Chapitre 79 (Partie 2)

Start from the beginning
                                    

– Je pense qu'ils ressemblent assez bien à ce que mon arrière-grand-père avait dessiné autour de sa cabane. J'ai essayé de faire en sorte que cela nous protège tous dit-il en tapotant ce qui paraissait être quatre personnes stylisées flanquées de deux chiens, du moins c'est ce Diana y voyait.

Il paraissait si anxieux, elle nota à quel point il avait changé. Sur le bateau qui les avait transportés tous les deux de Londres à Istanbul, il avait des airs d'adolescents, aujourd'hui... Oh il était toujours aussi beau mais il en savait et en avait vu beaucoup trop pour porter encore sur le monde se regard naïf et plein d'espoir.

– Tu me le dirais s'il se passait quelque chose ? S'inquiéta-t-elle brusquement devant un tel luxe de précautions. Qu'avait-il appris durant cette journée qui nécessite cela ? Il avait été pour le moins taciturne et moins joyeux qu'à l'accoutumée pendant le repas.

– Il y a des rumeurs, mais rien de précis. Je souhaite juste être prudent. Je veux que notre famille soit à l'abri.

Diana se serra contre lui, elle aurait voulu pouvoir apaiser ses angoisses, mais elle n'était pas certaine d'en être capable. Elle était elle-même rongé par l'anxiété. Elle avait lutté longtemps essayant de voir seulement les bons moments, les bons côtés de la vie, de profiter de leur mariage tout neuf, mais tout semblait se liguer contre eux. Parfois elle aurait seulement voulu mettre les enfants à l'abri et ne se soucier de rien d'autre, ils auraient dû pouvoir grandir dans un endroit paisible.

Mais elle avait trop conscience des combats qu'Arcas avait à mener, elle les avait faits sien et jamais elle ne pourrait l'abandonner, surtout à présent qu'il était devenu une part d'elle-même. La joue posée sur son épaule, ses doigts exploraient ses muscles avec une sensualité grandissante, elle s'enivra de son odeur avant de pousser un soupir apaisé quand elle le sentit se détendre à son contact.

Ensemble, ils seraient assez forts pour tout affronter.

***

Ce fut le lendemain, alors qu'elle travaillait au dispensaire qu'elle reçut une lettre de Ludmila Bergmann.

Cela faisait un certain temps que Diana n'avait pas eu de nouvelles de son amie Stambouliote et quand un jeune soldat, à peine descendu d'un bateau en provenance de Constantinople lui apporta un pli, elle s'en réjouît.

Sa matinée avait été difficile. Elle n'avait pas beaucoup dormi la nuit dernière. Notez qu'elle ne s'en plaignait pas, Arcas et elle avaient trouvé un merveilleux moyen de penser à autre chose qu'à la guerre.

Mais quand elle arriva à l'auberge, elle trouva une Mary qui elle aussi avait eu une nuit blanche, hélas pour des raisons moins réjouissantes. Les malades du dispensaire avaient eu un sommeil agité. Certains avaient été fiévreux et Mrs Seacole avait craint qu'il ne s'agisse du choléra.

Elle ne voulait à aucun prix que Toula et Jimmy soient en contact avec la maladie. Et la baronne avait passé des heures avec eux à préparer des remèdes, découper des bandages dans les cuisines, le temps que Mary fumigea les chambres et les nettoya avec l'aide de quelques volontaires, elle ne pouvait guère faire davantage pour leur sécurité si ce n'est les renvoyer à la maison. Or même si elle avait insisté, Diana refusait que les enfants s'éloignent d'elle. Elle était morte d'angoisse après ce qu'Arcas lui avait dit des relations entre alliés.
La jeune mariée, une fois qu'elle se fut assurée que les petits resteraient en sécurité, du moins autant qu'on pouvait l'être sur cette péninsule, s'occupa de nourrir les malades et de soigner ceux qui pouvaient l'être. C'est seulement après tout cela qu'elle s'accorda un instant de répit. Elle tombait de fatigue et faillit bien piquer du nez alors qu'elle ouvrait la lettre de Ludmilla.

Quand les loups se mangent entre euxWhere stories live. Discover now