CHAPITRE 6

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******** ANASTASIE ******
J’avais les mains moites et je transpirais déjà à grosses gouttes. Étant donné qu’elle avait toujours la tête baissée, je bagarrais dans mon fort intérieur pour savoir si je devais fuir direct dans ma chambre ou aller assumer le retour. La première voix a gagné sans se salir. Je me suis donc dirigée à pas rapides vers ma chambre. Restons positifs, restons posi…
Moi (me tortillant de douleur) : aie Mama ohh.
Maman (grondant) : ne me prononce même plus dans ta bouche la. (Ne m’interpelle plus).
Je venais de recevoir un coup brûlant de ceinture sur mon dos. Le genre qui traverse même la fine barrière qu’offre mon kaba. Elle me tira les oreilles et me plaça au milieu du salon. Elle poussa la petite table basse et les canapés. Eh, genre elle se met même en condition quoi. Snif, j’ai toujours su qu’elle ne m’aimait pas. Snif pitié. Les souvenirs de mon enfance me revenaient. Ça doit bien faire 11 ans que maman ne m’a plus frappé mais je me souviens encore des fois où elle se lâchait sur moi. Snif, pardon.
Maman : à genoux.
Son ton était sans appel, je m’exécutai rapidement tandis que les larmes inondaient déjà mon visage. Je ne pleure que très rarement mais quand maman sort la ceinture…
Moi (pleurant) : snif, snif.
Maman (riant) : je n’ai même pas encore commencé l’échauffement.
Elle rie même avec qui?
Maman (redevenant) : tu étais où?
Moi (d’une petite voix) : chez un ami.
Maman : quel genre d’ami que je ne connais pas?
Moi : un nouveau ami.
Maman : UN nouveau ami hein? Et c’est quel genre d’ami qui t’encourage à découcher?
Moi (baissant la tête) :…
Maman (grondant) : réponds.
Moi (apeurée) :…
Maman : c’est comme ça hein. Ok donc toi tu jures que (coup de ceinture) tu vas me donner (coup de ceinture) la tension? (Coup de ceinture) Donc toi…
Elle ne finit pas sa phrase et commença à me frapper correctement. Est-ce que moi je gérais encore son « à genoux »? Je me suis mise à sauter dans tous les sens en criant et en pleurant.
Maman (grondant) : mouf, tu as intérêt à arrêter de crier. L’esprit de bordellerie de ton père la, ce n’est pas dans ma maison.
Moi : snif, je n’ai pas de père.
Maman : fermes la bouche imbécile. En plus elle me répond.
Ne pas crier ne m’empêchait pas de pleurer abondamment et bruyamment. Elle me frappait en visant les mollets, le dos et les cuisses. Snif, déjà que j’avais mal aux jambes. Plus le temps passait, plus l’intensité des coups augmentait. Finalement, je m’écroulai au sol en cachant mon visage et pleurait silencieusement en attendant la fin.
Maman (pleurant) : snif, Seigneur. Je te demande pardon. Snif.
Je vis la ceinture atterrir à côté de mon visage et maman s’affala sur un canapé pour pleurer. Je me levais avec difficulté et m’assis près d’elle.
Moi : snif, maman je suis désolé. C’était la première et la dernière fois. Snif
Maman : tu ne penses pas qu’on a assez de problèmes. Tu ne penses pas que j’ai assez de préoccupations pour ne pas dormir toute une nuit parce que j’ignore où tu te trouve? Et Jerry, tu crois que lui-même ne te cherchait pas?
Moi : je sais. C’était stupide. Ça n’arrivera plus.
Maman : Fabien était là, il voulait te voir. Mais tu étais trop occupée à découcher.
Moi (plaintive) : maman…
Maman : je vais rattraper ma nuit de sommeil.
Elle se leva et se dirigea vers sa chambre. Ça me faisait mal de voir ma mère dans cet état mais aussi d’avoir raté la visite de tonton Fabien. C’est le petit frère de maman. La seule personne de sa famille avec qui elle a pu vraiment garder contact. En fait, du peu que je connais de cette histoire – vu qu’elle n’aime pas en parler – toute sa famille, mes grands-parents compris l’ont rejeté peu après que mon géniteur soit parti. Seul tonton Fabien et Tata Fadie ont gardez contact, mais Tata Fadie est juste la pour raconter partout dans la famille à quel point maman a raté sa vie. Ils vivent presque tous à Douala et c’est uniquement ces deux membres que je connais. Tonton Fabien a toujours été vraiment gentils avec moi, c’est un amour. Il a 37 ans et c’est le derniers d’une fratrie de 5 enfants dont Tata fadie et maman sont les uniques filles.
