Vacarme assourdissant. Aux oreilles de Jimin, les battements effrénés de son cœur et le bruit à la fois de ses pieds nus ainsi que de ceux de Jungkook derrière lui résonnent comme des grondements d'orage. Son esprit, laissant à son corps le soin de courir comme si sa vie en dépendait, ce qui est peut-être bien la cas, ressasse sans cesse la scène qui vient de se dérouler devant ses yeux hagards.
Après le dévoilement de son funeste tatouage, Jin s'est mis à rire, un horrible son dissonant qui grinçait dans les aigus, rendant l'air encore plus chargé d'une tension peu engageante. Il avait posé son regard rougeoyant sur Jimin qui avait tressailli, frappé de plein fouet par l'aura maléfique qui se dégageait du jeune homme aux cheveux roses. Ce n'était plus Kim SeokJin, mais une incarnation du péché même, ayant emprunté ses traits angéliques pour en faire le plus effrayant des monstres. Et Taehyung, figure de mauvais augure à ses côtés regardait quant à lui Jungkook, dont le visage avait considérablement pâli.
La confrontation s'était étirée, interminablement, jusqu'à ce que la tension soit insupportable. Et puis un cri, un seul mot et tout s'était accéléré. La voix de Hoseok avait résonné, forte et décidée, sans l'once d'une hésitation, avec un ordre que le corps de Jimin comprit même avant son esprit.
« Courez. »
Ses jambes s'étaient mises en mouvement et en un rien de temps il était aux pieds des escaliers, Jungkook sur ses talons. Et depuis il court, sans savoir où aller, il court pour sa vie ou du moins pour ce pâle simulacre de vie, pour fuir des ennemis aux visages pourtant si familiers. Il dérape à intervalles réguliers, ses jambes trop faibles supportant très mal cet exercice forcé mais le plus jeune à ses côtés arrive sans ralentir l'allure à le stabiliser et à l'aider à continuer d'arpenter les sombres couloirs, où l'air est toujours aussi glacial. Mais il leur est impossible de continuer à courir ainsi sans but précis, ils doivent trouver un endroit où se cacher, et vite. Des bruissements d'ailes se font entendre depuis un certain temps derrière eux, comme si Taehyung les poursuivait en utilisant ses sinistres appendices ténébreux pour aller plus vite, mais aucun des deux ne souhaite se retourner pour s'en assurer.
Jimin sent ses poumons brûler et sa tête lui tourner de plus en plus fort. Son corps commence à atteindre ses plus extrêmes limites, mais c'est la rage de vivre qui brûle dans sa poitrine, le forçant à mettre un pied devant l'autre, opiniâtrement. Soudain un porte s'ouvre sur sa gauche, à vrai dire il perçoit plus le mouvement plus qu'il ne voit vraiment le panneau de bois coulisser sur ses gonds mais il ne réfléchit pas, il se jette dans l'ouverture, percutant un corps fin et chaud tandis que derrière lui Jungkook entre et referme brusquement la porte, son souffle claquant dans l'air.
Jimin n'a pas le temps d'habituer ses yeux à la pénombre qui règne dans la pièce qu'il sent deux bras forts le soulever du corps sur lequel il était tombé, et le replacer sur ses pieds avant que le corps massif de son cadet se place devant lui, rempart contre la personne qui s'est redressée, assise sur la moquette. Le jeune homme aux cheveux argentés, les larmes aux yeux à cause de sa course, les poumons en feu, les jambes à deux doigts de s'effondrer sous lui n'arrive pas à savoir pourquoi Jungkook a réagi ainsi. Et puis une étrange lumière éclaire soudain la pièce, et il comprend.
