CHAPITRE 10

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***** Marie-Hélène *******
Elle venait encore de me raccrocher au nez. Je suis tellement épuisé que ce soit physiquement ou moralement. Moi qui avais toujours rêvé d’une belle famille unie, me voilà rejeté par ma propre fille. Peut-être que si j’avais agis différemment, elle serait encore près de moi. Je revois ma vie défiler devant mes yeux et toutes les erreurs que j’ai faites m'apparaissent en plein visage. Cela me donne l’impression que mon parcours n’est que désolation. Si seulement il vivait toujours. Je m’en veux tellement. J’aurais dû agir, j’aurai dû refuser qu’il s’en prenne à ma fille. Mais il est bien trop tard maintenant. A moins ce que…
... : HELENE.
Sa voix me sortit de ma rêverie. Je sortis le rejoindre au salon, il était seul. Les enfants étaient en vacances chez sa sœur.
Moi : oui Angelbert.
Angelbert : que dit ta fille?
Moi : elle n’a rien pour le moment et nous demande de patientez.
Disons que je ne fais qu’atténuer ces paroles. Je ne pense pas qu’il aurait apprécié les véritables paroles.
Angelbert : depuis que je demande cet argent-là, elle ne peut pas envoyer?
Moi (surprise) : mais toi aussi, elle ne travaille pas. Tu veux qu’elle fasse comment?
Angelbert (cinglant) : en vendant son corps comme elle a toujours fait. Apporte moi mes chaussures je dois sortir.
Moi : tu vas ou?
Angelbert : de quel droit oses-tu me demander où je vais? C’est parce que je garde ton gros corps chez moi que tu fais la bouche ici. À part manger et prendre du poids, tu me sers à quoi? (fiasquant) minalmi.
À force, j’ai appris à ignorer, à encaisser, à digérer. Je le laissai la et partis prendre ses chaussures. Il sortit sans même m’adresser une parole. Voilà contre quoi j’ai laissé tomber ma fille. Selon la tradition, la veuve doit épouser le frère de son mari. Et je dois avouer qu’Angelbert ne sait pas fait prier pour mettre en pratique les traditions. Je l’ai laissé diriger ma vie, je l’ai laissé m’humilier et abuser de ma fille. Je l’ai laissé la mettre dehors, faisant d’elle une… non je ne peux prononcer ce mot. Mon cœur se meurt chaque jour en pensant à ma fille. Oh Larissa comme tu me manques. Je n’en pouvais plus, toutes ces années à supporter cette situation pour ne récolter qu’insulte et mépris sur ce corps qui a porté cinq enfants. Pour la première fois en presque dix ans, je pleurais à nouveau la mort de mari, et par la même occasion, la perte de mon unique fille.
******** JERRY *******
Moi : alors?
Elle se pinça la lèvre essayant de se donner un air de fille difficile. Pff. On sait tous les deux que tu accepteras. Elle semblait vraiment concentrée dans sa réflexion. Tant qu’à y être laisse-moi aller me prendre deux nouvelles chemises. Je ne comprends pas les femmes quoi! Je t’offre un repas gratuitement sans arrière-pensée et madame veut me sortir le théorème de Pythagore.
Elle : ok.
Moi (souriant) : je passe te prendre après-demain disons 20 heures?
Elle : oui.
Elle me fit une bise à la commissure des lèvres et son sourire s’agrandit. Elle était vraiment belle.
Moi : au revoir
Nalaima : à demain. N’oublie pas 22h je dois être rentrée.
Moi : ok.
Je la laissais s’éloigner avant de démarrer. Que l’on se dise la vérité, c’est une très belle fille. Une jeune indienne venue étudier au Cameroun. Je dois dire que la première chose qui m’a attiré chez elle, c’est son teint. Une belle couleur marron des iles, à en couper le souffle. Elle avait des formes raffinées et un sourire éblouissant. Quand je l’avais vu la première fois, elle m’a littéralement ébloui mais je n’irais pas jusqu’à dire que je l’aime. Oh non, car ce serait un horrible mensonge. La seule pour qui j’ai toujours éprouvé ce sentiment n’est d’autre que Anastasie.
Ma Anastasie à moi. Je suis tombé amoureux d’elle dès le premier regard et quand elle m’a refusé son amour, je me suis accroché à la seule chose qui restait : son amitié. J’avoue que ce n’est pas tous les jours facile, mais je garde espoir qu’un jour, elle me regardera comme un homme et non comme son frère ou son ami. Qu’elle éprouvera pour moi cet amour que je voudrais lui montrer. Je me souviens encore de la douleur que j’ai éprouvée quand elle m’a dit que j’étais le meilleur grand frère au monde. Je n’ai pas besoin d’une sœur, j’en ai déjà une et elle me suffit largement. Parfois je me dis que je devrais m’éloigner et la laisser. Je me dis que je devrais faire taire ces sentiments qui menacent de me terrasser à chaque fois qu’elle regard un autre mais quand je plonge mon regard dans le vert de ses yeux; quand ses yeux deviennent marron foncé de chagrin et gris de colère, je me dis que je ne survivrais pas sans l’avoir près de moi. Même si ce n’est que pour le rôle d’ami. Qu’on ne vous mente pas, la friend zone est dure.
Je lui envoyais un message pour prendre de ses nouvelles et elle me répondit qu’elle était avec Larissa. Je n’aime pas vraiment cette fille, cela vous devez le savoir. Je sais comment elle gagne sa vie et je dois dire que j’ai peur qu’elle entraine Anastasie dans ses activités. Je ne la juge pas, elle a ses raisons mais je ne veux pas de cela pour Anastasie. Comment je l’ai su? Par un ami. Je passais la plupart de mes vacances en France et pendant ces vacances, mon cousin loue ses services. Depuis son retour, je dois avouer qu’il est devenu un de ses clients préféré au désespoir de sa femme. Mais cela fait plus d’un an qu’elle est là et Anastasie est toujours la même. Je ne chercherais pas à savoir le pourquoi du comment de ses, mais je sais une chose : je ne la laisserais jamais y entrainer Anastasie. C’est sur ces pensées à peu près négatives que je rentrai chez moi.
Une fois arrivé chez moi, je pris un bon bain, mangea du Ndolet (préparé par moi) et me prépara pour aller chez Anastasie. Son anniversaire c’est quand même demain, il faut que l’on prépare cela. J’arrivai chez elle et trouvai la maison dans le noir total. J’entrai sans problème et ne trouvai personne au salon. Étrange. Je m’avançai jusqu’à la chambre de Anastasie plongé dans le pénombre. J’essayai d’éclairer mais rien. Les délestages veulent même quoi au Cameroun? Pff je partis tirer les rideaux et en me retournant, je tombai sur un regard perçant.
Moi (surpris) : woo non mais tu es folle ou quoi?
********** ANASTASIE ************
Moi (calme) : je ne voulais pas te faire peur, désolé.
Jerry (se rapprochant de moi) : ne t’inquiète pas. J’étais juste surpris.
Il vint s’assoir près de moi.
Jerry : pourquoi es-tu si triste?
Moi (soupirant) :…
Il essaya de me prendre dans ses bras mais je tressaillis de douleur.
Jerry (inquiet) : qu’est ce que tu as?
Moi :…
Jerry : Anastasie…
Moi : mon omoplate.
Jerry : qu’est ce qu’il a ton omoplate?
Comme je ne répondais pas, il se leva et vient s’assoir juste derrière moi. Seule la faible lumière de 18h provenant de l’extérieur de la maison nous éclairait.
Étant donné que ce que je voulais lui montrer était sur mon omoplate gauche, de ma main droite, j’écartai mes cheveux. Je tournais la tête de côté; vers mon épaule gauche et me mis à l’observer.
Alors, tout doucement, j’entrepris de baisser la manche de mon t-shirt de ma main gauche. Je regardais toujours mon épaule. La bretelle de mon soutien-gorge suivit et ils se retrouvèrent, tout deux, au niveau de mon coude. Tout en l’observant à présent du mieux que je pouvais malgré le pénombre et à l’aide de la faible lueur que filtrait mes fenêtres, je baissai le reste de tissu qui couvrait mon omoplate. Une lueur de surprise passa dans ses yeux. Il leva les yeux vers moi, et son regard s’accrocha au mien.
Sans faire de commentaires, il prit la petite boîte pleine de pommade qui se trouvait près de moi et y trempa son doigt. Alors, avec une infime délicatesse, il l’appliqua sur mon tatouage; je ne quittais son visage des yeux. Le contact froid de la pommade sur ma peau brulante me fit le plus grand bien. Je le sentais tracer les contours des papillons dessinés sur ma peau de son doigt. Il passait et repassait encore sur eux. Ce qui eu le don de m’apaiser. Quand il jugea qu’il avait fini, il ferma la boîte, se leva et vint s’assoir devant moi, me regardant dans les yeux.
Je me mis délicatement à soulever mon t-shirt au dessus de mon nombril et quand il posa ses yeux sur celui-ci, je le sentis troublé au plus haut point. Il me regarda un peu confus, avant de prendre la pommade et de l’appliquer autour de mon piercing au nombril. Cette fois si, l’opération se fit nos regards s’emboitant. Je n’arrivais plus à lire dans ses yeux.
Quand il eu fini, je baissai mon t-shirt et me coucha sur mon coté droit. Il se coucha derrière moi en prenant bien soin de ne pas me faire mal. On resta ainsi quelques minutes sans parler. C’est lui qui brisa le silence.
Jerry (intrigué) : pourquoi tout ça Anastasie?
Moi : pour ma liberté, pour marquer un nouveau départ.
.
.
3 semaines plus tard.
J’entrais à peine dans le restaurant que je fus accueillie par lise.
Lise : tu as failli être en retard.
Moi : mais je ne le suis pas.
Lise : ta chance, madame Moussissa ne devait pas te laisser.
Moi : je sais nor. Pardon attend je pars vite déposer mes affaires qu’on commence le service.
Je saluai rapidement les 3 autres serveuses qui discutaient joyeusement et allai déposer mes affaires dans le coin prévu à cet effet. Je sortais à peine que déjà on me demandait à une table. Oui, vous avez bien compris. Je travaille dans un petit restaurant qui me permettait de nous nourrir aussi sans me faire marcher dessus. Je ne gagnais certes pas grand-chose, mais c’était assez. J’y travaille depuis une semaine. C’est épuisant. Bon faut que j’y aille.
Moi (mon carnet à la main) : bonjours monsieur, vous désirez?
Le client (me regardant dans les yeux) : l’amour.
Je fiasqua intérieurement. Pff, comme nous tous mon frère.
Moi : nous n’avons pas cela au menu; autre chose?

À L'AUBE DES SENTIMENTSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant