Soarën [MYSTIS]

By Chl007

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La forêt de Telendriss est la demeure ancestrale de la communauté d'Elfes dont fait partie Soarën. Audacieux... More

🌲 Chapitre 1.1 🌲
🌲 Chapitre 1.2 🌲
🌲 Chapitre 1.3 🌲
🏹 Chapitre 2.1 🏹
🏹 Chapitre 2.2 🏹
🏹 Chapitre 2.3 🏹
🏹 Chapitre 2.4 🏹
🌲 Chapitre 3.1 🌲
🌲 Chapitre 3.2 🌲
🌲 Chapitre 3.3 🌲
🏹 Chapitre 4.1 🏹
🏹 Chapitre 4.2 🏹
🌲 Chapitre 5.1 🌲
🌲 Chapitre 5.2 🌲
🌲 Chapitre 5.3 🌲
🏹 Chapitre 6.1 🏹
🏹 Chapitre 6.3 🏹
🏹 Chapitre 6.4 🏹
🌲 Chapitre 7.1 🌲
🌲 Chapitre 7.2 🌲
🌲 Chapitre 7.3 🌲
🌲 Chapitre 7.4 🌲
🏹 Chapitre 8.1 🏹
🏹 Chapitre 8.2 🏹
🏹 Chapitre 8.3 🏹
🏹 Chapitre 8.4 🏹
🌲 Chapitre 9.1 🌲
🌲 Chapitre 9.2 🌲
🌲 Chapitre 9.3 🌲
🌲 Chapitre 9.4 🌲
🏹 Chapitre 10.1 🏹
🏹 Chapitre 10.2 🏹
🏹 Chapitre 10.3 🏹
🌲 Chapitre 11.1 🌲
🌲 Chapitre 11.2 🌲
🌲 Chapitre 11.3 🌲
🌲 Chapitre 11.4 🌲

🏹 Chapitre 6.2 🏹

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By Chl007

Le lendemain, en déjeunant avec ses parents avant de partir, Soarën constate que sa mère est toujours crispée. Il discute avec elle pour la rassurer et la détendre. La technique n'est pas efficace, et il finit par soupirer.

— Ne t'en fais pas, maman, tout va bien se passer. Tu n'as pas à t'inquiéter.

— Je prie pour que tu aies raison, Soa...

Il fronce discrètement les sourcils à sa réponse. Pour qu'Eylinn elle-même se mette à parler de prières, c'est qu'elle est encore plus angoissée qu'il le pensait. Son petit-déjeuner fini, il attrape un morceau de viande pour Funest, salue ses parents et quitte le Bosquet avant eux. Il préfère prendre de l'avance, le temps d'aller retrouver son Compagnon et de gravir avec lui les centaines de marches en colimaçon de l'Érable géant. La montée, qui ne lui prendrait que quelques secondes en sautant de branche en branche, va lui demander plusieurs minutes. Mais c'est le prix à payer pour avoir la joie de voir Funest se dresser à ses côtés sur la place d'Érable.

Soarën rejoint son loup, qu'il nourrit et avec qui il parle pendant un moment. Puis, d'une allure tranquille, ils se dirigent vers le village, qu'ils commencent à traverser ensemble. Funest marche près de son Compagnon, tandis que Discorde vole non loin au-dessus d'eux. L'apprenti Traqueur s'est rarement senti aussi heureux et fier. Ils croisent quelques Elfes en chemin. Soarën commence à saluer d'un signe de tête ceux qu'il connaît vaguement, un grand sourire plaqué sur ses lèvres. Mais son enthousiasme redescend bien vite. Les regards qui se posent sur lui sont pour la plupart intrigués et méfiants. Quelques-uns sont déjà clairement froids et hostiles. Il serre les dents. Son père l'avait pourtant prévenu.

— Eux peur... gémit Funest, mal à l'aise.

