Finalement, je ne décida de sortir de ma chambre qu'en début de soirée, lorsque le ciel grisâtre eût laissé place à une nuit sans lune ni étoiles. Juste de la neige à n'en plus voir où nos pas nous mènent. Mon père n'a pas osé revenir cogner à ma porte depuis notre courte discussion quelques heures plus tôt. C'est à peine s'il ose faire du bruit, puisque je ne l'ai pas entendu depuis un bon moment. Il doit penser que je dors et ne souhaite pas me réveiller.
J'ouvris doucement la porte de ma tanière, hésitant un peu à faire face à la dure réalité de la situation. Je franchis enfin le seuil de ce grand bout de bois puis descendis une à une les marches de l'escalier. Au rez-de-chaussée, je tourna ma tête dans tous les sens afin de trouver mon paternel et de reprendre un semblant de Noël normal. Étrangement, je ne le vis nulle part où il serait à l'habitude. Désormais inquiet et douteux de la suite de cette découverte, quoique quelque peu préparé au dénouement de celle-ci, je m'aventura dans ma demeure trop silencieuse. Seulement après avoir vérifié toutes les pièces de la maisonnée, je n'eu d'autre choix que d'accepter le mur de béton qu'est la vérité: Mon père était partit.
Sans doute avec sa conquête..
Et sans son fils.
Le dégoût que je ressentis envers mon géniteur fût si grand que j'eu du mal à découvrir que je pouvais en ressentir autant envers celui-ci. Plus que seul et emplis de rancoeur, je m'écroula sur le sol afin de m'y asseoir, me tirant rageusement les cheveux.
Il m'a laissé tomber
-Tu m'as laissé tomber..
Sous le choque, je me releva sans un bruit et fit ce qui me sembla le plus naturel à faire un jour de Noël. J'ouvris le frigidaire et concocta une salade avec quelques ingrédients tous simples et la dinde que mon père avait acheté pour le repas de ce soir. De toute évidence, elle n'aura servit à rien puisqu'il ne reviendra fort probablement pas. Je mis le tout dans un énorme plat, emplis un grand thermos de chocolat chaud et jeta le tout dans un panier à pique-nique avec quelques couverts. Finalement, je m'habilla et ferma la porte à double tour derrière moi. Chris était avec sa famille ce soir alors je ne voulais pas le déranger. Je pris le premier bus que je vis, m'assied sur l'un des bancs puis attendit les quelques heures restantes à ce jour de fête. Lorsque plus personne ne remplit les sièges du transport en commun et que le chauffeur m'annonça la fermeture des lignes, je l'invita à prendre le repas avec moi. Il me regarda étrangement, comme si je venais de dire quelque chose d'horrible.
Puis, sans attendre, il se gara sur le bord de la route et monta le son de la radio sur le poste de chants de Noël. Nous échangeâmes un regard amusé puis d'un commun accord, étendîmes une nappe rouge et blanche sur un long banc. Puis, nous y étalons notre nourriture respective. Finalement, j'ai passé une plutôt belle soirée en compagnie du chauffeur de bus. Il me raconta sa vie, qui je trouve est plutôt bien chargée émotionnellement. Suite à un énième compliment sur ma salade, il m'a confié que ce soir il n'y avait personne qui l'attendrait chez lui pour lui faire de si bons repas. Ses proches l'attendent déjà à un endroit plus haut.
Le moment venu de partir, le dénommé Pierre me souhaita un joyeux Noël et me dit qu'il avait déjà hâte de me voir la prochaine fois. Je lui retourna les mots et partis du bus, le coeur plus léger qu'à mon arrivée.
Lorsque je passa ma clef dans la serrure de mon chez-moi, la porte s'ouvrit d'elle même à la volée.
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