Sa main vient agripper le dos du pull du plus jeune tandis qu'un gémissement de détresse force la barrière de ses lèvres. Ses yeux paniqués parcourent les tentures rouges qui s'étalent au mur, le lit noir aux rideaux écarlates, et surtout son nez se remplit de cette odeur qui ne lui inspire désormais que répulsion et dégoût. Penchant légèrement sa tête sur le côté pour voir à côté de l'épaule de Jungkook, son regard éclairci se pose sur la personne toujours assise au sol et soudain, il sait. Il sait d'où viennent les marques sur sa peau, la douleur dans son corps, ses hurlements dans la nuit. Effaré, il passe le bras autour de celui de son cadet, serrant de toutes ses forces pour évacuer l'intense vague de panique qui monte en lui.
Son bourreau est là, sa peau pâle brillant sous l'éclairage rougeâtre. Il a une mine épouvantable, son visage est marqué par la souffrance et les larmes, rouge autour des yeux et d'un blanc crayeux sur le reste de sa peau. Ses mains sont crispées sur ses genoux, tremblant compulsivement, et Jimin remarque quelques mèches noires encore accrochées à ses longs doigts fins. Le musicien paraît s'être arraché des cheveux dans un élan de folie destructrice. Ce n'est plus un homme devant lui, ni le monstre de la soirée d'avant, c'est une âme détruite, une plaie ouverte et son cœur hurle de le voir ainsi, allant chercher dans un coin soigneusement cloîtré les sentiments qui n'avaient pas été annihilés par le cauchemar qu'il lui avait fait vivre.
Il sent Jungkook trembler contre lui, et il sent à nouveau comme lorsque Taehyung s'était absenté la sourde colère qui habite le jeune homme, péché partagé entre deux âmes indistinctes. Il ne sait même pas si Yoongi a conscience qu'il est en danger de mort, le plus jeune paraissant prêt à l'étrangler de ses propres mains.
« Toi, déclare Jungkook entre sa mâchoire serrée, ce simple mot faisant se recroqueviller son aîné au sol, comme s'il avait reçu un coup.
- Ji-Jimin... gémit Yoongi, relevant ses yeux veinés de rouge vers le jeune qui sert d'autant plus fort le bras de l'autre. Je suis dé-désolé je ne vou-voulais pas pas faire ça il..c'était trop fort je-je n'ai pas pu résister..chevrote-t-il en faisant mine de s'approcher, ses mains ensanglantées,sûrement à force d'avoir frappé contre une surface dure, agrippant la moquette pour le tirer en avant.
- Tu ne t'approches plus de lui, intervient Jungkook en repoussant encore un peu Jimin derrière lui. Tu ne le regardes plus, tu ne lui parles plus, tu ne penses plus à lui sinon je te tue Yoongi, tu as compris ?
- Jimin, je suis tellement désolé, se contente de gémir Yoongi, des larmes coulant à flot sur ses joues abîmées. C'était pas moi hier c'était l'autre, je t'en supplie ne me laisse pas..
- Mais tais-toi bon sang ! Hurle soudain le plus jeune des trois, son poing se serrant à un point tel que ses jointures deviennent blanches. Tu l'as violé, tu entends ? Tu l'as souillé jusqu'au plus profond de son être, et maintenant tu lui demandes de t'excuser ? Nous sommes tous marqués par le péché ici Yoongi, ça n'excuse rien. »
Le musicien va répliquer, ses sanglots lui coupant à moitié la respiration quand la porte derrière Jungkook et Jimin s'ouvre soudainement, s'écrasant contre le pan du mur tandis que se profile la silhouette de l'ange noir, le visage neutre et lisse, à part un effrayant sourire qui décore ses traits fins. Jungkook n'hésite qu'un instant avant de faire volte-face en entraînant le plus petit avec lui, le protégeant cette fois de Taehyung.
« Je vous ai trouvé, déclare le blond d'un ton neutre, son sourire artificiel ne bougeant pas d'un poil quand il parle. Le maître est en bas il ne faudrait pas le faire attendre, continue-t-il en avançant d'un pas, rentrant complètement dans la pièce. Il peut ainsi à nouveau étendre ses ailes qui se déploient, à la fois majestueuses et abominables dans la pièce rouge et noire qui renferme déjà nombre de réminiscences d'immondes actes nocturnes.
