« Il est fort dangereux de sortir de chez soi, on prend la route et si on ne regarde pas où l'on met les pieds, on ne sait pas jusque où cela peut nous mener. »
Le lendemain matin, c'est moi qui réveille tout le monde à l'aube, n'ayant pas dormi. La plupart des Nains semblent effrayés face à la journée qui les attend, ce que je peux comprendre. Et encore, ils ne savent pas tout.
De bon matin, j'attrape ma jument et finis de la seller avant de le brosser une dernière fois et de monter sur son dos. Je rejoins ensuite le Magicien et le Changeur de Peau qui discute à l'écart des Nains. Je descends de ma monture et écoute leur discussion. J'ai l'impression que notre hôte, Beorn, me regarde comme si j'étais quelqu'un d'important et cela me gêne.
-Vous renverrez mes poneys avant d'entrer dans la forêt.
-Vous avez ma parole, renchérit l'Istari.
-On nous observe, déclarais-je après que des corbeaux nous aient survolé.
-Oui. Les Orques ne renonceront pas. Ils poursuivront les Nains jusqu'à ce qu'ils les voient mourir.
-Pourquoi maintenant ? Pourquoi le Profanateur est-il sorti de son trou ?
-Il y a une alliance entre les Orques de la Moria et le Sorcier de Dol Guldur, nous apprend le Changeur de Peau.
-En êtes-vous sûr ? demandais-je en croisant les bras, adossé contre un arbre.
-Des ordres se sont rassemblés là-bas, ils sont chaque jour plus nombreux.
-Que savez-vous de ce Sorcier ? Celui qu'on appelle le Nécromancien ?
-Je sais qu'il n'est pas celui que l'on pense. Des créatures malfaisantes sont appelées pour le servir. Azog lui rend hommage.
-Gandalf ! Nous perdons du temps, s'écrit Thorin en posant son regard sur moi.
-Encore une chose, continua Beorn avec sérieux. Récemment, le bruit a couru qu'on avait vu des morts marchés du côté du mont d'Urudor.
-Des morts ?
-Des esprits. Y a t-il des tombes dans ces montagnes ?
-Oui, oui il a des tombes là-bas, répond finalement le Mage après quelques secondes d'attente.
-Je me souviens d'un temps ou un être maléfique régnait sur ces terres, intervenais-je en me tournant vers le Changeur de Peau. Un être au pouvoir assez puissant pour ressusciter les morts.
-C'est ce que je pensais, reprit Beorn. Si cet ennemi est de retour en Terre du Milieu, il faut me le dire.
-Saroumane Le Blanc dit que ce n'est pas possible. Notre ennemi a été éliminé et il ne reviendra jamais, rétorqua l'Istari.
-Et Gandalf Le Gris, que dit-il ? demandais-je.
Le Magicien allait répondre mais de nouveaux cris de corbeau résonnent, encore plus près de nous cette fois.
-Partez maintenant, il fait encore jour. Ceux qui vous traquent ne sont pas très loin, conseille Beorn alors que des cris de Warg se font entendre au loin.
Face à ses paroles, je monte sur mon cheval, tout comme Gandalf, et nous rejoignons les Nains et le Hobbit qui sont eux déjà prêts. Je remercie le Changeur de Peau d'un hochement de tête qu'il me rend avant que nous ne partions au galop, moi la première, ayant la meilleure monture.
Mon cheval profite de pouvoir galoper aussi vite depuis longtemps, surtout en ma compagnie. Nous nous élançons vers la grande ombre que forme la Forêt Noire au loin. J'attrape les rênes de ma jument et monte debout, sur son dos, pour observer le paysage et chercher nos ennemis au loin. Ils ne sont pas encore là, mais cela ne va pas tarder. Nous serons rentré dans la forêt avant qu'ils n'arrivent.
-Faites attention à vous, Dame Daenerys ! conseille Ori.
-T'inquiète pas mon vieux, elle gère, crie Kili un peu plus loin.
-Aucun signe des Orques, annonçais-je à mes compagnons.
Nous voilà bientôt arrivé l'orée de la Forêt Noire. Quand je m'en rapproche, je peux ressentir la froideur et la souffrance des arbres. Un frisson me parcourt et comme je le pensais, je ressens que cette forêt n'est pas du tout saine. Gandalf est le premier à descendre de sa monture pour s'avancer vers un autel de pierre à l'entrée de la forêt mystérieuse.
