PDV Elizabeth
(Comme promis ! Bonne lecture !)
Il était totalement essoufflé, comme moi, mais pas pour la même raison. Torse nu, il me dévisage d'un regard assassin complétement noir, que je lui rends, bien déterminé à terminer ce dont pourquoi je suis venue.
Je me retourne vers ma cible et sors mon arme alors que Calister était toujours dans un état second. Je tente de me lever mais sa main s'écrase sur mon épaule et me maintient au sol.
Qu'est-ce que tu fais ?
- Mon oncle, il faut que je vous parle, dit Giovanni calmement alors qu'il m'arrache la dague de mes mains pour la ranger au niveau de sa ceinture, dans son dos. Une attaque a eu lieu près du palais et il se trouve que le coupable est un des nôtres. Il faut absolument qu'on en discute.
Je lui empoigne le coude et agite ma tête pour lui demander ce qu'il fait mais la seule chose à laquelle j'ai droit, c'est ses yeux réprobateurs et remplis de colère.
- Vous ne voyez pas qu'on va discuter d'un sujet important, dégagez d'ici et ne revenez plus ici sans autorisation, grogne-t-il en appuyant bien ses derniers mots. La porte est là-bas.
Tu te fous de moi, j'espère ?
Voyant qu'il ne réagit pas, je m'apprête à riposter mais il ne me laisse même pas le temps de faire, que je me retrouve en un instant dans le couloir. Je me retourne mais Giovanni a déjà claqué la porte au nez. Je reste quelques instants en face de la chambre, le temps de laisser à mon cerveau de d'assimiler ce qui vient de se passer.
"Pour l'amour de la déesse, si tu as un tant soit peu d'estime pour moi, retourne dans ma chambre et reste tranquille Elizabeth..."
De l'estime ? Pour toi en plus ? Mais tu t'es cru dans le monde des bisounours ou quoi ? Va te faire voir Giovanni !
"Eli..."
TA GUEULE !
Je déguerpis à toute vitesse, non pas parce qu'il me l'a demandé, mais parce si je reste, je risque de l'assassiner lui aussi. J'étais
Même si ça me faisait du mal de l'admettre, mon cœur s'apaise de ne plus me savoir dans la pièce. Je crois qu'inconsciemment c'est ce que je souhaitais de tout mon être.
Déambulant dans le palais, je perds la notion de temps en essayant de remettre mes idées en place et de comprendre ce qui vient de se passer. J'arrache la photo coincé dans mon dos, et la fixe attentivement. Si je n'avais pas vécu cette scène avec Calister, j'aurais pu croire à un montage et me voiler la face. Mais ce n'était pas le cas, ce n'était pas un montage.
N'étant plus sous une quelconque menace et surtout à l'abri des regards, je sens l'émotion me gagner, surtout en voyant une nouvelle fois le visage de ma mère. Il y avait plein de choses que je ne savais pas sur elle et sincèrement, ça me terrifiait de découvrir la vérité.
En entendant une foule de monde à l'étage du dessous, je décide de monter à l'étage, au niveau du toit pour prendre l'aire. Je n'étais pas prête à faire à Giovanni mais surtout pas à Morgana et Cassandre.
Utilisant un passage réservé pour les servantes, je descends des escaliers étroits et sinueux, mais me permettant de ne croiser personne. Une fois à l'étage principale, je sors dehors alors même que je sais qu'il y a une grande possibilité que les FMP soient là. Mais là, c'était vraiment la dernière de mes préoccupations.
Le jour venait à sa fin, encore une fois. Sans réfléchir, je me dirige vers la forêt et laisse mes pieds prendre le dessus. Je commence déjà à entendre les reproches de Giovanni et de ses amis sur mon manque de vigilance et tout ce qui va avec. Le seul qui ne va pas se plaindre s'il m'arrivait quelque chose est sûrement Gabriel, mais il avait de bonnes raisons de le faire, après tout d'une manière ou d'une autre Krisha était morte par ma faute.
