Anthologie de la fin

By DonnySeanTea

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Hélène écrit ce qu'elle se rappelle d'une apocalypse de zombie. (fanfiction TWD) More

La faim
Dimanche
Bonjour, mon petit cochon
Maison
Chris
Casse-croûte
Fièvre
Elle frappe à ta porte
Si je ne suis pas morte, c'est donc que je suis vivante
Cadavre
La dent creuse
Problème de foie
La deuxième histoire
Entre-deux
Papier
Cochon pendu
Deux jambes, deux bras
Merde
Sans tête
Fil de pêche
Sésame, ouvre-moi
Linceul
Main à la pâte
Fleur de soufre
Rugbyman de porcelaine
Coquelicots
Infirmière en carton
Incendie
Bouts de ficelle
Course contre la montre
Roue brisée
Poids mort
Le chat de Schrödinger
Tous cousins
Beth, Maggie et moi
Deux chemins
Les joies du nucléaire
Tu n'es plus la seule
Dernier sacrement
Petite grippette
Pré tendre
Fenêtre ouverte
Perdre la tête
Loué soit-il
Deuxième mère
Fin de l'histoire
Sang et lait
Bons baisers
Amen
Attrape-rêve
Notes de l'auteur

La meilleure des amis

7 3 39
By DonnySeanTea



Tyreese a l'air particulièrement inquiet. Il passe et repasse devant moi, cherche une blessure que je n'ai pas. Beth, assise sur mon lit, parle tendrement. Je l'ai quittée pâle et épuisée. Elle presse ma main contre ses lèvres, l'embrasse. Ses joues sont rose de plaisir, ses cheveux dorés par la lumière. Elle me susurre que comme sa mère, elle échappera aux nausées matinales. Dans la famille, la maternité embellit. Tyreese suit le mouvement de sa main sur son ventre.

- Ton père a dit que tu n'étais pas...

- On ne peut être sûr de rien, murmure Beth. Il faudrait que je mange plus (elle rit, ironique, désabusée) ou faire un test sanguin.

- Tu le sens ? demande Tyreese. Je peux ?

Son attention se détourne de moi, attirée comme un aimant par ce qui pourrait se trouver sous les vêtements. Très doucement, Beth prend sa main et l'approche de son ventre. Il irradie d'une chaleur étrange. C'est comme si j'étais tout contre un feu de cheminée. Le crépitement serein des bûches pourrait m'endormir. Ils gloussent et je ressens tout leur amour pour le monstre. Mon cœur, lourd comme une pierre, tombe au fond de mon estomac.

- Tu ne sens rien, devine Beth. C'est juste une intuition.

- Tu vas mieux, confirme Tyreese. Je suis content que tu sois là.

Son regard accroche le mien. Ils nous comptent toutes les deux dans le lot.

- Je suis désolée de vous avoir fait peur, s'excuse Beth. Je... Ce que j'ai fait...

- Tu voulais t'en débarrasser, je dis.

Elle me retourne un regard gêné.

- Je ne savais pas quoi faire d'autre.

- C'était peut-être la bonne chose à faire, je croasse. Le tuer dans l'œuf.

- C'est un bébé, ricane Tyreese. Pas un serpent.

Il essaye de disperser ma méchanceté mais le mal est fait.

- Oh s'il te plaît, Hélène, me prie Beth. J'ai déjà ma sœur et mon père pour ça. Est-ce que tu peux essayer d'être contente pour moi ? me supplie t-elle. Si jamais... Si jamais j'étais vraiment enceinte, je serais heureuse, tu sais.

Quand nous sommes rentrées, Maggie m'a arraché le sac des mains. Durant le tout le trajet, j'avais répété et répété le procédé. Les fruits devaient être bouillis puis écrasés, incorporés ensuite à tout type de breuvage ; de préférence très amer pour en camoufler le goût. C'est Daryl qui m'a aidée à descendre de « voiture ». Incapable de marcher et sans voiture, la solution s'était présentée sous la forme d'un caddie abandonné. Maggie m'avait poussée sur plus de dix kilomètres.

Rick avait tenté de la rattraper, alors qu'elle s'élançait dans les cuisines ; leurs cris se répercutant dans la cour. « Ce ne sont que des égratignures ! On va bien. » s'étai-t-elle agacée. « Et la voiture ? » avait répondu Rick. « On en avait besoin ! » Les dents serrées, je n'avais rien dit quand Daryl m'avait replacée dans le fauteuil.

- Jolie caisse, avait-il reniflé.

- Un vrai bijou, j'avais répondu sur le même ton.

- Si tu veux, je pourrais te la pimper ?

Son sourire bancal laissait à peine voir deux dents de travers.

J'ai naïvement demandé s'il pouvait rajouter un moteur.


Rick est venu s'excuser pendant qu'Hershel m'auscultait.

Des égratignures, des hématomes et aussi une foulure au poignet

S'il avait su, il nous aurait arrêtés.

Officiellement, Hershel assume toujours l'inexistence du fœtus. Il parle encore moins d'un bébé. Il a justifié le départ de sa fille à Rick et n'a pas réclamé à la voir depuis. Des préservatifs ont été distribués dans le hall. Hershel n'est pas blessé mais on raconte qu'il se serait battu avec un garçon ; un type que je ne connais pas mais qui a son lit à l'infirmerie. Plusieurs coups de canne en acier lui ont brisé des côtes. De cette histoire de famille, Rick n'en connait que les grandes lignes.

Je choisis consciencieusement mes prochains mots.

- Il y a déjà un bébé ici, j'avance. Ça ne te suffit pas ? je demande, serrant sa main dans la mienne. C'est un peu le bébé de tout le monde, non ? Tyreese, aide-moi, je bredouille, sentant Beth s'écarter.

- Ce n'est pas notre décision.

Je le foudroie du regard. Les mots ne sortent plus. Je rattrape Beth qui s'éloigne.

- Je t'ai sauvé la vie y'a à peine quelques jours. C'est pas pour que tu meurs dans neuf mois. Si c'est pas un autre suicide, je vois pas ce que c'est... Je t'en prie, réfléchis-y encore un peu !

- Hélène !

- J'ai plutôt souvenir que c'est moi, qui t'ait sauvé la vie, rétorque Beth puis d'un coup, elle s'apaise. Ça ne fait rien, dit-elle en se levant. Je pensais qu'on était amies. C'était stupide.

Je reçois l'insulte comme un uppercut. Je fais mine de me lever pour la rattraper mais Tyreese me retient au cadre du lit. Il a les yeux fermés, comme un enfant qui refuse de voir l'horreur arriver, et les paroles qu'il crie n'atteignent jamais mes oreilles. Une bande d'enfants, c'est ce qu'ils sont tous.

- Ne me sors pas ce genre de conneries, s'il te plaît. Je suis la seule ici à réellement me soucier de toi ! J'affirme. J'ai accompagné ta sœur (bien plus folle que moi) dehors, juste pour te trouver... pour te trouver quelque chose pour t'aider !

Elle est stupéfaite, outragée. Beth ne m'a jamais regardée comme ça. Même nue et attachée à un lit, hurlant à la mort comme une Banshee, alors qu'elle récurait chaque parcelle de mon corps, elle a toujours gardé cet air foncièrement amical. Beth pointe un doigt menaçant dans ma direction.

- Ca suffit, prévient-elle.

- C'est du délire ! Même s'il survie et que toi aussi (un vrai miracle), j'ironise, tu sais qu'est-ce qui t'attend ? RIEN ! j'assène. Au mieux une mort déchirante dans les mois à venir. Tu ne penses pas qu'il va survivre à toutes les maladies infantiles, si ? Et si vous perdiez le toit au-dessus de votre tête, tu te vois avec un gosse dans les bras, dehors ? Toi ?

- Quoi ? Tu ne me penses pas capable de savoir ce qui est bien pour moi et pour mon bébé ? Pourquoi personne ne me pense capable de quoi que ce soit ? s'époumona t-elle, les yeux humides. Je suis comme vous. J'ai fait tout le chemin jusqu'ici ! J'ai vu, j'ai fait des choses, peut-être pas aussi horribles que vous, mais ça me donne au moins le choix de...