- Taehyung, je sais que tu m'entends, commence Jungkook, écartant doucement les bras comme pour embrasser son âme sœur qui se tient à trois pas, mais dont l'esprit est à mille lieues d'ici. Jimin va te réfugier dans la salle de bain, intime-t-il doucement sans se retourner à son aîné toujours accroché à son bras.
- Jungkook je ne vais pas te laisser.. proteste timidement le jeune aux cheveux d'argent, resserrant sa prise.
- Jimin je t'ai promis que je te protégerai, alors maintenant tu vas te mettre à l'abri c'est compris ? »
Le plus vieux n'essaie pas de lutter. Il a peur, extrêmement peur quant à l'issue du combat qui semble à chaque instant encore plus inévitable, mais il doit laisser à Jungkook son propre libre arbitre. Alors avec lenteur il se détache du corps pourtant si rassurant de son cadet et recule d'un pas, n'osant pas quitter du regard l'ange noir qui les regarde presque curieusement, sans esquisser ne serait-ce qu'un mouvement. Il recule un pas, puis deux, et enfin se retourne complètement pour courir vers la salle de bains, dont la porte entrouverte semble l'appeler. Il l'ouvre d'une main tremblante mais avant qu'il ait pu se retourner pour la refermer une personne se jette dans l'ouverture, dérapant sur le carrelage pour s'étaler misérablement par terre, ayant utilisé le peu de forces qu'il lui restait pour suivre Jimin. Ce dernier se retrouve donc bloqué avec l'objet de tous ces cauchemars dans une pièce qui ne constitue qu'un refuge illusoire, spectateur obligé d'une lutte que rien ne peut désormais empêcher.
Les deux amants se tournent autour au milieu de la pièce, marchant lentement en cercle, se jaugeant du regard. La tension monte, monte, jusqu'à atteindre son paroxysme, jusqu'à ce que Jungkook se jette soudainement en avant, heurtant le corps de Taehyung qui ne bouge pas d'un pouce, refermant ses bras autour du corps de son cadet. Et le combat commence. Mais personne n'arrive à définir s'il s'agit d'étreintes à mort ou de retrouvailles à vie. Les corps s'entrechoquent, s'entremêlent, les coups fusent sans se ressembler, ils s'éloignent, se rapprochent, s'attirent, se repoussent en une danse macabre éblouissante. Les ailes de Taehyung virevoltent, cachant parfois la scène aux yeux effarés de Jimin agenouillé devant la porte entrebâillée, ce dernier ayant presque oublié Yoongi toujours recroquevillé au sol derrière lui, respirant difficilement. Dans ces moments où son regard est aveuglé par les plumes sombres, il pourrait presque croire que les deux s'échangent des baisers brûlants, pudiquement dissimulés par le panache ténébreux. Mais c'est bien du sang qui fuse de l'arcade de Jungkook, alors que l'ange noir paraît ne pas être blessé.
Un contact sur sa main fait sursauter le jeune aux cheveux argentés qui détourne le regard du combat pour voir Yoongi sur le ventre derrière lui, sa main tendue pour s'agripper à ses propres doigts. Le contact devrait le dégoûter, mais il a l'air si misérable, si atteint, presque dément de douleur qu'il renonce à le repousser. Le musicien lève les yeux vers lui et dans la pénombre Jimin voit que des larmes curieusement rouges dégoulinent désormais de ses yeux. Son visage fait douloureusement se contracter son cœur, le pianiste paraît être mourant, et ce n'est pas ce qu'il veut, non. Il veut des explications, il veut comprendre pourquoi il a osé lui faire ça. Il veut lui hurler dessus, le secouer dans tous les sens, il veut lui renvoyer sa fichue luxure à la tête. Mais il ne peut pas, pas comme ça.
« Jimin je suis tellement désolé.. soupire Yoongi en tremblant, s'accrochant aux doigts de l'autre comme à une bouée de sauvetage.
- Je sais Yoongi mais ça ne change rien à ce que tu as fait, répond doucement Jimin d'une voix ferme. Sa force est revenue, pas complètement annihilée par les actes infâmes, et réactivée par la situation d'urgence. Même son corps sait à quel point les événements sont critiques.
- Ce n'était pas moi, ce n'était plus moi ce soir-là je t'en supplie tu dois me croire, hoquette-t-il, un filet de bave teintée de rouge s'échappant de sa bouche. C'est l'autre, je n'ai pas su me contrôler, tu l'as réveillé, complètement réveillé, et je n'ai pas su résister je lui ai laissé la place je n'aurais pas dû jamais je n'aurais fait ça s'il te plait tu dois me croire je t'en supplie je t'en supplie, continue-t-il avec empressement, les mots sortant à toute vitesse de ses lèvres maltraitées par ses dents d'ivoire.
- Calme-toi ce n'est pas le moment Yoongi, pas du tout le moment, répond Jimin de sa voix la plus posée, sa main serrant à son tour les doigts tremblotants de son aîné, dans l'espoir de l'apaiser un peu. »
Et pendant qu'il caresse doucement le dos de la main pâle agitée de soubresauts, il pense à quel point le manoir devient fou. Les positions s'inversent, l'amour devient haine, les amants de toujours là dehors se mènent un combat à mort, et lui est là, à consoler son bourreau. Que cette vie est étrange. Mais les bruits de lutte s'intensifient, et il reporte son attention sur Taehyung et Jungkook qui sont une fois de plus enlacés dans une étreinte mortelle, tandis que sous ses doigts Yoongi s'apaise, jusqu'à l'arrêt de ses tremblements.
De là où il est, Jimin voit le bras du cadet passer derrière l'autre et agripper une de ses ailes, tirant ensuite jusqu'à ce qu'un horrible craquement résonne dans toute la pièce. Il a réussi à arracher une aile de l'ange déchu, et le hurlement que pousse ce dernier tandis que son appendice tombe au sol est à glacer le sang. Le sol se met soudain à trembler, comme si la fureur qui anime les traits du blond se répandaient dans tout le manoir, serpentant dans les murs et glissant au sol tels des serpents monstrueux, et un tourbillon de plumes noires s'élève soudain, enveloppant les deux amants ennemis. Quand l'agitation retombe, Jungkook est au sol, il ne bouge plus. Un filet de sang dégouline de sa bouche entrouverte, et ses yeux tournés vers Jimin semblent s'excuser, avant que la lueur dans ces orbes sombres s'éteignent et qu'il s'évanouisse, terrassé. La colère a vaincu la paresse, le péché a pris le dessus sur l'amour.
Mortifié Jimin tressaille quand les traits déformés de Taehyung se tournent vers lui, l'ange à l'aura maléfique commençant à avancer, visiblement affaibli par la perte de son aile, du sang d'un noir sale dégoulinant derrière lui. D'un pas traînant il se dirige vers la salle de bain, l'autre aile pendant misérablement, frottant le sol en produisant un crissement désagréable tandis que le jeune aux cheveux argentés recule de la porte, sa main toujours dans celle de Yoongi qui paraît être complètement évanoui. Assis sur le sol il pousse sur ses jambes, entraînant le musicien avec lui, mais il se retrouve très vite bloqué par le mur du fond, obligé de s'y adosser, tirant sur la main de l'inconscient pour le rapprocher encore de lui.
Et c'est ainsi que Taehyung les trouve quand il ouvre en grand la porte, Jimin avec Yoongi dans les bras, pour le protéger. Il essaie de supplier mais il comprend que ses paroles n'atteignent pas le blond. Celui-ci est entièrement prisonnier du vice, esclave de Jin et de son péché, et la main de Yoongi dans la sienne est la dernière chose dont il sent la présence avant qu'un coup sec sur sa tête l'envoie dans les méandres de l'inconscience.
Tu te prépares, passant une dernière fois ta main dans tes cheveux teints en vert menthe avant de quitter ton reflet dans le miroir et de sortir de ton appartement en claquant la porte, rangeant tes clés dans la poche intérieure de ton blouson en cuir. Tes pieds te mènent presque automatiquement à l'endroit qui est presque devenu ta seconde maison, le quartier des bars et surtout ses ruelles les plus obscures qui abritaient nombre de tes endroits de prédilection, aux noms aussi sombres que ce qu'ils accueillaient en leur sein.