Alors que je décale une branche par réflexe, je sens une forte douleur au niveau de l'épaule et constate un énorme bleu. Maintenant que je n'étais plus en mode survie, l'adrénaline avait fait place à la souffrance. Parfait, comme si j'en avais besoin. Je déglutissais avec difficulté et bougeais peu ma tête pour empêcher mes cervicales de me faire encore plus mal.
Quand je relève la tête, je remarque qu'inconsciemment j'ai atterri devant la serre où Giovanni m'avait amené un jour, pour que me laisser respirer. A cet époque, j'étais toujours enfermé dans le palais, coincé dans leur groupe ou à faire des tâches ménagères et voyant que ça n'allait pas, il m'avait amené ici toute une après-midi. Il avait ramené tout ce qu'il avait besoin pour travailler et j'avais juste passé le temps entre lecture, sieste et l'énerver. Surtout l'énerver.
Je rentre à l'intérieur et remarque que rien à changer, l'intérieur est toujours aussi magnifique que la dernière fois. Au centre de la serre, se trouvait un petit fleuve artificiel, rempli de nénuphar, qui permettait d'irriguer les différentes sections de fleur. Il y avait à peu près de tout. Allant de la plus basique des fleurs comme le pétunia blanc à des fleurs bien plus rare. Mais le plus impressionnant était le jacaranda mimosifolia prônant près au fond de la sphère.
Enfin tranquille, je soupire et m'allonge sur la pierre froide et sors de ma poche le paquet de cigarette que j'avais volé sur un chariot laissé à l'abandon. Il n'y avait que trois clopes. J'en sors une et la coince entre mes lèvres.
- Ignis, murmuré-je à bout de force.
Une petite flamme s'agita au niveau de mon index, que j'utilise pour l'allumer. J'attends quelques secondes avant d'inhaler la fumée, histoire d'éviter d'irriter ma gorge, déjà sensible.
Je passe ma main dans mes cheveux et soupire. Je voudrais juste que toute cette merde se termine. Plus je reste ici, plus je me perds. Plus je tente de partir, plus je découvre des choses qui m'obligent à rester sur place.
Je lève stupidement la main vers le ciel, alors que le soleil est en train de se coucher. Captivité oblige, ça faisait longtemps que je n'avais pas vu le Soleil en journée. Je devrais essayer de reprendre un rythme correct, quand tout retournera à la normale.
Et pour cela, je devais déterminer le terme "normale"...
Est-ce que ça voulait dire que je continuerais encore à rester ici ? Devrais-je abandonner l'idée de partir pour quelque temps ? Si oui, pour combien de temps ? Ou peut-être que je devrais partir et rejoindre Dwayne, mais est-ce qu'il me dira la vérité sur maman ? Et sur Calister ?
- Je vais vraiment devenir dingue, soupire-je totalement abattu.
- Pourquoi tu vas devenir dingue ?
Je tourne ma tête vers la droite, pour voir une petite fillette. Soriane.
- Salut toi.
- Ça fait mal ?
Je fronce les sourcils avant de comprendre qu'elle parlait de mes plaies sur mon cou. Accrochée à sa peluche en ours, elle ne détourne pas le regard face à la vue du sang. Elle ressemble bien à sa tante.
- Non, ça va...
- Tu mens, réplique-t-elle du tac au tac me faisant rire. Maman dit que ce n'est pas bien de mentir.
- Et ta maman a raison, dis-je en soupirant. Ne prends pas exemple sur moi, je ne suis pas quelqu'un de bien.
La photo toujours en main, je regarde ma mère et imagine son visage déçu de voir celle que je suis, celle que je suis devenue. Mes yeux me brûlent et je me tire un coup de clope pour m'empêcher de craquer. J'ai toujours détesté pleurer.
- Ce n'est pas ce que maman m'a dit, elle m'a dit que tu es très gentille et que c'est grâce à toi que je me sentais mieux maintenant, lâche-t-elle véhément avec sa petite voix. Et puis, une personne méchante doit être moche, et toi tu es très belle.
Sans le vouloir, j'explose de rire et lâche même une larme. On ne me l'avait jamais faîte celle-là. C'était excellent.
- Hey, ne te moque pas de moi...
- Je ne me moque pas de toi, dis-je en voyant sa mine renfrognée. C'est juste que c'est le plus beau compliment qu'on m'ait fait depuis un bon bout de temps. Je suis juste émue.