— Ça leur passera, affirme Soarën d'une voix sèche, avant de radoucir son ton pour le rassurer : Ne t'en fais pas Fun, même s'ils ne t'aiment pas, ils ne te feront rien, je te le jure.

Le canidé s'ébroue et retrouve un peu de sa bonne humeur. Il aime ce surnom que lui a donné son Compagnon : Fun. C'est court, percutant et joyeux. Discorde n'y a pas échappé non plus, bien qu'elle continue à lever les yeux au ciel lorsque Soarën l'appelle Dix. Ils continuent à avancer jusqu'à atteindre l'Érable géant, dont ils commencent à monter l'escalier. En son for intérieur, l'apprenti Traqueur se fiche bien des regards et des avis de tous ces Elfes qu'il ne connaît pas. En revanche, il espère que ses camarades de caste, avec qui il évolue chaque jour, se montreront plus indulgents envers Discorde et Funest. Et surtout plus réfléchis que le reste de ces idiots qui croient les yeux fermés à une légende étrangère sortie de nulle part !

Le loup noir en a bientôt assez de tous ces paliers de bois qu'il leur faut escalader. Il le fait savoir à Soarën et couine de désespoir quand celui-ci lui répond qu'ils n'en sont qu'à la moitié de leur ascension. Dépité, Funest jette un coup d'œil sur le côté. Sidéré de se trouver truffe à truffe avec tous ces feuillages qu'il n'a jamais admiré d'aussi près, il se rapproche prudemment du bord des escaliers pour regarder en bas. Mal lui en prend.

Voir le sol si lointain, si minuscule en contrebas, le fait vaciller. Il songe à ce qui l'attend s'il chute et se voit déjà écrasé comme un insecte. Quelle douleur ce doit être ! La mort assurée, certainement... Envahi d'une terreur sans nom dont il ne se serait jamais douté, Funest recule d'un bond en poussant un glapissement. Atteint de plein fouet par son affolement, Soarën hoquette. Il ne s'est toujours pas habitué au lien émotionnel qui le lie à ses Compagnons. Doucement, il tente d'apaiser son loup en lui parlant. Il en profite pour lui apprendre le sens du mot « vertige » et échanger leur place dans les escaliers. S'il tombe, il saura se rattraper. Pas Funest.

— Comment oiseaux faire pour voler ? soupire celui-ci avec angoisse en jetant un timide coup d'œil à Discorde, qui batifole depuis plusieurs minutes dans les courants d'air ascendants.

— C'est être normal chez nous. Pour ça que nous ont des ailes et des plumes !

— C'est normal et nous avons, Dix.

— Je fais ce que je pouvez.

— Peux.

— Vous parler compliqué, commente Funest, à qui leur discussion fait momentanément oublier la phobie qu'il vient à peine de se découvrir. Pourquoi pas simple comme nous ?

— Mais il y a beaucoup de choses que vous n'êtes pas capables d'exprimer avec votre langage, rétorque Soarën. Surtout les émotions. Regarde : tu n'avais aucun mot pour décrire ton vertige.

Le loup frémit à ce rappel de sa terreur et ne répond rien, rivant obstinément son regard améthyste sur le bois taillé des marches qu'il monte deux à deux. Alors qu'ils ne sont plus bien loin du sommet, une grande et profonde ouverture dans le tronc apparaît sur sa gauche. Funest s'arrête quelques secondes pour en examiner l'intérieur avec curiosité. Lorsqu'il voit Soarën s'y engager, il s'empresse de lui emboîter le pas. Il trouve étrange d'être en intérieur dans un arbre... mais préfère largement cela plutôt que cet escalier perché au-dessus du vide ! Discorde se pose sur une marche pour les attendre, mais l'apprenti Traqueur lui fait signe de s'avancer dans le creux avec eux avant d'appeler :

— Maître ? Vous êtes là ?

