Chapitre 59 (Partie 4)

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C'est un rayon de soleil qui la réveilla. Elle avait mal partout, mais le matelas était très confortable, si chaud et sentait bon le bois et les épices. Elle sursauta quand elle se rendit compte qu'elle reposait sur le torse de Joshua qui se soulevait à un rythme régulier. Ses cheveux qui n'étaient pas pommadés bouclaient sur son front comme de petits ressorts, elle trouvait cela adorable, elle joua avec un instant, avant de laisser retomber son bras, elle se sentait aussi faible qu'un nourrisson.

Il avait bien failli la tuer hier avec son maudit Porto. Il ne savait sans doute pas que l'aconit était l'un des rares poisons à affecter un meneur de loups, enfin même si les effets sur les médiums de sa famille n'étaient pas de nature à les abattre, il n'empêche que pour 99% de la population humaine, l'aconit était un poison mortel. Il aurait peut-être dû s'en soucier avant de la laisser boire cette horreur. Et elle était tellement occupée à lui faire les yeux doux qu'elle n'avait même pas pensé à se renseigner sur ce qu'il buvait. Il avait eu l'air si surpris, si atterré par ce qui était arrivé !

En faisant le tour de la pièce des yeux, elle ne put retenir un sourire proprement diabolique. Elle venait de repérer sur la coiffeuse le parfait instrument de sa vengeance et Artie qui lui offrit l'équivalent canin d'un sourire semblait parfaitement d'accord avec elle. Hadès remuait la queue et semblait pour sa part complètement passer à côté de la beauté du châtiment qui allait s'abattre sur lord Blake.

***

Plus tard alors que Cassandre regardait les allées et venues des servantes qui remplissait le petit tub en cuivre d'eau chaude afin qu'elle puisse se détendre dans un bain fumant, la petite Marie faillit laisser tomber son seau en entendant un hurlement terrifiant venant de la chambre de lord Blake.

– Ce n'est rien Marie, continue, la rassura-t-elle.

Christine qui la coiffait pouffa quand Lady Blake lui fit un clin d'œil.

***

Cela faisait une bonne vingtaine de minute que Cassandre se délassait dans l'eau chaude et savonneuse.

Elle en avait besoin. Elle avait l'impression qu'on avait remplacé ses nerfs par des câbles en acier et elle avait à peine la force de bouger. Christine sortit chercher des serviettes ou des vêtements ou un objet quelconque. Elle n'avait plus écouté son babillage depuis qu'elle s'était lancée dans un exposé sur l'importance des dentelles cette saison. À peine eut-elle le temps d'apprécier un instant de silence apaisant, qu'elle l'entendit à nouveau ouvrir la porte.

Finie ses deux minutes tranquillité pensa la jeune femme en laissant échapper un soupir las.

– Vous êtes contente de vous ? Demanda une voix caverneuse.

En un éclair elle se retourna pour faire face à la porte. Joshua y était adossé, le visage rasé de frais.

Elle s'accrocha au rebord de la baignoire et battit des pieds dans l'eau comme une gamine.

– Je savais qu'il y avait un visage humain sous cet amas de poils !

Elle lui fit signe de s'approcher. Il s'assit au sol en tentant de ménager sa pudeur. Il regardait tout dans la pièce sauf elle, nue dans l'eau du bain, ce qui la fit sourire, elle était certaine qu'il avait déjà vue des femmes nues et autrement plus séduisante qu'elle. Il s'adossa à la baignoire, sans même jeter un coup d'œil "par inadvertance" à l'intérieur. Je suppose que c'est délicat de sa part, songea Cassandre.

Le soleil perçait les carreaux et les reflets de l'eau et du cuivre la nimbait d'or. Elle avait tout d'une divinité païenne crée pour tourmenter les hommes et Joshua ne put s'empêcher de la dévisager, par-dessus le rebord de la baignoire sans rien dire, douloureusement conscient de sa nudité, de l'exiguïté de cette pièce et de cette nouvelle intimité qui se tissait entre eux. Il se faisait l'impression d'être l'un de ces pauvres mortels qui au détour d'une balade surprenait une déesse au bain. Allait-elle le changer en cerf et le faire chasser par ses chiens comme le malheureux Actéon qui avait croisé la route de la déesse Artémis.

Quand les loups se mangent entre euxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant