Soarën [MYSTIS]

By Chl007

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La forêt de Telendriss est la demeure ancestrale de la communauté d'Elfes dont fait partie Soarën. Audacieux... More

🌲 Chapitre 1.1 🌲
🌲 Chapitre 1.2 🌲
🌲 Chapitre 1.3 🌲
🏹 Chapitre 2.1 🏹
🏹 Chapitre 2.2 🏹
🏹 Chapitre 2.3 🏹
🏹 Chapitre 2.4 🏹
🌲 Chapitre 3.1 🌲
🌲 Chapitre 3.2 🌲
🌲 Chapitre 3.3 🌲
🏹 Chapitre 4.1 🏹
🏹 Chapitre 4.2 🏹
🌲 Chapitre 5.1 🌲
🌲 Chapitre 5.2 🌲
🌲 Chapitre 5.3 🌲
🏹 Chapitre 6.1 🏹
🏹 Chapitre 6.2 🏹
🏹 Chapitre 6.4 🏹
🌲 Chapitre 7.1 🌲
🌲 Chapitre 7.2 🌲
🌲 Chapitre 7.3 🌲
🌲 Chapitre 7.4 🌲
🏹 Chapitre 8.1 🏹
🏹 Chapitre 8.2 🏹
🏹 Chapitre 8.3 🏹
🏹 Chapitre 8.4 🏹
🌲 Chapitre 9.1 🌲
🌲 Chapitre 9.2 🌲
🌲 Chapitre 9.3 🌲
🌲 Chapitre 9.4 🌲
🏹 Chapitre 10.1 🏹
🏹 Chapitre 10.2 🏹
🏹 Chapitre 10.3 🏹
🌲 Chapitre 11.1 🌲
🌲 Chapitre 11.2 🌲
🌲 Chapitre 11.3 🌲
🌲 Chapitre 11.4 🌲

🏹 Chapitre 6.3 🏹

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By Chl007

Ce matin-là, Arëndrill n'a pas besoin de réclamer le silence. Tous les apprentis Traqueurs deviennent muets dès que Soarën apparaît sur la place d'Érable, flanqué de Funest et de Discorde. Leur Maître annonce qu'il n'est que partiellement rétabli : il revient suivre les cours, mais ne participera pas aux mises en pratique pour encore quelques jours. Puis la leçon démarre. Cependant, ses élèves sont inattentifs et il est obligé de les rappeler à l'ordre de nombreuses fois. Bien que discrets, tous les regards sont tournés vers Soarën ou l'un de ses deux Compagnons.

D'ordinaire, les animaux se regroupent un peu plus loin sur la place afin de laisser les Elfes se concentrer. Funest n'ose pas quitter l'apprenti Traqueur, mal à l'aise, et reste couché auprès de lui toute la matinée, les oreilles et la queue basses. Discorde se sent plus assurée grâce à ses progressions grammaticales. Avec curiosité, elle s'approche donc des autres Compagnons. Elle ignore les quadrupèdes et les reptiles pour s'intéresser aux oiseaux, qui partagent son langage. Mais tout comme Soarën avec ses camarades, l'accueil est glacial.

— Bonjour, les salue-t-elle timidement.

Elle veut s'approcher ; un hibou grand-duc lui barre la route. Il fait deux fois sa taille, aussi bien en hauteur qu'en largeur.

— Pars d'ici, ordonne-t-il dans un hululement grave.

— Mais je suis avec...

— Nous le savons, croasse une corneille qui n'a pas l'air davantage amicale. Le démon fou est ton Compagnon.

— Lui n'est pas un démon et pas fou !

— Tu ne sais même pas parler, lâche le hibou avec dédain. Pars d'ici avant qu'on ne s'occupe de toi, chouette noire.

— Je m'appelle Dis...

— J'ai dit : pars !

