Soarën [MYSTIS]

By Chl007

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La forêt de Telendriss est la demeure ancestrale de la communauté d'Elfes dont fait partie Soarën. Audacieux... More

🌲 Chapitre 1.1 🌲
🌲 Chapitre 1.2 🌲
🌲 Chapitre 1.3 🌲
🏹 Chapitre 2.1 🏹
🏹 Chapitre 2.2 🏹
🏹 Chapitre 2.3 🏹
🏹 Chapitre 2.4 🏹
🌲 Chapitre 3.1 🌲
🌲 Chapitre 3.2 🌲
🌲 Chapitre 3.3 🌲
🏹 Chapitre 4.1 🏹
🏹 Chapitre 4.2 🏹
🌲 Chapitre 5.1 🌲
🌲 Chapitre 5.2 🌲
🌲 Chapitre 5.3 🌲
🏹 Chapitre 6.2 🏹
🏹 Chapitre 6.3 🏹
🏹 Chapitre 6.4 🏹
🌲 Chapitre 7.1 🌲
🌲 Chapitre 7.2 🌲
🌲 Chapitre 7.3 🌲
🌲 Chapitre 7.4 🌲
🏹 Chapitre 8.1 🏹
🏹 Chapitre 8.2 🏹
🏹 Chapitre 8.3 🏹
🏹 Chapitre 8.4 🏹
🌲 Chapitre 9.1 🌲
🌲 Chapitre 9.2 🌲
🌲 Chapitre 9.3 🌲
🌲 Chapitre 9.4 🌲
🏹 Chapitre 10.1 🏹
🏹 Chapitre 10.2 🏹
🏹 Chapitre 10.3 🏹
🌲 Chapitre 11.1 🌲
🌲 Chapitre 11.2 🌲
🌲 Chapitre 11.3 🌲
🌲 Chapitre 11.4 🌲

🏹 Chapitre 6.1 🏹

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By Chl007

Trois jours après son retour au village, Soarën commence à être vraiment rétabli. Bien qu'il ait d'ordinaire une cicatrisation facile, les blessures causées par ses Compagnons sont profondes, notamment celles dont Funest est responsable. Elles se sont refermées, mais demeurent fragiles : il ne sera pas totalement guéri avant la fin de semaine. L'apprenti Traqueur a conscience d'être toujours affaibli et que toutes ses capacités ne lui sont pas encore revenues. Cependant, l'ennui commence déjà à le ronger. Il lui est de plus en plus difficile de passer ses journées au lit sans rien faire.

— Je vais retourner à la place d'Érable demain, annonce-t-il le soir même, pendant le repas. Je verrai avec Arëndrill pour ce qui concerne les entraînements de l'après-midi, mais je voudrais au moins assister aux cours du matin. Je n'en peux plus d'être enfermé ici.

Il pensait que ses parents seraient heureux de le voir remis sur pied. Mais au contraire, ils se font silencieux et échangent un regard inquiet. Soarën fronce les sourcils face à leur réaction.

— Qu'est-ce qu'il y a ? Vous pensez que je devrais attendre encore un peu ?

En les voyant déposer leurs couverts et se mettre à le fixer gravement, il commence à angoisser. Pour qu'ils interrompent le repas ainsi, c'est que le sujet est grave. Il devine que le problème n'est pas seulement lié au degré de cicatrisation de ses blessures.

— Soarën, tu te rappelles que ton père s'est rendu à une session du Conseil, il y a quelques jours ?

— Oui, pourquoi ?

Eylinn hésite, puis se tait. Ce n'est pas à elle d'en parler : elle n'est même pas supposée être au courant de tout cela. Elle secoue la tête et jette un regard en coin à Ylendar. Celui-ci comprend son message silencieux et reprend donc les rênes de la conversation avec un soupir tendu.

— C'est de toi dont nous avons parlé ce soir-là, mon grand.

— De moi ?

Comme il l'avait décidé, Ylendar transgresse pour la seconde fois les règles du Conseil. Il explique calmement à Soarën tout ce qui s'est dit entre les Maîtres et les Anciens. Il lui raconte aussi la légende des terres de l'Est, en reprenant les mots exacts prononcés par leur doyen, et non ce que le Maître Enseignant prend la liberté d'y ajouter pour leurs jeunes générations. Son cœur se serre en voyant le visage de son fils se décomposer peu à peu, d'abord à la mention de ce démon fantasmagorique, puis en apprenant que le Conseil a voulu le bannir, pour finalement le placer sous surveillance. Il s'apprête à protester avec véhémence... mais reste muet.

Il a menti à ses parents, en racontant que ses blessures lui venaient d'un lynx sauvage dérangé en plein repas. Il a prétexté être trop hypnotisé par l'appel de ses Compagnons pour faire attention à l'animal. Ylendar a accepté sa version des faits sans chercher plus loin, comprenant mieux la réaction coupable du loup noir lorsqu'il lui a évoqué ce sujet. Il s'en voulait de ne pas avoir pu protéger son fils...

L'apprenti Traqueur n'a pas parlé de cette brume noire qui a rendu fous Funest et Discorde. Cette force ténébreuse qui se trouve à présent terrée en lui... Elle ne s'est pas manifestée de nouveau, mais peut-être attend-elle seulement son heure ? Soarën pince les lèvres, si fort qu'elles en blanchissent, comme si la fumée sombre pouvait de nouveau s'échapper de lui par cette voie et s'en prendre à sa famille. Est-ce un parasite immatériel, un esprit du mal ? Cette entité appartient-elle aux divinités que respectent les Prieurs ? Il n'en sait rien. Sa seule certitude, c'est que cette chose lui fait peur... Et qu'elle pourrait effectivement s'en prendre au reste du village pour tous les tuer, comme le suggère la légende des terres de l'Est. Comme Funest et Discorde ont voulu l'achever, lui.

— Je comprends la méfiance du Conseil, murmure-t-il, la mort dans l'âme. Surveillez-moi, puisqu'il le faut. Je n'ai pas mon mot à dire, de toute manière...

— Malheureusement, ce n'est pas tout. Soarën... Il y a certaines choses dont il faut que tu sois conscient avant de reprendre ta formation avec Arëndrill.

— De quoi parles-tu, papa ?

L'apprenti Traqueur se rend compte avec stupéfaction que sa mère a serré les poings et détourné le regard. Il se penche légèrement vers elle. Par instinct, elle cherche à se reculer davantage, mais Soarën insiste en se dévissant le cou. Ses longs cheveux clairs caressent ses avant-bras déjà correctement cicatrisés sans qu'il n'y réagisse. De discrètes perles salées luisent aux coins des yeux d'Eylinn, et son fils écarquille les siens, sidéré.

— Maman, tu... ?

— Excuse-moi un instant, Soa, laisse-t-elle échapper dans un sanglot qu'elle peine à étouffer. Ylendar, ne m'attends pas.

Elle se lève et quitte la pièce d'un pas précipité. Le rideau de leur chambre, tiré derrière elle à la hâte, indique clairement qu'elle ne veut pas être dérangée et ne reviendra pas avant un moment, contrairement à ce qu'elle a dit. Soarën sent sa gorge se serrer en devinant qu'il est à l'origine de l'état déplorable de sa mère. Impuissant, il fixe l'épais rideau de larges feuilles cousues en balbutiant quelques mots incompréhensibles. Puis il adresse un regard perdu et malheureux à son père. Celui-ci pressent avec amertume que ce n'est que le premier d'une longue série.

— Pourquoi est-elle dans cet état ? J'ai fait quelque chose de mal ?

— Non, absolument pas ! Au contraire. Soarën, si tu as une seule chose à retenir de tout ça, c'est que tu n'as rien fait de mal. N'oublie pas, n'oublie jamais que tu n'y es pour rien, insiste le Maître Artisan. D'accord, mon grand ?

— Euh, oui, d'accord... Mais explique-moi.

Ylendar respecte sa parole et n'omet rien. Il lui raconte tout. Le Maître Enseignant se plaît à raconter, depuis trois jours, la légende du démon fou et de ses deux Compagnons à chaque classe de jeunes qu'il reçoit. Les rumeurs se répandent peu à peu : les petits Elfes impressionnables ont eu tôt fait de relater cette histoire à leurs familles, leurs aînés et leurs amis. Lui-même, en tant que Maître Artisan, commence à ressentir des tensions de la part de ses élèves qui savent que Soarën est son fils. Et ce soir, avant qu'il ne quitte les Bourgeons, un Préparateur est venu le voir avec inquiétude et méfiance. Il l'a interrogé en laissant sous-entendre à demi-mot que l'absence d'Eylinn était peut-être due à la violence de son fils, qui par ailleurs prenait étrangement soin de se tenir dissimulé depuis son retour.

