Crisis - T1 : La quête des Héritiers [Terminé]

Chapitre 67 : Crozom et les êtres de lumière

Comme les Héritiers s'y attendaient, le décor extérieur du mont Morith était fallacieux. Les lieux sacrés, conçus par les Tchivas, étaient réputés pour leur singularité remarquable. Le cœur du volcan ne faisait pas exception.

Dans la chaleureuse clarté éparse de la salle, sous la noirceur d'une nuée sinistre, le duo marchait sur une allée de pierre. Une infinité de silhouettes, sculptées dans la roche, paraient les parois ; narrant des scènes de combat épiques entre d'illustres pirates et de redoutables ennemis, issus du passé. Des coulées de magma s'échappaient de ces murs, telles des cascades qui s'écoulaient dans les eaux volcaniques. Tout le long de leur parcours, maints coffres et une mer de pièces d'or jonchaient le sol : les trésors délaissés par les plus grands capitaines que les terres d'Allevard aient abritées depuis la nuit des temps.

Et ce décor ne représentait que la partie basse de la montagne. D'autres panoramas, accessibles par des ponts, différaient sur chaque niveau supérieur.

― Wouah ! Personne ne pourrait croire que l'intérieur soit si joli ! s'enthousiasma Khé-Khé, dont l'écho de sa voix s'ébruitait dans l'antre de la montagne. C'est la deuxième fois que je visite un lieu sacré et c'est toujours aussi magnifique. Oh, et tu as vu tous ces trésors ?

― Ouais, j'ai vu, répondit vaguement Hazo, aux aguets. C'est bizarre ! Normalement, il aurait déjà dû se montrer.

Malgré ses yeux tournés vers chaque recoin du lieu sacré, la Zérynthia prit tout de même note de la remarque :

― Tu crois que les Tchivas auraient oublié d'en mettre un, ici ?

― Mhm, c'est peu probable. Il y en a toujours un dans chaque lieu sacré. Il doit sûrement être quelque part. Sinon, ce serait vraiment étrange.

― En parlant de chose étrange, c'est normal que la lave bouillonne comme ça ?

Le regard du binôme se concentra sur la lave volcanique en ébullition, à l'aile droite de l'allée.

― Non, ça n'a rien d'ordinaire, adhéra l'armurier. Et je crois savoir qui en est à l'œuvre.

Séance tenante, une forme, semblable au sommet d'une tête, émergea lentement de ces eaux bouillantes. Puis une paire d'yeux, aussi vifs que le brasier, se distingua pour ensuite révéler le reste d'un corps titanesque, fait de roches et de magma. La silhouette humanoïde se dégagea de la lave, pareille à une créature surgissant des entrailles de l'enfer. Des débris volcaniques lévitaient derrière cette chose, pour former trois cercles rotationnels. Une longue épée était fixée dans son dos, capable de trancher une montagne de sa lame de feu démesurée. Un souffle d'énergie bleue était fortement concentré au niveau de sa poitrine.

La créature effroyable transpirait la puissance et le charisme de ses créateurs.

― C'était donc là que tu te cachais... Crozom, le nomma Hazo.

Ce qui s'avançait vers eux n'était nul autre qu'un gardien ancestral, chargé de repousser les individus qui osaient souiller les lieux sacrés. Considérés comme endormis, ces êtres aux multiples apparences ne se réveillaient que dans l'unique but de combattre les intrus, frôlant l'endroit qui leur était assigné. Seuls ceux aptes à passer le test avaient le droit de rester, pour permettre ainsi au Crozom de sombrer, à nouveau, dans un sommeil profond.

Un gardien ne pouvait être vaincu. Quiconque, par miracle, parvenait à les détruire ou les réduire en cendre, celui-ci reprenait forme pour devenir plus fort qu'auparavant. Le seul moyen de le contrer était qu'il cesse le combat de son propre chef, une fois l'endroit sacré débarrassé des êtres indignes.

Sans tenter le moindre mouvement, les Héritiers attendaient que le maître des lieux les rejoigne pour l'épreuve du test. Chacun de ses pas géants fit aussi bien trembler le sol que le sang des Warloïtes, à mesure de sa progression.