Je me dirigeai avec peine vers ma chambre, mit mon téléphone à la charge et m’allongea sur le lit. Un sommeil réparateur ne tarda pas à se saisir de moi et empêcher, ainsi mon cerveau de divaguer vers des terrains trop sinueux.
Je me suis réveillée, il était déjà 15h. La bastonnade la m’avait mise K.O. j’ai jeté un coup d’œil à mes appels. 30 appels et 15 messages de Jerry datant d’hier, 10 appels de maman et 5 appels d’un numéro inconnu datant d’aujourd’hui. J’appelai Jerry d’abord.
Lui : allo.
Moi : bonsoir, c’est moi.
Lui (sec) : je sais.
Moi : je suis rentrée.
Lui : je sais,
Okay
Moi : tu es fâché?
Lui (ironique) : non, j’explose de joie. Pff il faut que j’y aille là. Bye.
CLICK
C’est la première fois qu’il est aussi sec envers moi. Je décidai donc de lui rendre visite. Je pris une douche rapide et enfilai un Kaba (c’est facile à porter et à enlever. C’est quoi? ) Arrivée chez lui, je vis la voiture d son père. Oh. J’entrai au salon où je trouvai Esther, leur ménagère.
Moi (la saluant) : eh Esther, how? (comment ça va?)
Esther : ah je suis la ma sœur. Le ngémé me gère le feu sort. Mais on va faire comment? (ça va, je manque seulement d’argent).
Moi : ah ma sœur laisse. Ça ne te gère pas seule. Au fait même. Comment va mon beau (son copain)?
Esther : qui? Le vendu là? Laisse le où il est. Je suis de bonne humeur pardon.
Moi (riant) : ahah weh il t’a fait encore quoi?
Esther : hum, figure toi que je trouve l’idiot entre les jambes de ma cousine, tout ce qu’il trouve à dire c’est (imitant sa voix) «il fallait que je goutte, elle avait l’air trop bonne».
Moi (surprise) : carrément.
Esther : est-ce que ma part passe loin? J’ai correctement frappé la fille et il a faillit recevoir l’eau bouillante sur sa tête. Heureusement pour lui qu’il court vite.
J’étais morte de rire. Tu peux être en colère comme tu veux mais dès que tu lui parles, la bonne humeur t’étouffe même.
Jerry : Esther. ESTHER… ESTH…
Il descendait les escaliers en l’appelant mais dès qu’il m’a vu, il s’est stoppé dans son élan un moment, avant de continuer son chemin vers elle en m’ignorant complètement.
Jerry : s’il te plait Esther, maman veut que tu sortes les pommes et tu épluches pour elle. Vraiment hein, elle oublie trop que je suis un homme.
Elle se mit à rire doucement en me jetant des coups d’œil furtifs, ayant certainement remarqué son manège. Elle prit congé de moi et s’en alla faire sa besogne.
Moi : Jerry.
Lui (sans me regarder) : suis-moi.
Je le suivis jusqu’à sa chambre et on s’assit face à face sur le lit.
Moi : Jerry…
Jerry : où étais-tu?
Moi (baissant la tête) : chez Léandre.
Jerry :…
Je relevai la tête et tombai sur un Jerry très en colère.
Moi : Jerry…
Jerry (criant presque) : donc pendant que nous, on se fait du sang d’encre toi tu te fais baisée?
Moi (choquée) : tu n’as pas besoin d’êtr si cru?
Jerry : cru avec quoi? St-ce de ma faute si tu te conduis comme une salope?
C’en était trop, je me levai de son lit et me dirigeai vers la porte.
Jerry : où vas-tu?
Moi : la salope prends son cul et fout le camp de ta parfaite maison.
Je le sentis venir derrière moi et m’arrêter la main alors que je tournais la poignée,
Jerry : je suis désolé. Mes mots ont dépassé ma pensée. Je ne voulais pas dire ça. Tu s tout sauf une salope.
Moi (murmurant) : une pute alors?
Jerry : non, rien de cela. Allez viens.
On se coucha sur son Lit et on resta ainsi quelques minutes à se regarder.
Jerry : ne refais plus jamais un truc pareil.
Moi : promis.
Jerry : comment tu te sens maintenant? Plus femme?
Moi (les larmes aux yeux) : je me sens sale.
