Un adieu déchirant (2) : « L'aveu »

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Hazo fut heurté par sa réponse abrupte, mais sa sidération se changea rapidement par de l'exaspération.

— T'aurais accepté d'être avec moi alors que tu en aimes un autre ? s'énerva-t-il, devant une telle absurdité.

Nalora ne le voyait pas sous cet angle.

— Tu as été là pour moi quand j'en avais eu le plus besoin. Alors tu me crois vraiment incapable d'une telle chose pour toi ?

— Tss !

L'ingénieur renifla d'amertume et détourna les yeux de la jeune femme cabocharde. Il n'avait nul besoin de l'observer pour réaliser qu'il n'y avait aucune trace de mensonge dans son regard.

— Tu comptes pour moi, Haz, plus que tu ne le crois. Avant mon arrivée ici, je n'ai jamais eu d'amis à Warlok. J'étais tout le temps cloitrée chez moi et surprotégée 24h/24 à cause de mon état de santé. Tu es d'ailleurs le seul avec qui j'ai eu le courage d'aborder mon accident. Tu as été le tout premier et véritable ami que j'ai eu, et je refuse de renoncer à ce lien.

— Nalora, voyons ! c'est insensé. T'aurais accepté mes sentiments en sachant, de mon côté, que tenir ta main, que ton sourire, ton regard tendre et même tes baisers ne m'étaient pas destinés ? Crois-tu que j'aurais été heureux en te séquestrant avec moi ? Quel genre d'ami ferait ça, dis-moi, si ce n'est un taré à qui il manque un neurone. Tu devrais me connaître depuis le temps, je ne suis pas ce genre de mec.

Hazo passa une main sur son visage aigri, respira longuement pour ramener au galop son calme d'antan. S'emporter contre la personne à laquelle il tenait était au-dessus de lui :

— Comme j'essayais de te le dire tout à l'heure, tu n'y es pour rien.

— Je sais bien que tu souffres en me voyant avec Chaka, s'exprima-t-elle de but en blanc.

L'armurier fut à court d'arguments. Face aux traits moroses et la tête du jeune homme déviée sur le côté, Nalora sut qu'elle avait visé juste.

— La douleur de te voir avec lui est moins pesante que de te savoir avec moi par pitié, avoua-t-il tout bas sans détour.

Nalora ouvrit une fois de plus la bouche, mais la ferma devant le doigt levé de l'Héritier.

— Tu as raison, poursuivit le Warloïte. J'aurais dû trouver le courage de te l'avouer, mais je ne voulais pas paraître brusque quant à notre amitié toute nouvelle. Je crois que j'attendais le moment idéal pour te le dire... jusqu'à ce que Chaka finisse par débarquer.

Il ricana sombrement.

— Tu sais quoi, j'étais même certain qu'à son arrivée, j'avais perdu toutes mes chances. C'est vrai quoi, à côté de lui, je parais invisible. J'ai tout simplement décidé de laisser tomber. J'ignorais que les plus jeunes s'en mêleraient.

Le calme retomba au milieu d'eux, permettant ainsi à chacun de reprendre contenance et d'apprécier le cadre idyllique. Contre toute attente, se confesser avait soulagé l'armurier d'un certain poids. Du coin de l'œil, Hazo sentait son amie l'observer, légèrement souriante.

— Quoi ?

— J'ai toujours du mal à croire ta parenté avec Chaka. Vous êtes si...

— Différents ? termina-t-il d'un air absent en regardant toujours droit devant lui. Chaka a beau être mon cousin, mais je t'assure que tout comme vous, je le connais à peine. Durant notre enfance, on se voyait très peu, il était toujours enfermé entre les quatre murs de la Cité Impériale. Et plus tard, il a été occupé par les responsabilités princières et tout le tralala qui va avec. Et aujourd'hui encore, j'ignore tout de lui.

Crisis - T1 : La quête des Héritiers [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant