🌲 Chapitre 9.3 🌲

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De retour dehors sous une pluie battante, mais ravi d'avoir en ligne de mire un objectif qui le fera retrouver ses Compagnons pour quelques heures, Soarën traverse le village d'Obwald, dont il a appris le nom auprès du sympathique aubergiste. Il va frapper à la porte de l'homme qu'il espère aider. Encore une fois, il s'agit d'un vieillard, qui n'a pas la force de partir lui-même à la chasse. L'Elfe passe une dizaine de minutes chez le vieil homme, le temps que celui-ci lui précise quelles viandes il souhaiterait en particulier et la manière dont il sera payé. Il lui met sous le nez un papier détaillé qu'il lui demande de signer, où sont indiqués les prix en fonction des animaux et des quantités rapportées. Le vieillard doit avoir l'habitude de gérer ainsi ses provisions chaque année. Sans savoir quoi mettre, Soarën se contente d'écrire son prénom au bas du document. Il hoche calmement la tête aux conditions du grand-père, bien que sa méfiance exagérée l'agace. Encore une fois, son statut d'Elfe passe mal auprès des Humains.

Une fois qu'il a réussi à quitter le vieil homme en lui promettant au moins trois fois qu'il ne lui fera pas faux bond et reviendra avec la viande promise, Soarën quitte le village d'Obwald et va retrouver ses Compagnons. La météo capricieuse a décidé de lui donner un coup de pouce en faisant cesser la pluie. Il n'y a pas de grand ciel bleu, mais c'est toujours mieux que d'avoir des torrents d'eau qui se déversent sur sa tête. La terre assoiffée a absorbé toute l'humidité, mais de larges flaques miroitantes stagnent dans les étendues rocheuses, ce qui les aidera dans leur chasse : ils pourront entendre les pas de leurs proies dans l'eau.

— Il veut qu'on lui donne quoi à manger ? se renseigne Funest lorsque Soarën leur parle de la mission qu'ils ont à accomplir.

— À peu près tout ce qu'on peut trouver. Il voudrait aussi des Elkins, mais je lui ai dit que ce n'était pas possible.

— Des Elkins ? répète le loup sans comprendre.

— C'est le nom des grands animaux avec les poils et les pointes sur leurs têtes.

— Oh ? Je ne savais pas. Et les blancs plus petits que moi avec la grosse queue toute douce et dorée ?

— Ce sont des Gouras.

— Et les...

Tandis qu'ils traquent la moindre créature dont ils détectent la trace, Soarën apprend à ses Compagnons tous les noms d'animaux qu'il a découvert auprès du vieillard. Il leur faut un long moment avant de débusquer leur première proie, mais une fois celle-ci repérée, leur chasse est un succès. En plus de trois Gouras, ils mettent la main sur quelques petits rongeurs bruns et dodus. Soarën s'occupe de les faire fuir de leurs terriers, tandis que Discorde et Funest en arrêtent le plus possible. C'est une bonne douzaine de petits cadavres encore chauds que l'Elfe entasse dans le grand sac que lui a fourni le vieillard. Il y en avait vingt au départ, mais ses deux Compagnons ont eu droit à leur part du festin. Il n'a pas oublié que ce soir, eux dormiront dehors.

Le soir ne va pas tarder à tomber. Soarën les guide vers Obwald, fier de leur succès. Il est en train de féliciter chaleureusement le loup et la chouette lorsqu'il se tait subitement, tous ses sens aux aguets. Un bruit étrange d'origine animale, semblable à une plainte agacée et désagréable, s'est fait entendre quelques mètres plus loin, par-delà un talus de pierre. L'Elfe adresse un regard interrogateur à Discorde, perchée sur son épaule.

— Tu peux aller voir ? Si c'est ce que je pense, ce serait une excellente nouvelle pour finir la journée...

La chouette s'envole et disparaît pendant quelques instants dans les nuages bas qui ont peu à peu envahi le ciel de cette fin d'après-midi. Soarën et Funest attendent son retour, fébriles. Leurs instincts de Traqueur et de chasseur ont déjà pris le dessus. Cinq minutes plus tard, Discorde les rejoint et annonce exactement ce qu'espérait son Compagnon :

Soarën [MYSTIS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant