Anthologie de la fin

By DonnySeanTea

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Hélène écrit ce qu'elle se rappelle d'une apocalypse de zombie. (fanfiction TWD) More

La faim
Dimanche
Bonjour, mon petit cochon
Maison
Chris
Casse-croûte
Fièvre
Elle frappe à ta porte
Si je ne suis pas morte, c'est donc que je suis vivante
Cadavre
La dent creuse
Problème de foie
La deuxième histoire
Entre-deux
Papier
Cochon pendu
Deux jambes, deux bras
Merde
Sans tête
Fil de pêche
Sésame, ouvre-moi
Linceul
Main à la pâte
Fleur de soufre
Rugbyman de porcelaine
Coquelicots
Infirmière en carton
Incendie
Bouts de ficelle
Course contre la montre
Roue brisée
Poids mort
Le chat de Schrödinger
Tous cousins
Beth, Maggie et moi
Deux chemins
La meilleure des amis
Les joies du nucléaire
Tu n'es plus la seule
Dernier sacrement
Petite grippette
Pré tendre
Fenêtre ouverte
Perdre la tête
Loué soit-il
Deuxième mère
Sang et lait
Bons baisers
Amen
Attrape-rêve
Notes de l'auteur

Fin de l'histoire

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By DonnySeanTea

Je ne me rappelle plus nos derniers mots. Je crois bien que nous avions arrêter d'en utiliser ; qu'on ne se pensait même plus. Au fond, c'était un peu comme revenir aux premiers stades de notre amitié, quand nous étions trop petits ; trop innocents pour parler. Il suffisait alors d'un regard, d'une caresse.

Quand je le revois, après presque six mois d'absence, c'est tout ce qu'ils nous restent. Je cours m'effacer dans ses bras, embrasser ses oreilles, tirer ses cheveux pour m'assurer de leur réalité. Il est vivant et il est bon. Je le vois dans ces yeux clairs, apaisés, apprivoisés. C'est le Chris du début ; celui qui prend ses médicaments ou qui a appris à bien s'en passer. Je m'endors debout dans ses bras.

- Cétait un accident, je murmure. Elle était là depuis six jours. Je voulais seulement la prendre dans mes bras, je promets.

- Qu'est-ce qui s'est passé ?

Il parle ! Je le repousse. Cette histoire, je n'ai jamais eu besoin de la lui raconter.

- Je lui ai brisé la colonne. Elle s'est mise à pleurer plus fort. Ma mère était occupée dans la cuisine, je bégaie. C'est Kate qui est venue. Elle a compris, puis elle lui a dit. Ann est morte, mes parents ont divorcé, ma mère a déménagé. Je t'ai rencontré.

Il hausse un sourcil, se retient de rire.

- Ensuite, l'apocalypse et maintenant, ça. Qu'est-ce que tu feras quand tu n'auras plus rien à raconter ? il m'interroge en s'asseyant à mes côtés.

Devant nous se profile les immeubles aux toits plats de Chicago. Il y a l'odeur de l'essence et du soleil d'été ; celui des épices de Chinatown, des légumes bios qui coûtent une fortune ; juste sous nos fesses, mon appartement. Aujourd'hui, il a perdu tous ces meubles chinés, ces objets faits maisons dans des pays éloignés et le vieux tapis persan que j'aimais. Il y a des barreaux aux fenêtres, des livres cornés ; deux amis en train de rigoler.

- Ca sera son tour.

- Glenn ? Son histoire t'intéresse ?

Pas seulement la sienne, je marmonne entre mes lèvres.

- Tu regrettes ? Tu regrettes de m'avoir rencontré ?

- Tu en poses des questions, je grommelle.

Je le bouscule, regardant ailleurs pour cacher mes joues roses, mes yeux larmoyants, un sourire attendri qu'il ne devrait pas détenir. "Je t'aime et je regrette que tu sois pas vraiment avec moi, chez moi, avec mes amis ; que tu sois d'une manière ou d'une autre sorti de ma vie. Mais je sais que c'est pour le mieux, que la fin ne pouvait être insidieuse. C'était trop dur de te voir changer ; de ne plus reconnaitre mon propre reflet". Je le pense parce qu'on ne peut pas le dire et comme avant, il comprend. Il ne peut pas s'excuser pour tout ce qu'il a fait, ce qu'il n'a pas fait et ce qu'il fera ; car ça n'a pas de poids. Il peut juste me prendre dans ses bras et promettre que tout ce qu'il a fait, il l'a fait pour moi ; et alors, chose miraculeuse, je le regarde et je souris ; puisque je sais que ce n'est pas une justification, que cette fois, je ne pardonnerais pas.

- Tu n'étais pas un homme quand tu as fait ça.

- J'ai toujours eu ça en moi. Tu l'as encouragé, tu l'as construit avec moi. Tu l'as en toi.

Il me pointe du doigt alors que nous sommes pourtant si près l'un de l'autre. Je plisse les yeux mais il disparait derrière les dents. Il s'étiole, se floute, s'embrouille.

- Au final, c'était toi, pas vrai ? Toutes ces fois ?

- Non, je m'en rappelle, je dis, je panique. Je n'ai fait que ne rien faire.

J'ai dû mal à respirer. Je sens que je tombe ; que le sol sous mes pieds s'effondre. Tout Chicago s'enfonce dans cette énorme bouche. Les dents écrasent les immeubles, dépiotent les routes et embrasent les station-services. Le monde se referme. On le digère.

- Oui, j'aurais pu mais j'ai rien fait ! J'ai juste regarder et je n'ai rien fait.

