Chapitre 79 (Partie 4)

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Le baron l'observa avec sévérité mais devant la bouille boudeuse du petit, il se laissa attendrir et finit par lui ébouriffer les cheveux.

– Et pour l'amour du ciel mets tes chaussures, ajouta-t-il pour la forme.

Spider s'avança vers les nouveaux arrivants de sa démarche sautillante. Elle était restée en alerte toute la nuit. Toula lui avait enfilée un pull en laine jaune qui lui donnait l'air d'un poussin croisé avec un rat. Elle frissonnait comme une feuille, le froid y était certainement pour quelque chose mais les petits lévriers dans son genre tremblaient aussi dès qu'ils étaient nerveux. Arcas la prit dans ses bras et la glissa dans les plis de son manteau pour qu'elle s'apaise.

– Qui est encore dans l'auberge Jimmy ?

– Nous trois, Mrs Seacole, Dogan à la cuisine et les malades.

– Tu t'habilles correctement. Et tu te tiens à coté de Toula au cas où.

– Au cas où quoi ?

Le baron l'ignora et ouvrit la porte qui menait à l'étage.

Sur le palier, l'une des portes donnait sur la chambre de Mary qu'il entendit ronfler doucement. La seconde, où filtrait un rayon de lumière était celle du dortoir. Il la poussa. Appuyée contre le mur, avachie sur une chaise à côté d'une petite lampe à huile, Diana dodelinait de la tête, épuisée. En silence, Cerberus sur les talons, Arcas entra sans réveiller son épouse. Il tira sa dague de sa botte et s'avança vers le fond de la pièce, marchant sans bruit entre la dizaine de lit qui s'alignaient de part et d'autre de la pièce séparés par des paravents de tissus. Spider se mit à trembler plus fort contre sa poitrine et tendit le cou pour mieux voir. Les hommes dormaient, ils semblaient particulièrement agités, avaient des respirations sifflantes, ils se débattaient avec leurs couvertures et il pouvait voir leurs fronts luire de sueur.

Il arriva au dernier lit. Le malade s'y tenait parfaitement immobile, endormi, les mains posées sur le giron. Il aurait pu tout aussi bien être mort. Arcas s'approcha et souleva une de ses paupières, il trouva l'œil vitreux, la poitrine du sergent se souleva doucement, il inspira puis laissa échapper une goulée d'air fétide. S'il n'avait pas de temps à autre cette apparence de la vie on l'aurait enterré depuis longtemps.

Harispe serra la poignée de son couteau. Le plus sûr serait de lui arracher la tête, la technique avait fait ses preuves, mais une certaine curiosité "professionnelle" lui soufflait de planter une lame dans le cœur... juste pour voir si cela aurait un effet. Évidemment une auberge remplie de personnes innocentes n'était pas l'endroit idéal pour se livrer à une expérience de ce genre.

– Je peux savoir ce que tu fais ?

Diana s'était réveillée, l'avait rejoint et ne semblait pas ravie de le voir prêt à poignarder un de ses patients.

– Ce type est mort, murmura Arcas.

– Ce type respire, le démentit-elle.

– C'est du flan.

– As-tu pris un coup sur le crâne ?

– Il est en train de pourrir. Il pue la vieille carcasse.

– C'est la gangrène, on a fait ce qu'on a pu mais...

– J'ai croisé une collègue à lui il y a une heure tout au plus. Elle piquait un petit roupillon, la tête sous l'eau depuis une bonne journée. Elle s'est réveillée, sa poitrine s'est soulevée et elle m'a sauté à la gorge.

– Que lui est-il arrivé ensuite ?

– Cerby a décidé qu'elle pouvait se passer de sa tête.

– Par tous les... Elle était peut-être juste dans le coma à cause du froid et...

Quand les loups se mangent entre euxWhere stories live. Discover now