Chapitre 78 (Partie 7)

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Le couple quant à lui se faufila dans le grenier abandonné de la maison qui surplombait l'avant de la bâtisse repérée le matin même. Ce ne fut guère difficile, on pouvait rejoindre les combles par un escalier extérieur à l'abri des regards, il aurait fallu se tenir entre les arbres de la colline boisée à l'est pour les voir. Un coup d'épaule de Joshua fit sauter le verrou avant que Cassandre ne fasse montre de ses talents de crocheteuse de serrure. Du temps des jours glorieux, cette entrée séparée devait garantir une certaine liberté aux gens qui servaient ici, un luxe pour eux.

Les fenêtres crasseuses offraient une vue imprenable sur la porte principale de la taverne et ils pouvaient voir chaque personne qui en passait le pas. Les heures s'écoulèrent, ils patientèrent encore. Il semblerait que ce soit l'idée générale de la journée fit remarquer Blake. La faune habituelle d'un pub se pressait pour trouver un peu de chaleur, des ouvriers, des artisans, des employés de bureaux, quelques petits bourgeois, des filles légères... rien qui n'attirait l'attention où sortait de l'ordinaire.

– C'est ridicule ! Nous perdons notre temps. Qui dit que ceux que nous cherchons ne se déguisent pas eux aussi pour garantir leur anonymat ? S'interrogea Cassandre.

Joshua qui la tenait contre lui, à l'abri du froid dans les plis de sa veste, lui murmura :

– Qu'imaginiez-vous ? Qu'ils arriveraient tous entourés dans de grandes capes avec des airs de conspirateurs ?

– Nous devons nous approcher. Mieux... il nous faut rentrer.

– Hors de question.

– Vous seriez immédiatement repéré, mais moi je peux passer pour un adolescent...

– Jamais de la vie ! De loin passe encore mais à quelques mètres... Vous êtes bien trop belle pour ça. Sans compter que dès que vous ouvrirez la bouche votre charmant accent français vous trahira.

Elle se tourna vers lui en affichant une moue butée.

– Merci pour le compliment, mais cela ne nous aide pas.

– Parlez pour vous, ronronna-t-il en butinant son cou de baisers.

– Nous devons surveiller cette porte, gémit-elle quand il mordilla le lobe de son oreille.

– Gardez les yeux bien ouverts dans ce cas. Je vous fais confiance.

Malgré ses récriminations, elle se laissa aller contre sa large poitrine et s'abandonna doucement aux caresses de plus en plus audacieuses qu'il lui prodiguait. Elle savait qu'elle ne devait pas le laisser faire, mais ne dit rien quand elle sentit ses grandes mains chaudes se glisser sous sa chemise et tirer sur les lacets de son bustier, au contraire, elle l'encouragea en se pressant plus fort contre lui. Joshua sentait sa peau bouillante et humide sous ses paumes. Un râle de délice lui échappa quand il pinça la pointe de son sein droit entre son pouce et son index.

Elle fixait toujours l'entrée du Spanniards surplombée de sa lanterne, mais le spectacle commençait sérieusement à perdre de son intérêt.

Soudain, elle repoussa son mari, qui surpris tomba en arrière. Le plancher trembla sous le choc de sa masse. Ils allaient rameuter tous les étages inférieurs avec un tel boucan. Il posa l'oreille sur le plancher à l'affût de cris ou de pas précipités. Rien ne semblait bouger et il poussa un soupir de soulagement.

Le pire étant évité, il se tourna vers Cassandre.

– Êtes-vous folle ? Voulez-vous que nous terminions la nuit en prison pour effraction.

Elle ne lui répondit pas. Elle avait les yeux dans le vague.

– Qu'y a-t-il ? Cassandre ? Ma douce ? Allez-vous bien ? Demanda-t-il inquiet.

Sans le regarder, la jeune femme lui fit signe de se taire. Finalement et daigna lui répondre.

– Hadès a vu quelqu'un arriver par la porte arrière du bâtiment. Un homme est descendu d'un fiacre qui sent le fleuve et les docks. Vous allez rire, il s'est faufilé dans l'auberge, entouré d'une large cape noire.

– C'est une blague ?

– Je vais rejoindre mon chien.

Joshua leva les bras au ciel.

– Je ne rentrerais pas ! Je veux juste être aux premières loges lorsque ce gars sortira.

Sans attendre, elle se dirigea vers la porte alors qu'il se relevait toujours.

– Mais attendez-moi !

Elle ne le fit pas. Une fois en bas des escaliers, elle s'élança sur la petite colline boisée qui surplombait la maison, la rue et le Spanniards Inn. Elle courrait, se cachant d'arbres en buisson, de talus en futaie de frênes. Elle rejoint Hadès qui n'avait pas quitté sa position stratégique comme un bon petit soldat. Elle entendait Joshua qui pestait entre ses dents en se déplaçant dans la friche. Sans ses ruminations, il n'aurait pas été aussi bruyant qu'on l'aurait pensé d'un homme de son gabarit. Résultat de son entraînement de boxe sans doute. Il se laissa tomber sur le sol aux cotés de sa femme et de son lévrier irlandais, derrière un buisson épineux.

– Vous êtes contente ?

– Pas vraiment. Je dois voir à quoi ressemble cet homme, avec qui il parle et peut-être ce qu'il dit.

Elle se releva Joshua lui saisit la cheville.

– Ne vous inquiétez pas ! Je ne vais pas entrer, seulement regarder par la fenêtre. Restez caché ici.

– J'ai votre parole que vous ne poserez pas un pied dans cette auberge, gronda-t-il.

– Parole d'honneur, jura-t-elle avant de saisir une poignée de terre et s'en macula le visage. Suis-je moins belle ?

– Absolument pas, pesta le jeune homme, qui caressait Hadès pour calmer ses nerfs pendant que Cassandre, les mains dans les poches, la casquette vissée sur la tête, elle-même enfoncée dans les épaules s'avançait d'un pas qui se voulait nonchalant et viril.

Quand les loups se mangent entre euxWhere stories live. Discover now