-La porte des Elfes, c'est qui ici que commence le sentier qui traverse la Forêt Noire. Libérez les poneys, qu'ils retrouvent leurs maîtres ! ordonne le Magicien.
Je descends de ma jument avant de l'observer. Elle ne peut venir dans cette forêt, elle doit retourner avec Beorn.
-Je suis désolée, commençais-je en la caressant alors qu'elle me regarde tristement avant de partir.
-Cette forêt semble malade, constate Bilbon en observant les arbres d'une couleur peu commune.
-Et pourtant elle était magnifique autrefois, soufflais-je en observant à mon tour les bois.
-N'y-a-t-il pas un moyen de la contourner ?
-Si, en faisant un détour de 200 miles par le Nord, ou bien le double de cette distance par le Sud, annonçais-je en croisant les bras.
-Pas mon cheval, j'en ai besoin ! s'écrit le Magicien à Nori qui était en train de desseller le cheval concerné.
-Vous allez nous quitter ? m'exclamais-je aussitôt. Cette forêt est dangereuse, trop dangereuse, assurais-je en elfique pour qu'il reste avec nous.
-Si je vous laisse, c'est que j'y suis contraint.
Face à ses paroles, je comprends aussitôt de quoi l'Istari parle. Le Nécromancien et plus précisément, le Mont du Rhudaur. Le Magicien veut savoir si les gens enterrés là-bas ont bien été réveillé, du moins leurs esprits. Si cela s'avère vraie, cela ne veut dire qu'une seule chose, que Sauron est de retour.
-Emmenez Drogon avec vous, il vous aidera dans votre quête, déclarais-je en caressant le museau de mon Dragon.
-En êtes-vous sûr ? demande le Magicien.
-Certaine. Drogon n'a pas sa place dans une forêt et surtout celle-là.
-Bien, alors il viendra avec moi.
-Mon cher Dragon, nous nous retrouvons au pied de la Montagne le jour de Durin, chuchotais-je en prenant sa tête entre mes mains. Prends soin de Gandalf, j'ai confiance en toi.
-Vous avez changé Bilbon, vous n'êtes plus le Hobbit qu'on a vu quitter son village, fit Gandalf au semi-homme.
-J'allai vous en parler. J'ai trouvé quelque chose dans les tunnels des Gobelins, déclara le petit homme fièrement.
-Trouvé quoi ?
Mais alors que le semi-homme allait parler, il finit par se rétracter, ne préférant pas le dire. Je me demande bien ce qu'il cache.
-Mon courage, finit-il par dire.
-C'est très bien, vous en aurez besoin, assure le Magicien en me lançant un regard.
L'Istari vient ensuite se rapprocher de moi et mettre sa main sur mon épaule avant de venir me murmurer ces paroles :
-Daenerys, je suis désolée de partir, comme vous le savez j'en suis obligé. Prenez soin des Nains et surtout, soyez prudente dans cette maudite forêt.
-C'est une mission importante que vous avez à accomplir, Mithrandir. Je crois en vous.
-Comme moi je crois en vous, Daenerys, Mère des Dragons.
-C'est un honneur, répondais-je en souriant faiblement.
L'Istari me sourit une dernière fois avant de s'éloigner et de monter sur son cheval, définitivement prêt à partir.
-Je vous attendrais sur le promontoire, face au versant Sud d'Erebor. Gardez la clé et la carte en lieux sûr et ne pénétrez pas dans cette montagne sans moi. Et surtout, écoutez les conseils de Daenerys.
Le chef Nain acquiesce alors que Gandalf s'en va sur cette dernière phrase, suivi par mon Dragon qui me regarde une dernière fois avant de partir. Je le regarde partir rapidement alors que les Nains commencent à avancer vers la forêt. J'ai peur pour mon Dragon, mais c'est le bon choix. Et puis, nous nous reverrons, c'est certain.
-Attendez, intervenais-je alors que tout le monde se tourne vers moi. Ce n'est plus le Vert Bois d'antan. Il y a une rivière dans ses bois qui a été soumise à un enchantement, surtout ne touchez pas l'eau. Dans cette forêt, l'air même est bercé d'illusions. Elle vous troublera l'esprit. Restez sur le sentier des Elfes et ne le quittez surtout pas, si vous le quittez vous ne le retrouvez jamais, nous serons alors perdu.
Tous les Nains acquiescent, la plupart sont effrayés et d'autres gardent la tête haute, comme Dwalin et Thorin. En parlant de ce dernier, il est en train de me fixer. Après ce qui s'est passé hier soir, je me demande bien où en est notre relation. Mais bon, ce n'est pas le moment pour ça. Nous commençons à pénétrer dans la forêt.
-À vos ordres ma Reine, s'écrit Kili avant de poser son bras sur mes épaules.
-Merci mon Roi, rétorquais-je en souriant, sous son regard amusé.
Face à ses paroles, le chef Nain, qui se trouve à l'avant, se retourne vers nous d'un visage meurtri.
-Trêve de plaisanteries, dit-il finalement avant de se retourner.
Le brun à mes côtés me relâche et me donne un coup de coude amical alors que son frère Fili se retourne vers moi avant de faire des cœurs avec ses mains.
-Bande d'idiots, soufflais-je en souriant.
Nous marchons depuis des heures. Du moins je crois. Je ne saurais dire si nous marchions que depuis quelques secondes, de futiles minutes, des heures ou bien des années. Le temps dans cette forêt se montre à la fois rapide et lent, troublant tous mes sens, et pas seulement les miens. Tout le monde est fatigué, même moi qui suis épuisé de toute cette magie noire. Thorin et son bras droit Dwalin se tiennent toujours devant, tous les deux déterminés, malgré la fatigue.
Nous suivons le chef Nain sur le sentier mais au bout d'un moment, les Nains commencent à douter de la route à prendre. J'ai comme l'impression de tourner en rond dans un labyrinthe sans fin. Ma tête me fait mal.
-De l'air, j'ai besoin d'air ! se plaint Glóin.
-On a trouvé le pont, s'écrit Nori.
Mais alors que nous avançons vers le fameux pont, nous découvrons qu'il est cassé, brisé en deux. L'écart est trop prononcé, enfin du moins pour les Nains et l'Hobbit.
-On pourrait traverser à la nage ? suggère Bofur.
-Je vous l'ai dit toute à l'heure, cette eau est enchantée, intervenais-je en me rapprochant au plus près des eaux.
-Elle n'a pas l'air si enchanté que ça, rétorqua Ori.
-Il faut trouver un autre moyen de traverser, déclara sagement Balin en se posant à mes côtés.
-Ces branches ont l'air solides, vous pouvez traverser avec leurs aides. Moi, je peux sauter. Je vous aiderai si vous avez du mal, déclarais-je finalement.
-Bonne idée, le plus léger en premier, ordonne Thorin en lançant un regard à Bilbon.
Je prends mon élan et saute jusqu'à l'autre bout du pont tel un chat. C'est plutôt pratique d'avoir du sang Elfe, et surtout d'une puissante Elfe du nom de Rhaella. Je porte mon attention sur l'eau de la rivière qui se trouve être marron. J'ai comme une envie de vomir et cette envie s'accentue quand je ressens la magie noire enfouie dans ces eaux. Je relève les yeux pour fixer notre cambrioleur marcher lentement sur les branches qui pendent, l'air peu rassuré.
-C'est bon, il n'y a aucun problème, dit-il quand il commence à se stabiliser.
Mais tout d'un coup, le semi-homme perd l'équilibre et glisse mais réussit à se maintenir autour de la branche. Le voilà la tête et les bras en bas, seulement par ses jambes qui serrent la branche.
-Il y en a un ! Mais tout va bien...
-Bilbon ! m'exclamais-je.
J'attrape mon épée et la tiens à l'envers par sa lame, quitte à me couper. Je tends l'arme à mon ami, voulant l'aider à se relever. Mais le semi-homme n'attrape pas la perche que je lui tends, le regard perdu dans les eaux. Il semble observer son reflet. C'est bien ce que je disais, l'eau de cette rivière est enchanté.
-Bilbon, réveillez-vous ! criais-je plus fort.
Face à ce haussement de voix, le cambrioleur semble se réveiller, secoue sa tête et me lance un regard. Heureusement, mon ami finit par attraper la poignée de mon épée et me rejoindre sur le bout restant du pont en sautant, s'écrasant tête la première malgré l'aide que je lui proposais.
-Quelque chose ne va pas, ça ne va pas du tout, souffle-t-il alors que je l'aide à se relever.
-Restez où vous êtes ! hurlais-je à l'intention des Nains.
Mais malheureusement, il était déjà trop tard. Tous les Nains étaient en train de traverser, tous en même temps.
-Mais quel bande de d'idiots, lâchais-je en aidant Bilbon à se relever.