère. Le mien suit son rythme.
Mais une douleur, qui met maintenant familière, me saisit les gencives et me brûle la gorge. Je me détache doucement de Damon, sous son regard sombre de désir.
- Je crois que j'ai peut-être surestimé ma capacité à me contrôler, murmuré-je en baissant les yeux.
- Tu viens seulement de te séparer du Feu Céleste, me rassure Damon, et même si tu es en partie vampire, il te faudra un peu de temps avant de t'en remettre complètement.
Je hoche la tête, bien consciente que je ne peux pas encore totalement contrôler cette soif. Damon pose sa main contre ma joue et relève ma tête en caressant ma peau, ses yeux sont remplis de douceur et d'amour. Ce regard arrive encore à me déstabiliser, et me fait perdre mes moyens.
- Je vais aller prendre une douche, et toi tu vas aller te nourrir. Tu as pris assez de sang avec toi ?
- Oui, dis-je timidement, il me reste encore les poches que m'a ramenées Chris.
- Ok, tu sais que tu peux me mordre aussi. Ça ne me gêne pas.
- Je sais, mais moi ça me gêne. Je supporte déjà mal le fait de boire des poches de sang, je ne pourrais pas aller directement à la source.
- D'accord, dans ce cas je te laisse tranquille. Je t'aime.
- Je t'aime aussi.
Il dépose un rapide baisé sur mes lèvres et disparaît derrière l'unique porte du salon. Je reste un instant planté en plein milieu de la pièce. Je suis reconnaissante que Damon comprenne mon malaise avec le sang, il est conscient que j'ai du mal à m'habituer à ce nouveau régime alimentaire et accepte que je veuille rester seule quand je dois me nourrir.
Je regarde autour de moi, admirant l'endroit et savourant cet instant de calme. J'attrape une poche de sang dans mon sac et la bois en faisant le tour de la pièce, je passe mes doigts sur le canapé, regarde la magnifique vue et arpente la cuisine.
Une fois mon tour fait et ma poche de sang jetée, je décide de continuer la visite et de passer par la porte que Damon a prise. Je l'ouvre et tombe sur une sublime chambre, avec un immense lit. La vue est tout aussi belle ici, j'ouvre la baie vitrée et me rends sur la petite terrasse.
L'air de la nuit me rafraîchit. Je contemple les vagues éclairées par la lune, il n'y a aucun bruit à part celui de l'eau. Tout est calme, ça en devient même étrange. Quand on est avec les garçons, il y a toujours un peu de bruit ce qui a un côté rassurant.
J'entends une porte s'ouvrir et voit Damon apparaître sur la terrasse, il ne porte qu'un pantalon ample ce qui me donne tout le loisir de voir sa musculature. Des gouttes tombent de ses cheveux encore mouillés et viennent glisser le long de sa peau. Il s'approche de moi, en souriant de malice de voir mon regard s'égarer sur lui. Je lève les yeux au ciel et attrape la serviette qu'il tient pour la mettre sur sa tête et frotte pour le sécher.
Il se met à rigoler, emprisonne mes hanches dans ses mains et me soulève pour me faire asseoir sur le garde-corps en bois. Une fois que j'ai fini de frotter ses cheveux dans tous les sens, je fais glisser la serviette derrière son cou et tire sur les deux pans pour l'attirer contre mes lèvres.
Il grogne de surprise et répond à mon baiser avec force. Ses bras se referment autour de moi, me donnant l'impression d'être minuscules comparée à lui. Je me laisse aller, caressant son torse et son ventre, me régalant de cette chaleur qui n'appartient qu'à lui.
Sa bouche me dévore, tandis que ses mains se glissent sous mon t-shirt, enflammant chaque parcelle de peau qui constitue mon dos. Je me concentre sur cette sensation, oubliant nos problèmes et le monde qui nous entoure. À ce moment précis, tout ce qui compte c'est sa peau contre la mienne.
Seulement, je m'écarte. Ce n'est pas la soif de sang qui me pousse à arrêter notre baiser, mais la peur. Damon me regarde, aussi essoufflé que moi, ses mains redescendent et viennent s'ancrer dans le creux de mes reins.