- C'est vrai ? demande-t-elle ravie, avant de sautiller et de s'asseoir à côté de moi.
J'acquiesce et elle sourit face à ce compliment. Elle se lève de sa cachette pour s'installer à côté de moi.
- Dis toi aussi, tu es venue ici pour te cacher ?
Je hoche la tête et éteint ma cigarette. Mieux vaut pas fumer cette merde à côté d'elle, déjà qu'elle était malade, je n'avais aucune envie d'être la cause d'un nouveau problème de santé pour cette petite. Odette et Marcel me tueraient sur le champ.
- Tu as bien fait, personne ne vient jamais par ici, parole de louveteaux, jure-t-elle en levant la main en signe de promesse. Je viens souvent ici quand je ne veux pas prendre mes médicaments. C'est tonton qui m'a dit de venir ici.
- Tu sais que je suis souvent en contact avec tes parents, ce qui veut dire que je peux leur dire ce que tu viens de me raconter maintenant, tu en es consciente, n'est-ce pas ?
Elle lève les yeux vers le ciel, sous mon regard stupéfait et amusé face à tant d'insolence. Shirel avait vraiment une mauvaise influence sur elle, mais c'était plutôt drôle à voir.
- Tu ne le feras pas.
- Comment tu peux en être si sûre ?
- Parce que tu es quelqu'un de bien.
Je tourne ma tête vers elle, et regarde ses yeux pétillants de vie et de sincérité. Elle était l'incarnation de l'innocence, à l'état le plus pur. Elle pouvait voir toutes les couleurs et la beauté qui l'entouraient. Son monde n'était pas recouvert de cadavre et de sang.
La vérité sort toujours de la bouche des enfants...Qui est le con qui a sorti cette phrase ? Parce qu'en réalité, la seule chose qui sort de la bouche des enfants sont des parcelles de ce qu'ils croient être vrai. Juste parce que ses parents lui ont dit que je suis gentille, ne veut pas dire que je suis quelqu'un de bien. Car ils lui ont aussi omis de dire que je suis une mercenaire, employé pour tuer contre de l'argent. Une assassin. Et je suis sûre que si elle le savait, elle se serait déjà enfuie en courant.
- Tu ne devrais pas faire confiance à des gens aussi rapidement, même si tu as entendu des choses bien sur eux, d'accord ?
- Pourquoi ? réplique-t-elle, les yeux grands ouverts, alors que je remets ses cheveux en place.
- Parce que les gens peuvent souvent avoir plusieurs visages.
- Je n'ai jamais vu quelqu'un avec plusieurs visages, dit-elle innocemment, visiblement médusé.
- Tu comprendras quand tu seras plus comprendre. Fait juste confiance aux personnes que tes parents te disent de faire confiance, tu peux faire ça pour moi ?
Elle réfléchit et hoche la tête en souriant, avant de me demander de recommencer ce que j'ai fait avec mon doigt.
- Je vais faire beaucoup mieux que ça, tu es prête ?
Elle secoue énergiquement sa tête et pose ma main sur la terre. Autant mettre un peu de lumière à ce monde de fous.
- Magia caelestis illuminatio, incante-je alors que je perds une certaine quantité de mana me provoquant une légère douleur crâniale.
Soudain, toutes les fleurs se mettent à s'éclaircir, comme si elles étaient phosphorescentes. Rien n'est épargné, même les nénuphars ressemblent à de minuscules lanternes flottant sur l'eau. Mon arbre, constitué de magnifiques fleurs aux pétales rose, s'illumine lui aussi, me donnant l'impression de retourner à Javarya, mon chez moi, ma maison...
Soriane sous le choc ne réalise pas, avant de commencer à sautiller comme une folle et de toucher tout ce qu'elle trouve.
Récupérant des pétales tombées au sol, je les fais tourbillonner autour d'elle avant de la faire voler par lévitation. Elle rit à tel point, que je ne peux m'empêcher de faire de même.
Soudain la porte d'entrée s'ouvre violemment. Je tourne la tête pour voir Shirel et Odette, étonnées et à bout de souffle. Je dépose la petite sur le sol, qui court vers sa famille, totalement surexcité.
- Ne t'inquiète pas, j'ai rien fait à ta fille, lâche-je nonchalamment, alors qu'elles sont rejointes par les autres bêtas.
- Je n'ai jamais pensé une telle chose, réplique la mère, piquée à vif.
On échange un bref regard mais je lève les yeux au ciel et soupire. En réalité, je n'en avais rien à faire de ce qu'elle pensait. Je voulais juste être seule. Est-ce vraiment trop demander ?
- Comment as-tu fais ça ? demande en même temps Shirel et Gabriel à quelques secondes d'intervalles.
Comme si ce n'était pas évident...
Reprenant une cigarette que j'avais dans ma poche, je l'allume et tire une bouffée de fumée, sans prêter attention à eux. Maintenant que maman louve a retrouvé son louveteau, il y a peu de chance qu'ils restent auprès de moi, et tant mieux d'ailleurs, je ne veux pas les voir. Et pas qu'eux en soit, je ne veux voir absolument personne. Et surtout pas lui.
- Tu es blessée, laisse m...
Avant même que Marcel ne finisse sa phrase, j'utilise l'eau à ma disposition pour créer une sphère autour de moi. Au moins, personne ne pourra dire que je ne suis pas claire. Et je n'avais besoin de l'aide de personne pour me soigner, je pouvais le faire moi même.
Sincèrement, je n'avais plus rien à faire qu'ils découvrent que je sois une sorcière ou pas. Je n'en avais plus rien à faire d'être blessé ou de jouer au jeu de la fille gentille. Je n'étais pas gentille, je ne le suis toujours pas et je ne compte pas l'être.
Enfermée dans ma bulle, je n'entends aucun son provenant de l'extérieur. Je les sens s'agiter mais je ferme juste les yeux et essaye de faire le vide.
Le temps passe rapidement, à tel point que je ne remarque pas qu'il fait quasiment nuit noir. Une énième liège morte en main, j'effectue le dernier sortilège du processus avant de voir une petite suite de bourgeon. Un petit exercice de magie qui m'a toujours appaisé. Inconsciemment, j'ai pris ma décision.
"Elizabeth..."
Je n'avais pas besoin de regarder pour savoir qui c'était. Je prends une bouffée de cigarette et le laisse sans réponse. Va falloir que je trouve un moyen à ce problème aussi.
"Elizabeth..."
Décidée à ne pas lui adresser la parole, je continue à l'ignorer alors qu'il se rapproche de la sphère. Voyant qu'il ne s'arrête pas, je forme des piques à ma sphère, tel un hérisson.
Il ne semble pas surpris de me voir utiliser de la magie, comme s'il était au courant. Est-ce Shirel qui lui a dit ? Ou Morgana ? Quoique, je m'en fous un peu.
Alors que je l'imagine déjà pester et retourner au palais, il continue de s'avancer et laisse une des piques lui couper l'épaule.
Ne me tente pas Giovanni, déjà que j'ai envie de t'arracher la tête, ne me donne pas une occasion de le faire.
Ses yeux étaient encore noirs, signe qu'il était toujours en colère. S'il pensait pouvoir se servir de moi comme punching ball, il se trompait lourdement.
Il voulait se battre ? Pas de problème ! Il est tombé sur la mauvaise personne !
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Coucou !
Comment allez-vous ?
Que pensez-vous de ce nouveau chapitre ? Vos ressentis, vos craintes, vos espoirs ? (Racontez tout à Bibi ! 😊)
Sinon, j'ai commencé à lire "In case you didn't know" de Samantha Chase. Je vous dirais ce que j'en ai pensé. Mais je pense que je vais aimer.
D'ailleurs, si vous avez des livres à me conseiller, ceux que vous aimeriez lire pour la première fois à nouveau, ou ceux qui font parmis de votre top 3, je suis toute ouïe. Je prends de tout.
Bisous, je vous aime fort.
Agatha
P.S : Un grand merci à ceux qui continue à me suivre depuis le début et ceux qui viennent de se joindre dans cette avanture avec moi. Vous êtes vraiment précieux pour moi! Donc merci pour tout !