- Tu n'as le choix de rien du tout ! je crie. Tu n'es qu'une gamine pourrie gâtée ! Quel genre de mère tu vas être, hein ? Tu y as pensé ? Quel genre de vie va avoir ce bébé ? Mais ouvre les yeux, tu ne passeras même pas le premier trimestre. Cette merde dans ton ventre va te dévorer !

- Je sais ! hurle t-elle, la voix cassée. Maggie m'a tout raconté.

- Pas dans les détails, je crache. L'agonie, tu connais ?

- Elle le répétait à tout bout de temps, dès que Rick disparaissait. Il fallait bien que quelqu'un écoute. Ça nous rendait fou. Même Glenn, il ne le supportait plus. Le sang, les cris, le couteau dans la chair mais ensuite...

- On va t'ouvrir les entrailles. On plongera nos mains à l'intérieur de ta chair.

- Regarde Judith, regarde tout l'amour qu'elle a, et dis-moi que...

- Si je devais choisir, je les aurais tous euthanasier vos mioches.

- Ca suffit ! s'écrie Tyreese. Tais-toi !

Je sursaute et baisse les yeux. En pleurs, Beth se laisse tomber sur le lit. Ses yeux humides libèrent de grosses larmes qu'elle essuie rageusement. Tyreese la réconforte sans me lâcher des yeux. Beth hoquette sous les sanglots. Elle écume et ce n'est pas de la tristesse son problème, c'est toute cette colère.

- Pourquoi il faut toujours que tu dises des choses horribles ?

- C'est la vérité, je dis.

- Tout ira bien, Beth. Ça va être un magnifique bébé, l'assure Tyreese et si j'avais pu marcher, il m'aurait fait signe de m'en aller. Judith sera contente d'avoir un camarade de jeu, plaide t-il et sous son insistance, je hausse les épaules.

Il cherche quelque chose à ajouter. Sa grosse main retrouve le chemin jusqu'au ventre emmitouflé. Tyreese sourit et je le sens profondément attendrie. D'un petite voix, il demande :

- Comment va le papa ?

- C'est Mac. Il a dit... Il a dit...

Soudain, elle expire et toute la colère s'évapore.

- Il a dit qu'il voulait qu'on forme une famille. C'est important pour lui. Il a toujours été proche de son père...

- Oh, Beth ! C'est merveilleux !

Dans une exclamation de joie, Tyreese la serre encore plus dans ses bras. Il la relève, l'attrape par les hanches et la fait tourner dans la chambre. Ses longs cheveux blonds attrapent la lumière pour me laisser dans la pénombre. Dans ma poitrine, quelque chose se réchauffe. Je tends la main pour dire quelque chose.

- Ce Mac... Il est comment ?

Je déglutis. Les mots ont eu du mal à sortir.

- Pourquoi ? renifle Beth. Tu penses que lui serait plus capable que moi ? Tu le connais pas mais alors, lui, c'est sûr il fera un bon père, c'est ça ? Ou alors c'est peut-être le fait d'être mère célibataire qui te dérange ?

- Non, c'est pas ça...

- C'est mon âge alors ?

Je cherche l'aide de Tyreese mais il se détourne, mal à l'aise. Je le vois esquisser quelques pas vers la sortie, tenter maladroitement d'entraîner Beth avec lui.

- On n'est pas d'accord, c'est tout...

- Tu as raison sur un point : Mac fera un très bon père.

Elle se détache de Tyreese, le contourne et disparaît. Muette, j'observe la porte, m'attendant à ce qu'elle revienne. Mes mains vides retombent sur mes genoux ; les paumes ouvertes sur le plafond.

- Elle ne veut pas comprendre, j'insiste.

- Ce n'est pas ta décision, soupire Tyreese en s'asseyant à mes côtés.

- Ce n'était pas la mienne non plus quand tu m'as amené ici. Tu l'as fait pour me sauver la vie.

Ses yeux s'écarquillent. Il secoue la tête, en proie à une violente panique. Il lui faut un moment pour réfléchir. Ses grandes mains de catcheur passe et repasse sur son visage. Ses sentiments le terrassent.

- Je suis désolé. Depuis le début, je n'aurais jamais dû t'emmener.

De toutes mes forces, je le frappe.

- Mais qu'est-ce qui te prend ?! s'écrie t-il.

Le souffle bloqué, je lève le poing pour le frapper.

- Non ! s'exclame t-il, un bras protégeant son visage. Ce n'est pas ce que je voulais dire. Je ne regrette pas de t'avoir rencontrée, précise t-il et instantanément, je respire. C'est juste que... peut-être... Tu ne voulais pas rester.

- J'étais pas très nette dans ma tête.

- Ce n'est pas le cas de Beth, rappelle Tyreese. Elle est capable de faire ses propres choix.

- Je ne décide pas pour elle. Je la conseille.

Il hausse un sourcil.

- Tu ne peux pas me faire croire que tu es d'accord avec elle !

- Mon avis n'a pas d'importance. C'est Beth seule qui va faire face aux conséquences. Je l'épaulerais, bien sûr, comme tout le monde ici, assure t-il. Ce n'est pas une enfant et elle peut disposer de sa vie comme elle l'entend.

Je soupire en me recroquevillant dans mon lit.

- Faites ce que vous voulez, je maugrée. C'est pas mes affaires.

- Oui, glousse Tyreese. C'est le point central de la discussion.

Voyant que j'ouvre la bouche pour reprendre (« c'est une très mauvaise idée », « si ça tourne mal, je vous aurais prévenu »), il me coupe l'herbe sous le pied :

- Je n'aurais jamais dû te priver de ta liberté.

Je souris en tapotant mon oreiller.

- Je ne suis pas le genre d'oiseaux qu'on met en cage.

- Oui, admet-il, même si je le voulais, ça ne serait pas possible.

- Tu n'as pas du voir beaucoup d'oiseaux, je ricane en me glissant dans le lit.

Il hoche la tête, pensif.

- Tu sais, reprend t-il, ce que je t'ai dis... Peut-être que c'est ce que tu devrais dire à Beth aussi.

Je fais mine de réfléchir. Par la porte ouverte, j'aperçois Maggie. Elle traverse le couloir à la recherche de Beth, un café fumant entre les mains. « Tiens, j'ai pensé que ça te ferait du bien. » Beth n'est pas très loin. Elle a déménagé ses affaires deux jours plus tôt. Elle aime bien bouquiner, recroquevillée dans ma cellule. Elle dit que le soir, il y fait plus frais mais je sais qu'elle préfère bavasser. Souvent, je lui fais une petite place près de moi et elle s'endort, son livre jamais ouvert encore dans la main.

- Je ne veux pas qu'elle parte.

Tyreese réarrange mes couvertures.

- Personne ne part.

Dehors, on entend Beth et Maggie discuter. Tyreese se retourne pour les observer.

Beth tient la tasse entre ses mains, Maggie lui sourit, la pressant gentiment.

Ses cheveux sont humides de sueur. Elle tremble. « Des vitamines », elle répète.

Ma main trouve celle de Tyreese.

- Aide-moi, je le supplie.

Un moment, Beth cherche son reflet au fond du liquide noir. Lentement, elle porte la tasse à ses lèvres. Elle hume son fumet. Ça fait des jours qu'elle n'a pas bu de café. C'était dans un vieux mug vert, je m'en rappelle. Quand elle se penche, une fine mèche de cheveux glisse dans la tasse. Je la regarde, fascinée, extraire les fils blonds du poison. Et d'un seul coup, Tyreese est debout. Il m'a prise dans ses bras. D'un seul coup, il n'y a plus que nous trois.

- Je crois que c'est à moi.

Tranquillement, je prends la tasse entre ses mains. Le café jaillit hors de mug, se répand sur mes cuisses. Tous se mettent à crier : « Tu t'es brûlée ! » Et ce n'est ni l'effroi d'une absence de douleur ni même l'horreur dans les yeux de Maggie qui me font sourire, mais bien les deux mains de Beth posées de part et d'autre de mon visage. Elle s'inquiète.

- J'ai perdu les eaux, je répète, très sérieuse. C'était du café.

- Qu'est-ce que tu veux dire ? demande t-elle.

- Si je le pouvais, je l'aurais porter pour toi, ce bébé.

Beth se met à pleurer. Pas de tristesse ou de colère.

- Ce sont mes larmes de « je t'aime ».

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