D'un coup, il m'agripe par les épaules. Et quand il me hurle dessus, c'est une déferlante de postillons, un ouragan de violence, qui repousse mes paupières, m'arrache les joues. Ses paroles me rentrent dans les yeux.

Parce que regarder, c'est déjà trop demandé.


C'est son visage que je vois à mon réveil. Elle éponge mon front. Quand elle croise mon regard (ces yeux que je referme), elle pleure pour moi et me serre dans ses bras. Beth me raconte tout. Nous sommes guéris, mais d'autres sont morts. La prison a failli tomber. Elle énumère les noms de ce que je connais et que je reverrais. Maggie a apporté du café. Sasha, déjà sur pied, a préparé du porridge et Daryl m'a offert un écureuil entier.

- Je n'ai... rien...

- Hershel a dit que tu n'avais pas cessé de parler. Tu as tenu tout le monde éveillé. Glenn t'a écouté, soupire t-elle ; serrant ses mains dans les miennes, laissant couler les larmes de soulagement.

- Il n'a pas eu peur ?

- C'est Chris, le monstre, pas...

- Ne dis pas ça, je l'arrête. Tu ne sais pas.

Beth se rembrunit à peine. Je refuse son aide pour manger. Elle me présente mon fauteuil dont Tyreese a ciré l'assise. Il brille ! Je me redresse parmi les oreillers. Combien y'en a t-il ? Beth rit. Désormais, je suis une célébrité ! Des inconnus se présentent à la porte. Ils ont des broches, des fleurs séchées, une tasse ébréchée. On leur a dit que j'aimais collectionner les objets. Je m'agace quand, enfin, ils repartent.

- C'est n'importe quoi. C'est ton père et Rick qu'ils devraient remercier.

- Peut-être, admet-elle, mais c'est de toi qu'ils se souviennent. Je me disais que tu pourrais l'écrire, ton histoire ? Tu en penses quoi ?

L'écrire, je répète. Certainement pas !

Je m'échine avec ma cuillère. Beth tend la main. Je souffle par le nez et obtempère. Dans une autre vie, Beth aurait dû travailler auprès des vieux, des malades et des bébés. Elle a cette douceur dans le toucher, cette fermeté ; cette manière d'aimer.

- Pourquoi pas ? Je suis sûre que ça aiderait les gens, renchérit-elle en essuyant le coin de ma bouche.

- Ce n'est pas quelque chose qui se lit, je rétorque. Qu'est-ce que tu as là ? je dis, levant un sourcil interrogateur. C'est mon affiche.

Elle la replit aussitôt derrière son dos. Je reconnais mon affiche ; le dessin qu'elle a fait de Chris. Il est tel que je l'ai quitté : les cheveux et la barbe longs, la chemise et l'anorak gris, son sac à dos de vingt litres. Beth ne sait pas bien dessiner. Elle est plus douée pour les cocottes en papier. Pour son ventre arrondie, elle en a fait plus d'une centaine.

J'ai abandonné au bout de la cinquième.

Je déglutis. J'en ferais encore des miliers, s'il pouvait simplement me retrouver.

- Ils l'ont trouvé ?

Elle acquiesce et fond dans mes bras.

- Où ? Il... Il va bien ?

- Ils ont trouvé des chaussures, confirme t-elle, mais ça... ça pourrait être celles de n'importe qui, poursuit-elle ; sa voix cherchant à calmer la tempête d'émotions qu'elle sent monter et soudain, elle regrette d'avoir insistée pour me l'annoncer. Elle se dit que Tyreese aurait mieux su l'exprimer.

Je serre sa main.

- Raconte-moi.

- Carole les a trouvées à l'orée de la forêt, à seulement quatre kilomètres d'ici. C'était à deux pas de la banlieue d'Armsher, précise Beth, sachant que chaque détail compte ; qu'on cherche quasiment un fantôme. Euh, je crois que vous y étiez passées avec Maggie pour récupérer...

Elle s'arrête, mal à l'aise. Mes ongles s'enfoncent dans sa chair.

- Continue ! je la presse.

- Les chaussures, elles étaient... exactement comme tu les as décrites.

- Bleues, avec des lacets jaunes ?

Elle acquiesce de nouveau. Je vois ses yeux qui cherchent à se défiler. Elle a encore quelque chose à dire. Je lui broie les doigts. Elle pince les lèvres, finit par me révéler tous ses secrets :

- On aurait dit qu'elles attendaient. Il les avait parfaitement rangées.

- Rangées ?

- Comme s'il n'avait pas peur qu'on les lui vole, confirme Beth ; qu'elle se sent coupable de dire ça ! Il devait avoir une autre paire, elle promet.

Je la lâche, je la regarde mais mes yeux la transpercent de part en part.

Quelque part dans la forêt, Chris a quitté ses chaussures.

Ma bouche s'ouvre sans le moindre soufle.

Beth sanglote contre moi. Elle a lu sur mes lèvres ou dans mes pensées.

- Non, je la supplie. ça ne pouvait pas être sa seule paire.

- Il en avait d'autres. Il en avait d'autres, répéte Beth. De meilleures chassures !

Les larmes, grosses, brûlantes, dévalent le long de mes joues. Je renifle, inspire ; un instant avant de partir en guerre, car il faudra me tuer pour m'en empêcher. Je me courbe, comme si on m'avait frappé, tatonant l'abdomen à la recherche d'une plaie invisible. Ma main se referme autour d'un crucifix ; cadeau d'un enfant au regard vide. Je mords la croix de toutes mes forces, espérant faire cesser un hurlement. Dernier blasphème, seul murmure.

- Il ne t'aurait jamais abandonné, promet Beth.

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