Chapitre 8
J'entrai donc dans la pièce. Une dizaine d'adolescents étaient assis le long de bancs, debout, discutant avec agitation. Certains me dévisagèrent à mon arrivée, ce qui me mit mal à l'aise. J'affichai une mine décomposée ce qui découragea toute personne de venir me parler je suppose. Je ne souhaitais pas sympathiser avec eux sachant que je ne resterai pas. Je m'installai donc au fond, et m'assis par terre à côté d'une autre fille qui recherchait la même tranquillité que moi apparemment. Elle avait les yeux fermés, des écouteurs branchés dans ses oreilles. Des cheveux bruns coupés courts s'arrêtaient au-dessus de ses épaules. Elle ouvrit les yeux et me jeta un regard méfiant. Malgré ses petits yeux, son visage allongé, elle propageait une aura imposante. Elle me dévisagea également puis tourna la tête. Après quelques secondes elle prit la parole :
-Toi aussi tu ne supportes pas le vacarme ?
- Non, en réalité c'est plutôt que je ne souhaite pas parler, répondis-je.
Puis voyant que j'avais été un peu sèche j'ajoutai :
-Comment tu t'appelles ?
- Arellys et toi ?
-Elea, ça vient d'où Arellys ?
-C'est espagnol, mon père était originaire d'Andalousie.
Cela expliquait sa peau mate et ses cheveux bruns.
-Oui je vois, dis-je en souriant. Mon grand-père aussi vient d'Espagne, de Catalogne je crois.
Arellys sourit à son tour. Elle était plus jolie quand elle souriait et paraissait moins antipathique.
-C'est vrai ! Cool on a toutes les deux du sang espagnol alors.
Elle me dévisagea puis après un moment elle ajouta :
-J'aime bien ton collier, il vient d'où ?
-Ma grand mère me l'a offert, il représente en quelque sorte l'héritage, les origines de ma famille. C'est de la pierre de lune, dis-je en caressant la surface du pendentif.
Je sentis qu'elle observait aussi ma cicatrice mais elle n'en dit pas un mot.
Soudain un écran apparut sur un mur blanc des vestiaires. On y voyait un homme en costume noir assis devant un bureau. Arellys et moi nous levâmes et je dissimulai mon collier sous mon tee-shirt. L'homme prit la parole :
« Vous vous demandez sûrement ce que vous faites ici. Et bien je vais vous expliquer le programme. A 14h, la 3e sélection commence.
A ce moment tous les sélectionnés regardèrent leur montre ou leur téléphone d'un air inquiet. 13h35 affichait mon portable.
- Mais ne vous en faites pas vous avez largement le temps. La sélection se déroulera dans le stade ou plutôt dans l'arène que vous avez aperçus en arrivant. Vous êtes divisés en 4 groupes pour l'instant. Un par vestiaire. Chaque groupe sortira par une porte différente après s'être équipé. Le but mes chers candidats est simple. Vous allez devoir traverser l'arène.
L'écran afficha alors le stade dans son intégralité.
- Et vous rendre à l'intérieur de la porte située à l'opposé. Observez, cette porte affiche le numéro 20. 20 pour 20 sélectionnés. Donc soyez rapides, faites de votre mieux. De plus le président du conseil des ministres italien nous honore de sa venue ainsi que le dirigeant de la Corée. J'ai omis de préciser que des obstacles vous attendent à l'extérieur et qu'il vous faudra réfléchir. Dans la salle située à côté des vestiaires des armes sont disposées. Choisissez-les judicieusement. Que votre instinct vous guide. »
Puis l'écran s'éteignit. Que votre instinct vous guide... Cette phrase me plaisait. Je pense que lorsque nous agissons nous sommes guidés par quelque chose qui nous dépasse, au plus profond de nous-même, que l'on ne peut expliquer.
-Qui aurait cru qu'un jour je me retrouverais ici, à participer à un concours en live, chuchota Arellys.
-Je n'arrive pas à me rendre compte non plus.
Notre petit groupe se dirigea alors vers la salle "d'armement". Des dizaines de canifs, couteaux, lances, épées ou encore boucliers étaient disposés.
-C'est comme si nous allions combattre des « dragons », s'exclama un garçon en imitant un chevalier.
Il était blond, très grand et costaud.
-Carrément, on n'a pas besoin de s'armer, renchérit un autre adolescent encore plus bourru que le précédent.
Les autres adolescents se mirent à rire eux aussi. Même Arellys prenait cette sélection pour une plaisanterie.
Ils ne savaient pas ce qui les attendaient. Ils pensaient trouver la gloire et le prestige mais ils ne trouveront que douleur et souffrance. Je devais leur dire, leur dire que c'était dangereux. Je pris mon courage à deux mains et m'exclamai d'une voix que je voulais ferme :
-Le concours est dangereux. Aussi improbable que cela puisse paraître on risque d'être blessé voire... de mourir.
