Chapitre 12 : Résolutions

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Les Héritiers devinrent attentifs aux paroles de leur cheffe, imités de près par Néhémia.

— Notre quête est importante, rappela-t-elle. Mais nous ne pouvons pas tourner le dos à des alliés qui ont besoin d'aide. De toute façon, nous avons besoin de l'accord du seigneur Drënien pour nous rendre au volcan. Or d'après les mots de Néhémia, certaines préoccupations, comme l'épidémie, occupent tout son temps.

Hazo discerna sa théorie.

— À moins que nous lui proposions une solution à l'épidémie, en échange d'une excursion au mont Morith.

— S'il est prêt à nous recevoir, signala Nalora.

Néhémia se hâta de les rassurer.

— Ne vous en faites pas. La situation est si désespérée que des soignants bénévoles viennent des contrées lointaines, pour apporter l'aide qu'ils peuvent. Même des charlatans. Toute autre aide serait la bienvenue.

Il jeta un œil à Khé-Khé.

— Vu ce dont j'ai été témoin, je ne doute pas un seul instant que vous serez reçus. À dire vrai, notre seigneur vous accorderait aveuglément une audience, rien qu'en sachant qui vous êtes réellement.

— Dans ce cas, Doc, tu feras partie de cette mission, préconisa Nakoyi. Je reste ici au cas où je trouverais d'autres indices.

— Si vous me le permettez, je reste avec vous. Je veillerai à votre sécurité et vous aiderai dans vos tâches, sollicita la lancière.

Nakoyi assimilait le non-dit derrière ses mots. « Je ne laisserai pas Chaka vous atteindre, une fois de plus. » était leur message. Elle comprenait ses bonnes intentions : combler le vide laissé par l'Héritier dans son cœur, tout comme fermer les blessures profondes qui avaient été infligées. En soi, elle lui en était reconnaissante. De plus, son aide serait précieuse si les prochains indices conduisaient vers d'autres énigmes.

— D'accord, approuva-t-elle. Hazo, tu accompagneras Doc. Je serai plus rassurée si vous êtes tous les deux. Quand pourrez-vous partir ?

— Dès que l'ordre sera donné, répondit le binôme d'aventuriers.

Nakoyi s'émut de la bravoure de ces êtres qui constituaient sa deuxième famille.

— Merci, je n'arriverai à rien sans vous. À cause de l'urgence, il serait préférable de ne pas tarder. Faites les derniers préparatifs. Emportez avec vous tout ce dont vous aurez besoin. Vous partirez dans deux heures.

— Kalak, Ezikwe ! se soumirent-ils vaillamment.

« À vos ordres, cheffe ! »

— Maintenant, ils ne manquent plus qu'une chose à régler, confia la Zérynthia.

— Quoi donc ? demanda sa jeune amie.

— Pour pouvoir travailler en toute discrétion, il serait préférable de cacher notre véritable identité pour ne pas se faire remarquer. On est bien d'accord ?

— Oui, approuva son entourage.

— Vous remarquez alors que mon apparence pose problème.

— Il est vrai que les Zérynthians ne passent pas inaperçus, adhéra Néhémia, ébahi par cette race à la beauté atypique. Il suffirait peut-être... de te couvrir ?

Une astuce aussitôt réfutée par l'armurier.

— C'est pas assez. Un faux pas de sa part et elle est à découvert.

Nakoyi se tourna vers ce dernier.

— Et pour tes yeux, Haz ?

— Ils passeront pour des lentilles bioniques. C'est à la mode sur Storm. Autant s'en servir comme couverture.

— Quant à vos tatouages, les gens les confondront aux marques de beautés culturelles de l'Empire, enchaina Nalora. Seuls des Warloïtes seraient en mesure de faire parfaitement la différence.

Dorénavant, il ne restait plus que le souci physiologique de la naturopathe.

— Mmh, j'ai peut-être une solution, proposa celle-ci, songeuse. Mais cela me demandera un peu de temps. Puis-je me retirer ?

— Bien sûr, Doc !

L'humanoïde se leva et entama une course vers les bois.

— Rendez-vous dans une heure ! s'écria-t-elle avant de disparaître de leur champ de vision.

____________

Le reste du groupe profita de l'absence de Khé-Khé et Nalora — cette dernière se chargeant de débarrasser le reste du repas — pour échafauder le trajet en territoire pirate.

Néhémia aborda son parcours initial.

— Mes compagnons et moi avons mis deux semaines à cheval pour arriver ici, si l'on compte les temps d'arrêt durant les nuits de repos. Nous avons dû laisser les montures à quelques kilomètres de Zarif, de peur qu'elles ne soient victimes du Crisis.

La notion du temps fit sourciller Hazo.

— Deux semaines ? À ce stade, l'épidémie aura longuement le temps de se propager. C'est trop long deux semaines ! rouspéta le jeune homme.

Nakoyi partageait son avis.

— N'y a-t-il pas un chemin plus court ?

L'armurier réfléchit à cette option. D'un regard absent, il mordillait sa lèvre inférieure.

— Peut-être. Drën-Warnoff est situé au sud. De notre position, la frontière de Zarif se trouve à cinquante kilomètres. Si nous entamons une marche rapide, voyons voir... de six kilomètres en une heure, en empruntant un raccourci... énuméra-t-il, plongé dans un calcul mental.

Néhémia guetta, d'un air interrogateur, Nakoyi qui haussa simplement les épaules.

— Nous atteindrons la frontière au crépuscule. Le mieux serait donc d'emprunter le chemin vers la colline.

Le Drënien souligna un point primordial.

— Attends. Le trajet vers la colline est écourté, certes. Mais c'est un cul-de-sac. La colline donne sur un ravin qui s'élève à des centaines de mètres depuis la terre ferme. Raison pour laquelle la carte stipule de faire un détour par l'est ou l'ouest.

Il fixa l'Héritier avec anxiété.

— Si nous empruntons ce chemin, il nous sera impossible de descendre de la colline.

À son grand étonnement, Hazo ne semblait pas du tout inquiet. À la place, un sourire malicieux s'esquissa sur ses lèvres.

— J'y ai pensé ! Pour ça, j'ai ma petite idée, dit-il avant de s'adresser à leur cheffe. Si nous nous dépêchons, nous y serons en deux heures.

— D'accord. Alors, ce sera votre destination. Je compte sur toi pour les emmener à bon port.

— Je ne vous décevrai pas, Cheffe. Sur ce, j'aimerais également disposer. Je dois régler certaines choses.

D'un geste de tête de l'alpha, il s'éloigna.

Nakoyi se leva à son tour.

— Excuse-moi, mais je dois te laisser aussi un petit moment, Néhémia. Je suis curieuse de savoir ce que Doc mijote. J'espère que tu ne m'en veux pas trop, dit-elle d'un ton désolé.

— Je comprends. Il n'y a aucun problème.

Elle s'élança en direction du sentier emprunté auparavant par le médecin.

— Pourquoi ne pas faire une visite du bosquet en attendant ? claironna-t-elle.

— Bonne idée ! Merci ! cria Néhémia, empli d'une excitation débordante.

Crisis - T1 : La quête des Héritiers [Terminé]Where stories live. Discover now