Le grand-duc ébouriffe ses plumes, menaçant, ce qui le fait doubler de volume et devenir encore plus massif qu'il ne l'était déjà. Du coin de l'œil, Discorde remarque que l'un des Elfes censé écouter le Maître Traqueur hoche discrètement la tête. Sans doute le Compagnon de ce hibou mal luné. L'effraie ombrée préfère battre en retraite. Elle ne tente plus la moindre approche envers les autres animaux de la place d'Érable et passe les heures suivantes avec Funest, aux côtés de Soarën. Elle tente parfois de s'envoler pour aller se percher dans les branchages environnants, mais elle se fait toujours chasser par un autre Compagnon d'Elfe. Posée au sol près de la tête de Funest, elle chuinte tout bas, agacée. Fichus rapaces diurnes qui croient que le moindre arbre leur appartient !

Soarën a suivi de loin les mésaventures de sa chouette. Après avoir mis un moment à s'habituer aux regards posés sur lui, il a réussi à se concentrer sur le discours d'Arëndrill. Sa seule hâte est à présent que ses blessures aux épaules soient enfin guéries, pour qu'il puisse reprendre les mises en pratique de l'après-midi. Il lui tarde de retourner errer dans les feuillages et les frondaisons ! Il a l'impression qu'il ne saurait être à sa place nulle part ailleurs. Au moment où cette pensée le fait sourire, il sent un petit coup de museau dans son coude. Cessant de rêvasser, il baisse les yeux vers Funest qui le fixe d'un regard malheureux, attristé qu'il songe à l'abandonner tout seul sur la terre ferme. Soarën s'excuse en le grattant gentiment à la base des oreilles. Le loup adore ça.

L'heure du midi arrive. L'apprenti Traqueur remplit son bol de nourriture puis, sans chercher à réfléchir, va s'installer auprès de ses amis. Cependant, son arrivée refroidit l'ambiance chaleureuse et instaure un lourd silence sur la tablée. Il grommelle intérieurement, mais ne laisse rien paraître et tente de relancer la conversation en picorant ses myrtilles :

— Salut ! J'ai l'impression que ça fait une éternité qu'on ne s'est pas vus. De quoi vous parliez avant que j'arrive ?

Naeryn, l'irrécupérable glouton du groupe, recrache la moitié de ses noix dans une quinte de toux irritée.

— J'étais en train de dire que je me sentais un peu ballonné... Je vais aller prendre l'air quelques instants, en espérant que ça passe.

— Je t'accompagne, propose aussitôt Ellithir.

— Toi, ballonné, avec tout ce que tu engouffres ? Comme c'est surprenant ! le raille Soarën.

— C'est ça... marmonne Naeryn.

Il quitte la table sans lui adresser un regard, imité par son ami à côté duquel l'apprenti Traqueur vient de s'asseoir. Les deux Elfes emportent leurs bols avec eux pour terminer leur repas dehors, sûrement assis au bord de l'escalier de l'Érable géant, les jambes pendues dans le vide. Plus loin sur le banc, Ayeden termine d'avaler son repas en quatrième vitesse et ne tarde pas à disparaître, lui aussi. Seul reste Dyntaëll, son meilleur ami, installé en diagonale de lui. Soarën fait mine d'ignorer le comportement blessant de leurs camarades et lui adresse un sourire amer.

— Et toi, tu vas bien ?

— Oui.

L'Elfe à la chevelure blanche méchée de vert semble à peine prêter attention à lui. Soarën soupire avec déception. Tant pis pour les autres, mais... il espérait que Dyntaëll réagisse différemment. Il ne cherche pas à insister et baisse le nez vers son propre bol en marmonnant :

— Ayez au moins le courage de me dire en face que vous ne voulez plus me voir, plutôt que de me fuir comme des lâches.

— Je n'ai jamais dit que je ne voulais plus te voir, proteste Dyntaëll en haussant un sourcil. Et je suis sincèrement heureux que tu sois de retour parmi nous. Je me suis inquiété, et Ötellan aussi, le Maître Traqueur et ton père n'ont jamais voulu nous révéler le motif de ton absence.

Heureux d'avoir un peu de compagnie malgré tout, Soarën s'apprête à poursuivre la conversation. Mais Dyntaëll se lève, et il réalise avec consternation que celui-ci a également terminé de manger.

— Excuse-moi, je vais profiter de la pause pour passer voir Öte... On se retrouve plus tard ?