Tous me regardèrent avec un regard de travers. Puis le même gars blond répliqua :
-Voyez-vous ça, d'où tu nous sors cette histoire gamine.
Gamine. Je voyais bien le genre. Un mec qui prenait tout le monde de haut et s'amusait à ridiculiser les gens. Mais pas moi.
-D'abord je ne suis pas une gamine. Et de deux vous devriez m'écouter, armez-vous le mieux que vous pouvez et restez concentrés.
-Pour qui elle se prend, pouffa son acolyte.
J'essayai de répondre sur un ton calme :
-Avez-vous déjà oublié le hurlement que nous avons entendu en arrivant ?
Des regards rieurs laissèrent place à des visages anxieux pour la plupart.
-Nan mais t'es vraiment parano en fait, l'écoutez pas. Tout est sécurisé ici !
Je vis rouge. Un de mes principaux défauts est d'être facilement susceptible. Mais avant que j'aie pu répondre quoi que ce soit, Arellys m'attrapa par le bras et m'éloigna de la petite troupe.
-C'est sérieux ce que tu dis ?
-Oui, crois-moi.
Elle acquiesça et commença à se servir dans le tas d'armes. D'autres suivirent son exemple. Pour ma part je m'emparai d'un poignard à la lame assez longue. Son manche m'intriguai, il était fait de bois sculpté où des formes indistinctes peintes s'entremêlaient. Je n'avais pas besoin de plus, je ne comptais pas passer la porte. Une clameur assourdissante nous fit tous sursauter. Elle venait de derrière une porte en métal. Celle qui donnait sur l'arène.
Une voix, criée plutôt que parlée dans un haut-parleur présenta la 3e sélection. Tout se passa très vite, la voix invita tous les sélectionnés à se tenir prêt à côté de la porte en métal puis elle s'ouvrit en grinçant. La luminosité m'éblouit et me fit plisser les paupières. Les autres candidats avancèrent d'un pas hésitant et franchirent la porte. Je restai en arrière pour prendre le plus de retard possible. Je passai la porte en dernière et fut frappée de stupeur devant la vue qui s'offrait à moi. Le stade vide à mon arrivée était rempli. Le bruit était presque insupportable tant la clameur des spectateurs était puissante. Des dizaines de caméras étaient dirigées vers nous et se déplaçaient en tous sens. La voix dans le haut-parleur nous interdit de passer la ligne rouge tracée au sol que je n'avais jusqu'alors pas remarquée. A quelques mètres de nous un autre groupe venait d'arriver et les acclamations redoublèrent. Nous étions en effet quatre groupes de 10 prêts à tout pour passer la grande porte en métal à l'opposé. Celle-ci affichait le numéro 20 en grand. Les groupes se jetaient des regards méfiants reflétant parfaitement l'esprit de compétition qui régnait en ce moment même. La voix reprit en grésillant :
« Mes chers candidats, vous voilà officiellement dans la 3e sélection. Vous aurez bien sûr déjà repéré la porte à franchir. Vous pourrez partir à la détonation que vous entendrez. Quant aux spectateurs qui ont parié voici les statistiques : un écran en 3 Dimensions apparut au milieu du stade résolvant d'une technologie exceptionnelle. Je n'étais pas la seule étonnée, tous avaient les yeux fixés sur l'écran. Dix candidats étaient en tête de liste des paris dont le gars blond qui m'avait insultée et son acolyte, celui avec la carrure imposante. J'appris qu'ils s'appelaient respectivement Baptiste et Kenzo. J'étais située dans les 20eme derrière Arellys. Tellement de gens avaient parié pour ce jeu manipulateur que cela me révoltait. J'entendis une autre voix que le haut-parleur proclamer :
-Juste avant de commencer j'ai une petite touche personnelle à ajouter.
C'était Charles Aldrik qui parlait, je ne pouvais pas le voir de là où j'étais. Il continua:
-Un traître a été retrouvé et capturé. Jean Rousseau ancien ministre des finances nous a lâchement abandonnés en quittant son poste pour comploter contre notre système.
Allait-il le tuer ? me demandai-je. Je continuai d'écouter.
-C'est pourquoi ces deux enfants devront participer à la 3e sélection malgré leur âge.
Je vis les visages des spectateurs marqués par l'incompréhension. Pourquoi punir cet homme en envoyant ces enfants dans l'arène ? Moi je compris et cela ne me plus pas. Cela confirmait que la sélection ne serait pas sans danger. Une autre porte s'ouvrit sur l'arène et deux enfants en sortir : un garçon de 10 ans et une petite fille de 8 ans environ. Je fus horrifiée, les pauvres tremblaient comme des feuilles.
Voilà le 8e chapitre un peu plus long que d'habitude. J'espère qu'il vous aura plu ^^