Crisis - T1 : La quête des Héritiers [Terminé]

Chapitre 1 : Les Héritiers...

18 : 30, forêt de Zarif, an 9075 apr. l. T-H

Le jour laissait place au crépuscule. La forêt noctambule s'apprêtait à se réveiller, prête à s'animer de ses diverses festivités. Le coucher du soleil peignait le tableau d'une lumière dorée, se profilant à travers les bois.

Assise au milieu de la verdure, une jeune humanoïde d'onze ans rangeait dans sa bandoulière le stock de plantes qu'elle avait recueillies. Les rais crépusculaires luisaient sur sa peau violacée, aux tâches argentées. Des teintes variées recouvraient son corps, des tatouages reçus d'une Héritière à sa naissance.

Du coin de l'œil, Khé-Khé remarqua son partenaire du jour se rapprocher.

— On peut y aller quand tu veux, Haz, l'informa-t-elle.

Le prénommé Hazo, âgé de dix-sept ans, s'approcha d'une démarche nonchalante dans ses bottes noires. Son tee-shirt orangé, aux nuances dégradées, révélait ses tatouages de naissance. ; ils serpentaient le long de ses bras sculptés, caressant une peau d'une blancheur délicate. Il enfonça une main dans la poche de son pantalon treillis sombre. Dans l'autre s'entassait une poignée de baies de la région cueillies en chemin.

— T'as pu recueillir autant de plantes que tu voulais ?

La fillette hocha la tête, un sourire satisfait aux lèvres.

— J'ai de quoi perfectionner ma potion avec ça.

Khé-Khé était issue d'une illustre lignée de médecins. Ses connaissances approfondies du monde végétal enrichissaient son savoir de naturopathe. Il lui restait certes beaucoup à apprendre, mais elle se rapprochait peu à peu de son rêve : veiller au bien-être de son clan et devenir un médecin renommé sur tout le continent.

Le jeune homme balança un énième fruit dans sa bouche d'une pichenette, puis s'installa à ses côtés au milieu de gigantesques fétuques multicolores. L'effleurement léger de la brise éclatait l'épi des fleurs en plusieurs particules étincelantes.

Hazo et Khé-Khé venaient de terminer d'étudier une partie des territoires de la forêt qui logerait peut-être le Dianguar : le gardien ancestral du Crisis, aux pouvoirs inimaginables.

Assis côte à côte, les deux citoyens de Warlok, nommés Warloïtes, se délectaient du cadre agréable alentour, avant de rejoindre les autres.

Khé-Khé fixa vaguement la canopée de ses yeux singuliers, pareilles à deux émeraudes ; un aspect propre aux iris de sa race d'origine qui étaient dépourvus de pupilles, leur donnant un regard unique. Ses dreadlocks, savant mélange d'un vert menthe et d'un dégradé bleu aux extrémités, étaient enroulés dans une étoffe rouge. Le tout parsemé de perles, de coquillages et d'autres trouvailles originaires des terres de Warlok et de Zarif.

— Dis, tu crois vraiment qu'on va le retrouver à temps, le Dianguar ? songea-t-elle finalement en arrachant Hazo à ses pensées. Les Anciens nous ont confié la mission de le retrouver, mais ça va faire un an qu'on est ici et on n'a toujours aucune piste. Hm ! Si au moins on connaissait son emplacement exact.

— Nous finirons bien par le retrouver. C'est pas comme si cette entité se déplaçait non plus. Rappelle-toi ce que disent les écrits sacrés. Le gardien endormi se situerait parmi les lieux mystérieux de Zarif, attendant son réveil, comme à chaque cycle. Alors rien n'est encore joué.

— Peut-être... qu'on l'aurait déjà trouvé si Cha...

— Ne prononce pas son nom, trancha Hazo durement. Ne prononce plus jamais son nom devant moi !

D'un ton bas, quoique ferme, il garantit :

— Nous n'avons pas besoin de son aide pour retrouver le gardien. On réussira cette mission, sans lui.