Ta vie n'était pourtant pas comme ça il y a quelques mois. Jeune étudiant en musique dans une université, tu avais fait la rencontre d'un garçon adorable, et vous aviez fini par sortir ensemble, enchaînant nombre de bowlings et de cinémas avant d'enfin un soir dans sa voiture coucher ensemble. Première fois pour toi comme pour lui, moment de tendresse intime pour lui, révélation pour toi. Tu avais voulu recommencer au plus vite, et très vite votre relation devint presque exclusivement des rencontres entre vos deux corps. Tu n'étais jamais complètement satisfait. Vous vous retrouviez dans les toilettes de la fac, dans sa voiture à nouveau, il t'adorait, voulait te rendre heureux et toi tu voulais son corps, tout le temps, beaucoup trop souvent en fait. Un jour il t'a quitté, pleurant toutes les larmes de son corps. Toi tu n'as pas pleuré, tu t'es mis en quête d'une nouvelle proie pour satisfaire tes appétits sexuels démesurés.
Cela te semblait presque comme un besoin, mais en réalité c'était juste de futiles envies, quelque chose que tu aimais par dessus tout. Les gémissements et les cris de jouissance résonnaient comme une musique à tes oreilles, les visages crispés de plaisir et les corps cambrés étaient à tes yeux les plus beaux, et l'odeur de luxure qui flottait dans ta chambre à chaque session te ravissait les sens. Tu as commencé à sortir tous les soirs, ramenant une, voire deux ou même trois personnes. Des hommes, des femmes, des jeunes, des moins jeunes, tout te plaisait, et toi tu plaisais à tout le monde. Et puis une fois que les bars traditionnels t'ont lassé, tu as commencé à fréquenter les bas-fonds, les bars secrets dont l'existence ne s'apprenait que par le bouche-à-oreille, aux pratiques peu communes. Mais à tes yeux ce n'était qu'un jeu de plus, un moyen supplémentaire pour vivre ta passion pour les corps brûlants et les draps froissés.
Tu t'es essayé aux pratiques les plus dépravées, tu as entendu une ribambelle de surnoms gémis, criés, suppliés, tu as dominé, attaché, mordu, léché, caressé, toutes les nuits, pendant des mois. Tes proies étaient faciles à avoir, telle une araignée tu connaissais tous les pièges pour les attirer dans ta toile, et une fois la chaude langueur de la nuit remplacée par le froid timide du jour tu chassais toute trace de ces jouets d'un soir de chez toi. Tu avais perdu tous tes amis, repoussés par ton mode de vie mais tu n'en avais cure, tant que tu avais quelqu'un dans ton lit peut t'importait le reste. Avec le temps tu étais devenu aussi froid que la glace de l'extérieur, ne laissant aucun sentiment t'influencer dans la sélection de tes proies. Brûlant la nuit, glacial le jour, tel était ton credo. Mais toujours dans le respect de l'autre, toutes tes victimes étaient pleinement consentantes, ainsi le plaisir était encore meilleur car partagé.
Enfin, jusqu'à ce jour. Tu viens de quitter ton appartement, passant devant la vitrine d'un café quand une personne à l'intérieur attire ton attention. C'est un serveur d'après sa tenue, et tu sens ton bas-ventre gronder d'envie rien qu'à la vue de sa silhouette fine et élancée. Ses cheveux noirs retombent légèrement sur son front, et ses yeux rehaussés d'un trait d'eyeliner noir bougent dans tous les sens, tandis qu'il déambule d'un pas élégant dans le petit restaurant de quartier. Ça y est, tu as trouvé ta proie de cette nuit. Tu rentres, il t'accueille avec un sourire éclatant, et te conduis poliment à une table. Tu ne perds pas de temps, le dévisageant ouvertement de ton regard de braise, et tu réprimes un sourire en le voyant rougir et baisser les yeux. Un timide, comme tu les aime. Ce sont ceux qui crient le plus fort au lit.