- Qu'est-ce qu'il y a ? me demande-t-il avec douceur.
Je baisse les yeux, retrouvant cette timidité qui m'empêche de m'exprimer comme je le veux. Pourtant je ne devrais pas avoir peur de parler avec lui, parce que tout est si simple et parce que je sais qu'il ne me trouvera jamais idiote. Pourtant j'ai peur. J'ai peur de ce que je vais dire, et j'ai peur de sa réaction.
- Eh, dit-il en posant son front contre le mien, tu sais que tu peux tout me dire.
- Je sais, c'est juste que je ne sais pas comment te le dire.
Il relève ma tête, et plonge son regard si bleu dans le mien. Je sais alors que ma décision est prise depuis longtemps et que je ne devrais pas avoir peur de lui dire.
- Je...Je veux me lier à toi Damon, dis-je doucement, je veux être ton âme-sœur.
Damon me regarde avec de grands yeux, sans dire un mot. Mon ventre se noue immédiatement, c'était peut-être une erreur en fin de compte, peut-être que c'est trop tôt. Je détourne le regard, mais il me bloque le visage dans ses mains et plaque ses lèvres contre ma bouche en m'embrassant avec passion.
Je l'embrasse à mon tour, ne sachant pas comment réagir.
- Je n'arrive pas à croire que tu me demandes ça, s'exclame-t-il en s'écartant, ce n'est pas possible.
Il sourit de plus belle et m'embrasse encore et encore. Mon cœur se gonfle de bonheur et d'amour, ne laissant plus aucune place pour la peur et les doutes.
- Tu es sûre de toi ? me demande-t-il.
- Je n'ai jamais été aussi certaine de mon choix. C'est toi que je veux Damon, depuis le début et je veux t'avoir dans ma vie pour toujours.
Je sors de ma poche un petit canif que j'avais pris avant de venir et le tends à Damon.
- Je vois que tu as pensé à tout, me dit-il en l'attrapant.
- J'avais l'espoir que tu acceptes.
Il secoue la tête et sourit à pleine dent. La lame du couteau ressort, laissant apercevoir les deux côtés tranchants. Damon la place entre nous et colle un côté de la lame contre sa paume, je fais de même et enroule mes doigts autour de sa main.
Ma respiration est saccadée, je tremble. Damon place son autre main sur le manche du canif et tire d'un coup sec. Nos sangs se mélangent et tout devient...indescriptible.
Je prends une grande inspiration, comme si je respirais réellement pour la première fois. Nos doigts s'enroulent autour de nos mains, mais tout est différent. Son cœur bat en rythme avec le mien, comme si nous ne faisions qu'un. Je ressens ses émotions : la joie, le désir, l'amour, je ressens absolument tout.
Nos coupures se referment et cette osmose s'estompe. Nous sommes essoufflés, collés l'un à l'autre, essayant de comprendre ce qu'il vient de se passer. Mais comment mettre des mots sur quelque chose qui ne s'explique pas. Rien ne peut être plus fort et intense que ce moment, que ce lien qui nous unit.
Je regarde Damon, ses pupilles sont complètement dilatés. Je comprends maintenant pourquoi Chris n'arrivait pas à mettre de mot sur ça. Quand je regarde Damon, je sens l'amour qu'il me porte, puissant et infini.
Je l'embrasse, me serrant contre lui et comblant chaque petit espace qui pourrait nous séparer. Il me prend dans ses bras, m'emportant dans la chambre. Nous ne sommes plus deux êtres qui s'aiment, nous sommes beaucoup plus.
Et je sais à présent que plus rien ne sera pareil entre nous. Ses mains prennent possession de moi. Il me découvre, sans cesser de m'embrasser. Damon me dépose sur le lit, et se colle à moi. Nous ne parlons plus, car aucun mot ne peut exprimer ce qu'on ressent.
Cette nuit, c'est l'univers entier qui disparaît et plus rien n'a d'importance. J'ai enfin trouvé celui qui me manquait, j'ai trouvé mon âme-sœur.