Une voix lui répond un peu plus loin, faisant dresser les oreilles à Funest. Quant à Discorde, venue se percher sur son dos, elle analyse leur environnement d'un bref coup d'œil. Les espaces les plus obscurs n'ont aucun secret pour ses yeux de chouette, malgré leur coloris inhabituel, et elle décèle aussitôt le nid caché en hauteur dans un renfoncement de bois, ainsi que l'épervier qui s'y tient dissimulé. Elle chuinte tout bas pour avertir Soarën de sa présence. Celui-ci la rassure.

— C'est Edwyn, le Compagnon de mon Maître. Ne t'inquiète pas, il ne te fera pas de mal, Dix.

L'autre rapace l'a entendu et a tourné la tête dans sa direction. Au regard farouche et glacial qu'il pose sur elle, Discorde ne peut pas s'empêcher de douter des paroles de Soarën. Elle n'aime pas ses yeux jaunes et brillants, ni la manière dont il la toise de haut. Elle finit par l'ignorer pour porter son attention sur l'autre Elfe avec qui son Compagnon est en train de parler. Ses cheveux longs de la couleur des brumes sont à la fois libres et tressés. Des mèches entortillées sur elles-mêmes partent du niveau de ses yeux, qu'il a aussi dorés que l'épervier, pour se rejoindre derrière son crâne. Les bandes de petits poils au-dessus de ses paupières sont grises elles aussi. Quelques discrets sillons sont affichés dans sa chair : Discorde a déjà pu remarquer que cela indique la vieillesse des Elfes. Le père de Soarën en porte aussi.

Celui-ci se décale légèrement et les indique, Funest et elle, d'un signe du bras. La chouette observe avec attention le Maître de leur Compagnon se diriger vers eux. Son pas est silencieux et souple, faisant honneur à sa réputation de Traqueur. Il s'agenouille devant eux et les fixe à tour de rôle avec intensité. Discorde ressent une sorte de noblesse émaner de lui. Cet Elfe est bon et juste. Pour ce qui concerne son épervier, en revanche...

Funest bondit soudain en arrière, et elle-même ébouriffe ses plumes avec un cri menaçant lorsque l'ombre d'Edwyn les recouvre. Écartant ses ailes larges, le rapace qui fait le double de sa taille se pose sur l'épaule du Maître de Soarën et pousse un petit sifflement de mise en garde. Ils sont tous les deux des oiseaux : elle parvient à le comprendre sans peine.

— Mon Compagnon a reçu des ordres. Nous allons devoir vous surveiller. Ce n'est pas contre vous, mais il n'a pas le choix.

Discorde s'apaise en comprenant que ni l'Elfe, ni l'épervier ne leur veulent de tort. Cependant, elle se retrouve gênée. Elle a conscience qu'Edwyn parle bien mieux qu'elle. En faisant des fautes devant lui, elle risque de passer pour un oisillon à ses yeux, mais ne pas répondre serait faire preuve d'impolitesse, ce à quoi elle se refuse également.

— D'accord, se contente-t-elle de répondre prudemment.

À son plus grand soulagement, il ne lui dit rien d'autre. Le Maître de Soarën se relève et se retourne. Lui aussi le prévient des décisions prises par le Conseil. Comme son père, il l'avertit des idées reçues qui circulent à son sujet depuis plusieurs jours, et des opinions préconçues que certains de ses camarades se sont déjà mis en tête. En apprenant de la bouche d'Arëndrill que les apprentis Traqueurs eux-mêmes le considèrent d'un œil nouveau, l'assurance que Soarën s'était efforcé de porter par-devers lui à bout de bras commence à s'effriter. Serrant les dents, il laisse son insolence prendre le pas sur son inquiétude en guise de bouclier.

— Nemen a décidément l'air doué pour convertir les autres à sa cause, raille-t-il avec amertume. Je vais finir par me demander s'il n'a pas un lien de parenté caché avec cet idiot de Maître Enseignant.