Tant d'idées fausses et d'hypocrisie donnent le vertige à l'apprenti Traqueur. Ces inconnus ne savent rien de lui ni de ses Compagnons. Comment peuvent-ils oser prétendre des choses pareilles ? Il n'arrive pas à se rendre compte de ce que signifient réellement les paroles de son père. Perturbé par ce qu'il apprend, il reste silencieux un moment, puis finit par hausser les épaules.

—Quand ils comprendront que Funest et Discorde n'ont rien de diabolique, ils s'en désintéresseront et tout rentrera dans l'ordre. C'est juste l'affaire de quelques temps. Pas vrai ?

— J'ai peur que les choses soient plus compliquées, soupire Ylendar.

— J'arriverai à les gérer, ne t'en fais pas, sourit Soarën, confiant, avant de se lever avec précaution. Dis, est-ce que tu peux me rendre un service ?

— Bien sûr, que veux-tu ?

— Va rassurer maman et la consoler... Je n'aime pas la voir dans cet état, marmonne-t-il. Moi, je vais aller voir Funest.

— D'accord. Ne tarde pas trop, mon grand. Tu as encore besoin de te reposer. Surtout si tu veux retourner avec les Traqueurs demain... tu es vraiment sûr de toi ?

— Oui. Je vous l'ai dit, si je passe encore une journée en étant coincé à la maison sans rien pouvoir faire, je vais devenir fou.

Ylendar laisse échapper un rire nerveux face à sa plaisanterie. Mais malgré lui, les mots utilisés par son fils le perturbent. Fou... N'est-ce pas ainsi que la légende des terres de l'Est décrit le démon aux deux Compagnons ?

Le Maître Artisan secoue la tête pour chasser cette pensée dérangeante de son esprit. Il se charge d'aller décrocher un quartier de viande pour Funest ; les blessures partiellement cicatrisées de Soarën lui sont encore douloureuses lorsqu'il cherche à lever les bras. Puis, tandis que son fils passe par l'intérieur du Bosquet pour descendre avec prudence retrouver son Compagnon quadrupède, Ylendar pénètre prudemment dans la chambre qu'il partage avec Eylinn et va l'enlacer sans un mot.

Soarën parvient sans trop de difficulté au bas des ifs géants et s'en éloigne en souriant, fier de lui. La veille, ses parents ont encore dû l'accompagner, car ses bandages restreignaient la plupart de ses gestes. Mais la douleur reflue de jour en jour, et il est de nouveau capable de se déplacer seul. Même si ses mouvements sont plus lents et prudents qu'à l'ordinaire, cela reste une belle avancée.

C'est aux abords du village qu'il retrouve Funest. Heureux de le revoir, celui-ci manque de lui bondir dessus en jappant joyeusement. Soarën doit lui rappeler qu'il est alité, et le loup réfrène ses ardeurs en baissant les oreilles. Mais leurs relations se sont grandement améliorées : l'Elfe ne rajoute pas que c'est de sa faute s'il est dans cet état. Son Compagnon se sent suffisamment coupable comme ça. Il ne veut pas lui faire davantage de peine.

— Tu as trouvé le ruisseau dont je t'ai parlé ?

— Oui ! Eau bonne !

— Ça reste un cours d'eau comme un autre, je ne vois pas ce que tu lui trouves de particulier, relève Soarën avec perplexité.

Funest arrache entre ses dents une longue lamelle de viande, qu'il gobe goulûment comme un louveteau. Puis il tente d'expliquer, entre deux mastications :

— Pas terre avec. Pas animaux ou étrange.

— Étrange ?

— Sœur blanche de moi boire eau étrange. Sœur blanche malade après.

— Ah, je vois. Effectivement, il devait y avoir quelque chose dans l'eau qu'elle a bue. Ou bien... Vous n'étiez pas au bord d'une mer, par hasard ?