Jerry (surpris) : sale?
Moi (sanglotant) : oui, j’ai couché avec lui alors qu’il n’y a rien de concret entre nous. Je veux dire, moi j’ai des sentiments mais de son côté je n’en sais strictement rien. Si ça se trouve, je ne suis qu’une fille de plus sur sa liste. J’ai été trop bête. Snif.
Il me prit dans ses bras et se mit à me consoler. On resta ainsi minimum une heure avant de daigner sortir de sa chambre et aller au salon. Ses parents s’y trouvaient.
Maman Jerry : ah vous descendez enfin.
Jerry (ton de reproche) : maman…
Maman Jerry : ah c’est quoi? (souriant) J’ai été jeune moi aussi et…
Jerry (agacée) : maman!
Maman Jerry : bon ça va alors. Tchipp, les enfants que toi-même tu as poussé la qui veulent te mentir.
Je suis sûre que j’étais rouge pivoine la. Maman Jerry a toujours espérée que moi et Jerry finissions ensemble. Hum.
Papa Jerry : c’est bien ton fils.
Jerry : Père.
Papa Jerry : Fils.
Ouch, je vous avais dit que c’était tendu entre son père et lui nor, voila ça. L’atmosphère est devenue lourde d’un coup.
Maman Jerry (à moi) : vient Anastasie, tu va m’aider en cuisine si tu veux bien.
Moi : aucuns soucis.
Je l’accompagnai à la cuisine préparer un gâteau. Elle essayait de garder le sourire mais ça se voyait qu’elle avait perdue sa bonne humeur.
Papa Jerry : jusqu’à quand va tu continuer de me faire honte.
Jerry (buté) : je ne savais pas que faire art et lettres était honteux.
Papa Jerry (énervé) : et tu crois que tu vas trouver quel métier avec une merde pareille hein? C’est avec des cailloux que tu vas nourrir ta famille?
Question discrétion, c’est raté. Moi et sa mère, on échangea des sourires gênés. Je me dépêchai de prendre congés d’eux histoire qu’il règle ce problème en famille. Je ne comprends pas l’acharnement de son père sur lui; c’est vrai qu’avoir des diplômes en Art et lettres n’est pas aussi payant qu’en science mais ce sont des métiers aussi. En tout cas…
Aujourd’hui on est dimanche et à l’occasion, mon anniversaire aussi. J’ai 21 ans c’est officiel, je suis majeure. Je suis allée travailler vendredi et hier mais il n’était pas là. Du pur bonheur.
La journée s’est très bien passée, nous sommes allés à l’église (maman, Jerry et moi), ensuite on m’a souhaité un joyeux anniversaire ainsi que Tonton Fabien qui a appelé, enfin on a mangé du poulet DG. J’aime trop ce met la. Il était 16 h et j’étais assise au salon ainsi que Jerry avec qui je parlais de tout et de rien quand je reçu un appel d’un numéro inconnu. Pas le même qu’hier soir. Je me demande qui c’est.
Moi (joviale) : allo…
… : oui, la go c’est moi oh
Moi (criant de joie) : LARRYYYYYY
Jerry m’a regardé d’Abord surpris mais ensuite agacé. Aka, c’est mon amie hein. Tu ne veux pas, tu laisses.
Larry : rho je sais que tu m’aimes mais ne cris pas dans mes oreilles.
C’est une très bonne amie d’enfance, Larissa. Cette fille est une perle; on s’est connu au Cp en primaire. Cette fille est trop délire quoi. Avec elle on ne s’ennui jamais. En plus, elle a un tempérament de feu donc c’est cool. Elle a quitté le pays pour la France il y 10 ans, à l’âge de 12 ans. Et depuis, on a gardé tant bien que mal le contact.
Moi : non mais je suis trop contente de t’entendre quoi.
Larry : moi aussi la go, tu m’as trop manqué. Joyeux anniversaire.
Moi : merciiii. J’ai déjà la majorité universelle hein, faut pas blaguer.
Larry : vois sa vielle tête comme j’ai la majorité universelle. Qui mange ça?
Moi : change même.
Larry : pour devenir quoi?
Je vous avais dit nor.
Moi (confuse) : mais je dis hein, tu m’appelles avec le numéro du Cameroun c’est comment? Tu es au pays?
Larry : oui oh, ma chérie. Moi je suis rentré.
Moi : pour de bon?
Larry : oui nor.
Je me suis mise à crier de joie et à esquisser des pas de danse que je pouvais encore avec la bastonnade de maman la.