— Modère tes propos, mon garçon, le reprend sévèrement Arëndrill. Et reste prudent face à tes camarades. Avec ce qu'ils ont désormais en tête, songe que la moindre de tes paroles pourrait être interprétée de nombreuses manières, répétée et déformée, pour finalement être réutilisée contre toi.

— Hm. Je ne l'oublierai pas, Maître.

Une nuance de haine transparaît dans le souffle rauque de son élève. Bien que légère, elle n'échappe pas à l'oreille attentive d'Arëndrill.

— Je te sens contrarié, Soarën.

— Évidemment ! Ils écoutent sans réfléchir ce que Wythir Farleth leur raconte pour les dresser contre moi, et détestent déjà Funest et Discorde alors qu'ils ne les connaissent même pas !

Il serre les poings et jure en elfique, emporté par sa colère.

— Le Maître Enseignant m'écœure. Je le déteste.

Arëndrill Sylla'seth hausse un sourcil perplexe. La mort dans l'âme, il transmet mentalement à Edwyn que leur surveillance va devoir se faire plus étroite que ce qu'il espérait. Quelque chose cloche dans le comportement de Soarën, un détail sur lequel il n'arrive pas à mettre le doigt. Bien sûr, cela arrive parfois à son élève de s'énerver ainsi, comme à chaque Elfe. Mais d'ordinaire, il sait rester maître de lui et fait passer sa mauvaise humeur dans des boutades insolentes et une assurance excessive.

— Laissons cela de côté pour le moment et rejoignons la place d'Érable, prononce-t-il fermement pour empêcher Soarën de s'épancher davantage sur le sujet. Le cours doit bientôt commencer.

— Funest et Discorde peuvent-ils venir ?

— Bien sûr. Pourquoi ne le pourraient-ils pas ?

— Peut-être que vous ne souhaiteriez pas les voir perturber l'attention des autres élèves, marmonne l'apprenti Traqueur en lui emboîtant le pas dans les escaliers.

— Si tel est le cas et qu'ils n'en sont en rien responsables, alors c'est en leur faveur que j'interviendrai, sache-le. Les plus âgés d'entre vous assistent à mes cours avec leurs Compagnons : je ne vois pas sous quel prétexte je te l'interdirais.

— Une saleté de légende parlant d'un démon à deux Compagnons, peut-être ?

Quelques marches avant d'atteindre la place d'Érable, Arëndrill se retourne. Oubliant ses blessures, il avance une main pour la poser sur l'épaule de son élève, par habitude. Celui-ci esquive son geste d'un mouvement assez brutal, que son humeur maussade accentue.

— Soarën, écoute-moi, je te prie.

— Quoi ?

La paume que le Maître Traqueur applique d'ordinaire sur son épaule s'élève à la verticale pour venir, l'espace d'un instant, se presser contre son cœur.

— Peut-être suis-je effectivement le seul à le croire encore, avec tes parents. Mais je ne pense pas que Funest et Discorde puissent mettre notre village à feu et à sang. Et, surtout, je sais que tu n'as rien de démoniaque en toi, mon garçon. Si tu tiens à garder la tête haute et à considérer avec mépris tous ceux qui te tournent à présent le dos, alors je ne peux t'en empêcher, soupire-t-il.

Sa main s'élève pour venir un instant suivre du bout des doigts les flèches noires qui ornent les pommettes de son élève.

— Mais je te prierais de ne pas oublier ce que je t'ai dit le jour où j'ai inscrit la marque de notre caste sur ta peau...

— Respectez-vous mutuellement et apprenez les uns des autres. Vous êtes alliés et frères : faites honneur à notre peuple et à nos traditions, récite Soarën d'une voix tremblante. Vous avez raison, Maître... Pardonnez mon comportement, je suis désolé.

— Bien. À présent, es-tu prêt à rejoindre les autres et à leur faire face avec tes Compagnons à tes côtés ?

— Je le suis.

— Alors allons-y.

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