Tu ne jettes qu'un coup d'œil à la carte, commandant la première chose que tu as vu. Tu ne quittes pas le serveur du regard, et pendant que tu mâches tes nouilles insipides jamais tu ne le perds de vue. Tu l'appelles plusieurs fois pour lui demander quelque chose, juste pour le voir de plus près, et tu finis par lui demander d'une voix légèrement plus grave qu'à l'accoutumée à quelle heure il finit. Il te le dit, toujours aussi timidement, et tu joues alors l'homme sous le charme, minaudant et miaulant que tu allais l'attendre. Tu rajoutes que tu serais ravi d'à ton tour lui servir un verre dans ton appartement, et il t'offre en réponse son prénom du bout des lèvres avant de faire volte-face, sûrement pour aller raconter ce qui vient de se passer à un ami en cuisine.
Décidément ta soirée s'annonce bien, ça fait très longtemps que tu n'as pas gagné une âme aussi pure et innocente, que tu vas te faire un plaisir de pervertir. Enfin c'est son heure de sortie, tu le vois réapparaître en civil, toujours aussi mignon. Jouant l'homme galant, tu lui ouvres la porte, et tu marches vers ton appartement, une main légère posée dans son dos tandis qu'il babille, te racontant nombre de choses dont tu n'as strictement rien à carrer, mais tu te forces à l'écouter tandis que ton esprit se demande déjà quelle voix il a quand il gémit, où sont ses zones érogènes et quelle position sera la mieux pour lui faire voir les étoiles. Un peu plus tard installé dans le salon avec un verre de bière dans les mains, la boisson la plus alcoolisé que le jeune serveur a bien voulu accepter, il a le regard fixé sur ses mains, ton regard de feu sur sa personne. Doucement tu te rapproches, pour ne pas le brusquer, et puis enfin tu l'embrasses. Il répond, maladroitement, il doit être novice, tu adores ça, tu n'as plus l'habitude d'agneaux aussi innocents.
Tu lui enlèves le verre pour mieux l'embrasser, tandis que tes mains s'emballent, commençant à parcourir son corps. Mais arrivé à sa braguette c'est une de ses mains qui te stoppe, tandis qu'il se détache et qu'il murmure qu'il n'a jamais fait ça avec personne. Attendri tu l'embrasses à nouveau doucement, lui prenant la main et te levant en l'entraînant vers ta chambre. Là tu le pousses gentiment sur le lit, pour te coucher sur lui, s'attaquant à son cou. Mais tu le sens se tendre à nouveau et te repoussant, répétant que c'est trop tôt, qu'il te connaît à peine et qu'il n'a jamais fait ça. Il commence à t'énerver, d'habitude personne ne te résiste, alors tu te recouches sur lui mais il commence à s'agiter, frottant inconsciemment contre ton membre, t'excitant encore plus. Tant pis, il l'aura voulu, et quand il se retrouve attaché aux barreaux du lit, nu, et qu'il pleure, tu es tellement loin dans le plaisir que tu ne te rends pas compte de la portée de tes actes. Pas plus que quand tu le pénètres avec un grognement et qu'il hurle de douleur, appelant sa maman tandis que tu le pilonnes, satisfaisant tes désirs les plus sombres.
Ce n'est que de longues heures plus tard que tu détaches ses poignets meurtris et qu'il tombe du lit, ses longues jambes trop faibles pour supporter son poids tandis qu'il essaie de fuir, à moitié nu et souillé. Tu reprends quant à toi doucement ton souffle, mais soudain quelque chose affleure à ton esprit encore étourdi par le bouillonnant plaisir qui t'a assailli. Techniquement, tu l'as baisé sans son consentement, et il peut donc t'attirer des ennuis. Et ce foutu Dieu seul sait comme tu tiens à ta tranquillité. Soufflant tu te relèves et le retrouve dans le salon, essayant d'enfiler ses chaussures malgré la douleur qui doit marteler le bas de son dos. Son regard est terrifié, assis par terre il se recule vers le mur en tendant les mains devant lui pour se protéger, en te suppliant de ne pas t'approcher.
Tu t'avances quand même en lui demandant de se taire, mais il se met à crier. En un rien de temps tes mains sont sur lui, une sur sa bouche pour étouffer ses cris et l'autre sur son cou, bloquant son accès à l'air. Il suffoque, ses mains agrippent le t-shirt que tu as enfilé à la va-vite. Mais il ne veut pas se calmer malgré tes injonctions, et ça t'énerve. Alors tu serres plus fort, et il finit par se taire, son corps retombant sans vie par terre tandis que ses yeux désormais vides et froids semblent t'accuser de leur perte.
La réalité te frappe tout d'un coup et tu t'effondres à ton tour, prenant conscience de ce que tu viens de faire. Tu as violé un homme, et tu l'as tué. Tu as souillé son âme, et tu l'as détruite. Tu regardes tes mains qui tremblent violemment, tes mains meurtrières, tu as envie de te les arracher, de jeter au loin les preuves de ce crime si horrible. Tes jambes s'agitent, tu te relèves, tu glisses, tu rampes à moitié jusqu'à la chambre, effectuant des mouvements erratiques jusqu'à trouver ce que tu cherchais. Ça t'apaise de savoir quoi faire, tu as vécu dans le feu, tu vas mourir dans le feu. Alors tu prends le corps lourd de ce petit agneau, va l'allonger sur le lit, remettant ses mèches de cheveux en place. Tu ne résistes pas à embrasser ses lèvres charnues une dernière fois, après tout c'est ton compagnon pour l'éternité désormais. Et puis ensuite tu vas chercher le jerrican d'essence qui était planqué dans un coin de ton appartement, que tu gardais précieusement pour ta moto que tu avais dû vendre pour financer tes expéditions nocturnes. Tranquillement, presque tendrement tu en répands partout dans ta chambre, arrosant même avec précaution ton petit chéri qui paraît juste endormi dans les bras froissés. Une fois le récipient vide tu vas t'allonger avec l'agneau noir, te blottissant contre lui avant d'allumer le briquet d'un coup sec, embrasant pour une dernière fois ta vie, goûtant sans le savoir aux prémices de l'Enfer.
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Bonsoir à tous ! Déjà surprise, pour ceux qui auraient vu mon rb j'ai posté aujourd'hui en m'excusant pour le manque de publications sur cette fiction, et finalement me voilà ! J'ai cru que je ne viendrais jamais à bout de ce chapitre, et finalement ce n'est pas la fin qui m'a gêné mais le début, la course et tout ainsi que la confrontation avec Yoongi..
D'ailleurs qu'en pensez vous de ce Yoongi ? Pourquoi s'acharne-t-il à dire que ce n'était pas lui ? Et la réaction de Jimin ? Le combat ? La révélation de l'histoire d'un autre personnage ?
Comme vous l'avez constaté, la situation ne s'arrange pas vraiment pour nos personnages. Le prochain chapitre sera le dernier. Ou pas, je n'ai pas encore décidé, mais comme désormais je n'ai plus de limites de mots (ce chapitre fait bien plus que 4000 mots, pour vous donner un ordre d'idées au tout début je m'étais fixée 2000 mots comme limite, on peut dire que je ne suis pas très constante aha)
Ah oui je voudrais remercier les personnes qui m'ont d'ores et déjà envoyé des questions, j'avais vraiment peur de faire un gros flop alors merci à vous, vous pouvez bien sûr continuer à poser vos questions qu'elles concernent la fiction en général, le processus d'écriture ou alors un aspect très précis, il suffit de le préciser en commentaire avec le hashtag #AskTSM.
Bon voilà il ne me reste qu'à vous souhaiter une bonne nuit, journée (rayez la mention inutile) et je vous fais pleins de bisous.
Alex, auteur qui vous aime.