À peine a-t-il le temps d'accepter que son meilleur ami l'a déjà laissé seul. Se sentant aussi idiot et mal à l'aise qu'un poisson hors de l'eau, Soarën referme lentement la bouche. Il baisse les yeux vers son bol encore à moitié rempli. Ses poings se serrent peu à peu et il finit par le repousser, l'appétit coupé. Dyntaëll lui a pourtant fourni un semblant d'espoir, mais non. Il est comme les autres. À partir d'aujourd'hui, la moindre excuse sera bonne pour le fuir, comme s'il était un pestiféré. La rancœur et la colère reviennent le ronger.

— Quelle bande d'hypocrites, crache-t-il à voix basse. Des idiots incapables de penser par eux-mêmes, voilà ce qu'ils sont !

Sans s'en rendre compte, il a terminé sa phrase en hurlant. Son bol de nourriture a connu le même sort que sa bassine d'eau autrefois : il a volé à travers le creux et a disparu à l'extérieur pour rejoindre le sol des dizaines de mètres plus bas. L'endroit, pourtant d'ordinaire bruyant et animé, s'est fait tout à coup silencieux. Debout auprès de sa table, Soarën tremble de fureur. Bien évidemment, c'est lui que l'on regarde, encore et toujours. Le mouton noir... il s'accorde bien avec Discorde et Funest, tiens. En apercevant une silhouette longiligne aux cheveux courts s'approcher de lui, il roule des yeux, excédés. Pourquoi diable faut-il que Nemen choisisse ce moment pour venir faire son intéressant ?!

— Le repas est un moment de calme et de détente. Tu es prié de baisser d'un ton.

— Je suis au courant, je te remercie ! Pas la peine de me le rappeler comme si je venais à peine d'arriver chez les Traqueurs !

— Qu'est-ce que je viens de te demander ? répète Nemen, agacé.

La mâchoire contractée, il profite de ses quelques centimètres supplémentaires pour le toiser de haut, froidement. Soarën hait quand il fait cela. Mais contrairement aux autres fois, il rajoute dans son comportement une nuance évidente de menace sous-jacente qui achève de faire sortir l'apprenti Traqueur de ses gonds. Il doit faire appel à toute la force de sa volonté pour s'empêcher de le frapper, et lui adresse à la place une litanie d'injures elfiques à voix basse. Puis il tourne les talons et quitte les lieux sans un mot ni un regard pour quiconque, seul et blessé. Après son départ, le brouhaha revient peu à peu. Nemen retourne se rasseoir à sa place, satisfait. Quant à Arëndrill, qui a suivi leur altercation de loin, il adresse un signe discret à Edwyn. L'épervier obéit et se charge de suivre Soarën.

Malgré tout son enthousiasme, l'apprenti Traqueur ne se rend pas au cours de l'après-midi. Il l'aurait souhaité, mais... sa rage soudaine contre Nemen l'a effrayé. Il s'est rappelé toutes les autres fois où sa colère a pris le dessus. Ce midi, les choses ont failli dégénérer à nouveau. Ses camarades en auraient-ils fait les frais ? Il l'ignore, et ne tient pas à le savoir.

Soarën erre au hasard dans le village, mal à l'aise. La présence de Funest et de Discorde à ses côtés lui donne l'impression que ses sens sont surdéveloppés. En temps normal, cela ne le gênerait pas. Cependant, sentir le poids des regards méfiants sur lui, entendre les murmures de jugement qui se taisent à son passage pour mieux reprendre dans son dos, éprouver tout autour de lui cette angoisse sourde que le malaise de ses Compagnons exacerbe... l'apprenti Traqueur n'en peut plus. Pour la première fois de sa vie, il rêverait d'avaler un inhibiteur de sens pour ignorer le monde qui l'entoure. Un monde autrefois chaleureux et aimant, dans lequel il se sentait en sécurité, devenu l'ombre de lui-même. Désormais, ce monde est empli de froideur et d'aversion envers lui, lorsqu'il ne s'agit pas de terreur ou de haine pure. Aujourd'hui, il ne se reconnaît plus dans ce village où il a pourtant grandi durant deux siècles et demi.

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