Larry : il faut qu’on se voie vite hein.
Moi : quand tu veux mais je travaille en semaine.
Larry : pas grave. Samedi prochain prépare toi, on va en BT (boîte de nuit).
Moi : rho… bon d’accord mais je viens avec Jerry.
Jerry m’a fait les gros yeux la.
Larry : tchipp comme tu veux.
Ils ne s’aiment pas beaucoup ces deux la. Larry dit qu’il n’est qu’un distributeur de sperme, lui il dit qu’elle loue sa chatte pour 25 FCFA donc imaginez un peu. Quand ils se disputent, on dirait des gamins. On a encor causé un peu, puis elle a prit congé de moi.
Jerry : toi tu me mets encore dans quel programme?
Moi (faisant les yeux doux) : rho s’il te plait, on va en boîte je ne veux pas y aller qu’à deux. Fais ça pour moi.
Jerry (soupirant) : si ce n’est pas pour toi que je le fais, c’est pour qui?
Moi (sautant dans ses bras) : merci, merci, merci.
Il est rentré chez lui après ça et j’ai fini la soirée avec maman. Le lendemain, je ne voulais même pas me lever pour aller travailler. Pff j’avais même envie de simuler une maladie mais bon, il faut toujours assumer ses actes et c’est ce que je vais faire. Je me suis rapidement préparé et je suis arrivé chez les Gako à 6h30 espérant qu’il dormait encore mais c’était mal le connaître. Je nettoyais quand je sentis une personne se coller à moi par derrière.
Léandre (me faisant des bisous sur l’épaule) : tu m’as manqué.
Moi :…
Je continuais mon travail sans me soucier de lui; essayant d’ignorer mon corps et mes battements cardiaques qui me trahissaient.
Léandre : j’ai essayé de t’appeler après ton départ jeudi mais tu ne répondais pas. Tu devais être trop sonnée par notre petit sport.
Moi (sèche) : certainement.
Il me retourna et se mit à m’embrasser en me pétrifiant les fesses et me soulevais même pour me mettre sur le comptoir du minibar qu’ils possédaient.
Moi (le repoussant) : mais qu’est ce que tu fous?
Léandre (souriant) : on se donne du plaisir.
Moi : eh bien moi je n’en veux pas.
Léandre : mais qu’Est-ce qui te prend Anastasie. On était bien jeudi.
Moi (sarcastique) : oui bien, très bien même. Aussi bien qu’un plan cul.
Il me regarda surpris avant de me conduire de force à sa chambre.
Moi (énervée) : qu’Est-ce qu’on fout là? Je te préviens, ne compte pas sur moi pour coucher avec toi. J’ai épuisé mon cota de bordellerie.
Léandre : arrête de crier et écoute moi. Oui c’est vrai, je ne t’aime pas encore au delà de ma propre vie mais je veux qu’on essaie quelque chose tous les deux. Je veux qu’on se donne une chance.
Je lui jetais des regards en coin et je sentais, Oh oui je sentais que j’étais entrain de tomber.
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Ça fait trois mois que Léandre et moi sortons officiellement ensemble. Il est attentionné envers moi et moi aussi. Aucun de nos parents n’est au courant et c’est mieux comme ça. Seul Jerry et Larry savent pour nous, mais de son côté, je n’en sais pas plus que vous. Cela fait aussi deux mois qu’il a commencé à donner cours au collège Jean Tabi et il a l’air de s’y plaire. Entre nous ça va mais par contre, le ‘’ je t’aime’’ n’a pas encore traversé la frontière de nos Lèvres, je ne veux pas le dire en première position. Sexuellement parlant, c’est torride mais je veux plus.
Aujourd’hui, il est venu rendre visite à ses parents et ils parlent depuis plus d’une heure. Je marchais dans le couloir en direction de ma chambre quand je le sentis me plaquer contre le mur et m’embrasser.
Moi (entre deux baisers) : tes parents sont là.
Léandre (passant sa main sous ma jupe) : oui mais ils sont loin.
Moi : n’empêche que… oh humm
Il faisait des vas et vient en moi. On avait l‘habitude de le faire chez lui mais la, il était déchainé.
Maman Gako (criant de consternation) : Léandre.
On tourna la tête quasi simultanément vers elle.
Maman Gako (énervée) : ne me dis pas que tu te tapes la ménagère?
Oh oh…

À L'AUBE DES SENTIMENTSWhere stories live. Discover now