Funest ne comprend pas la question de son Compagnon, pensant qu'il parle de sa génitrice. Comme il l'a déjà fait avec beaucoup d'autres, Soarën lui explique ce mot inconnu. Non loin de là, discrètement perchée dans un aulne, Discorde boit elle aussi ses paroles. Contrairement à Funest, elle écoute avec attention chaque conversation d'Elfes qu'elle parvient à entendre. Elle n'en saisit pas toujours le sens, mais cela lui permet d'améliorer son langage plus rapidement que le loup, bien qu'elle ait encore des lacunes.

Soarën passe une bonne heure avec ses Compagnons. Il les avertit qu'ils pourront enfin faire leurs premiers pas à ses côtés dans le village demain. Si Funest en est ravi, c'est moins le cas de Discorde. Elle n'a pas pu s'empêcher de suivre la discussion que l'apprenti Traqueur a mené avec ses parents un peu plus tôt et appréhende les réactions de ses semblables. En apprenant cela, Funest se met à angoisser également. Il ne veut pas faire peur aux Elfes. La culpabilité qu'il éprouve du fait d'avoir blessé son Compagnon lui est devenue maladive. Ce dernier les rassure, confiant. Puis il souhaite une bonne nuit à Funest et rentre au Bosquet.

La remontée est plus ardue que la descente et lui prend plusieurs longues minutes. En chemin, il croise un autre Elfe. Les croisillons qui cernent ses biceps le désignent d'emblée comme un Veilleur. Bien qu'il lui soit inconnu, Soarën lui adresse un signe de tête par politesse. L'autre s'interrompt un instant dans sa progression pour le dévisager fixement en plissant les yeux. Intrigué, Soarën en fait autant : lorsqu'un échange de regard se fait aussi long, des paroles ne tardent généralement pas à suivre.

Cela ne manque pas.

— Va au diable, toi et tes bêtes noires, marmonne le Veilleur dans un souffle menaçant, avant de sauter deux étages d'un bond prodigieux et de rentrer chez lui sans un regard en arrière.

Sous le choc, Soarën reste immobile, le souffle coupé. Jusqu'à présent, il s'était habitué à se faire traiter ainsi par une seule personne : Nemen. Et encore... Il accueillait ses propos blessants par un haussement d'épaules insignifiant et répliquait de même. Mais là ? Que peut-il répondre face à cette haine injustifiée dont il est la cible privilégiée ? Chaque membre du village va-t-il se mettre à l'insulter ainsi ? Une nouvelle pensée lui parvient et lui glace le sang. Certains pourraient-ils aller jusqu'à s'en prendre à Funest ou à Discorde... voire à lui ?

— Quel idiot, chuinte l'effraie ombrée avec mépris. Tu venir ?

— Viens... la corrige l'apprenti Traqueur d'une voix blanche en reprenant son ascension. Tu viens. N'oublie pas de conjuguer tes verbes...

N'oublie pas, n'oublie jamais que tu n'y es pour rien, a dit son père.

Son père, qui ne semblait pas le croire quand il disait que ce n'était qu'une question de temps avant que tout redevienne comme avant. Sa mère, qui a fini en pleurs, incapable de supporter l'idée qu'il soit constamment rabaissé ainsi. Si elle savait, pourtant, ce que lui fait subir chaque jour cette voix intérieure pernicieuse... Elle s'est d'ailleurs tue depuis que ses Compagnons sont là. Soarën se méfie de ce répit inhabituel. Il ne peut pas croire qu'elle ait disparue pour de bon. Il la soupçonne de s'intéresser à cette forme noire qu'il porte à présent en lui.

En rentrant chez lui, il tend l'oreille, mais ne perçoit aucun bruit dans la chambre de ses parents. Supposant qu'ils se sont endormis, il va se coucher à son tour. Malgré tout, il reste impatient d'être au lendemain pour retrouver ses camarades, les cours d'Arëndrill qui le passionnent tant, et la traque qui est à présent toute sa vie. Cela ne fait qu'une dizaine de jours, mais il a l'étrange impression d'avoir quitté sa caste depuis une éternité. Sa hâte prend le dessus et efface de son esprit les paroles froides et haineuses que le Veilleur lui a lancé dans le cœur du Bosquet. Le sommeil l'emporte sans heurt ni cauchemar, accélérant d'autant plus sa guérison. Perchée à son poste de guet favori, au-dessus de sa tête de lit, Discorde le surveille durant son agréable périple au royaume des songes.

C'est là sa dernière nuit paisible. Mais cela, Soarën l'ignore.

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