Chapitre 6 : Bryan.

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Je me sens bien, au chaud, en sécurité. Je ne sais pas d'où vient cette chaleur, mais ce que je sais, c'est que je ne veux pas qu'elle s'en aille. Un bruit se fait entendre au loin et je sens que tout bascule autour de moi. Cette chaleur s'éloigne et je proteste, mais une voix rassurante se fait entendre, elle est douce et réconfortante, je ne comprends pas bien ce qu'elle dit, mais elle a pour effet de me calmer et de me rendormir.

Après quelques minutes ou plusieurs heures, une lumière vive éclaire mes paupières, m'obligeant à me recroqueviller sous les draps.

–Eh, debout là-dedans !
–Putain.

Un rire se fait entendre, le rire de mon vieil ami, Cameron. Je m'assois difficilement, toujours les yeux fermés.

–Bordel, qu'est-ce tu fous chez moi ? Dis-je une main cachant mes yeux.
–De quoi tu parles, ici on est chez Camus, tu te souviens ?

J'ouvre les yeux, et rencontre les siens, mais la clarté de la pièce m'oblige à détourner les yeux de la fenêtre, et a cligné plusieurs fois ceci pour m'y habituer.

–Quoi ?

Puis les souvenirs me reviennent en mémoire, mon visage a dû être expressif, car Cameron ne répond pas à ma question et à l'air d'attendre.

–Tu vas bien, qu'est-ce qui c'est passé après le coup de couteau ?

–Tu ne te souviens pas ?
–Non, je me souviens seulement, des yeux de Camus, puis le trou noir.
–Eh bien, Camus, m'a sauvé en dépliant ses ailes pour me protéger des balles, puis le mec a été stoppé et il est retourné en Enfer, quant à ta blessure, Omphraque l'a guérie.
–Alors, Camus est vraiment un ange. Dis-je dans un constat. C'était une âme damnée, c'est ça ? Et cet homme, il était mort ?
–Oui, oui et oui. Il ne t'a rien dit ? Tu sais, sur ce qui s'est passé ?
–Il m'a expliqué le fonctionnement de l'Enfer, le portail, enfin toutes ses choses. À vrai dire, il attendait que tu le fasses. Peut-être pensait-il que ça se passerait mieux venant de ta bouche.
–Je vois.

Nous restons un moment ainsi, dans le silence, il est assis près de moi, habillé d'un jean à sa taille et d'un maillot qui met en évidence son torse musclé. Puis une question me vient à l'esprit.

–En fait, qui est Omphraque ?
–C'est, tu sais... mon petit ami.
–Mais, c'est que tu rougis.
–Oh, la ferme.
–Dis, ce n'est pas le mec dont tu parlais à la fête d'anniversaire, celui de régulier.
–Oui, c'est lui.

Et je me mets à rire avec lui. Ça me fait du bien, ce moment passé ensemble.

–J'suis content que tu sois là. Dis-je après un moment.
–Moi aussi.
–Et pour en revenir à Omphraque, qu'est-ce qu'il est ?
–Il est le « 'Dieu de l'Enfer »', en quelque sorte. Tout se que je sais, c'est qu'il vient d'une autre race, les Alsiens, et qu'il est beaucoup plus âgé que moi, en faite, il est immortel. Après cette révélation, je met un temps avant de prendre une grande décision, si il est noyé jusqu'au cou, autant que je le suive pour ne pas le perdre de vue.
-Raconte-moi tout ce que tu ne me dis pas, d'accord, je ne veux plus aucun secret entre nous.

Et il le fait, il m'explique sa rencontre, la balle qu'il a reçu, sa première visite en Enfer, les révélations surprenantes d'Omphraque et plein d'autre chose encore. Puis, après toute ses réponses extraordinaires, un flottement subsiste entre nous, nous restons quelques temps dans nos pensées quand soudain mon ventre gargouille.


–Eh, bien. Dit-il.
–Oh ça va, j'ai faim. Et puis, quelle heure il est d'ailleurs ?
–On est le matin.
–C'est très précis.

Et il se met à sourire. Je repousse les draps et m'appuie sur mes jambes pour pouvoir marcher. Je n'ai pas peur de son regard sur moi, car il m'a vu dans un bien pire état.

–Je doute que sortir comme ça soit une bonne idée. Me dit-il, tout en me regardant.
–Oui, en effet, tu n'aurais pas des vêtements à ma prêter par hasard. Son visage se met à s'illuminer, et il me répond joyeusement.
–Heureusement pour toi que oui.

Il se dirige vers le fauteuil, puis me tend des vêtements où se trouve un jean serré et une chemise dont l'un est gris clair et l'autre à carreaux rouge et noir que je boutonne au trois quarts créant un effet en v me donnant l'air désinvolte.

Enfin habillés et chaussés de basket noir, nous nous dirigeons ensemble en direction du couloir. Nous le traversons pendant que je le questionne au sujet de la provenance des vêtements étrangement à ma taille.

–C'est moi qui les ai créé, aidé par Cameron qui m'a informé de tes goûts ainsi que de ta taille.

Un hoquet de surprise s'est échappé de moi alors que l'inconnu commençait sa phrase. C'est un homme assez grand et mince, moins que moi tout de même, les cheveux noirs plutôt courts, les yeux sombre complètement à l'opposé des splendides yeux clairs de Camus. Il porte un long manteau noir, une chemise blanche avec un pantalon tout aussi noir.

Je me tourne vers Cam attendant une réponse qu'il ne tarde pas à me donner.

–Bryan voici Omphraque, Omphraque, Bryan.

Il avance vers moi et me tend la main, main que j'agrippe dans une poignée amicale.

–Content de vous, te connaître ?
–Tu peux me tutoyer, et pour information, nous nous sommes déjà rencontrés.
–Ah oui, c'est vrai. Dis-je tout en faisant oui de la tête comme un idiot, alors que je creuse au plus profond de mes souvenirs. Et quand, nous sommes-nous rencontrés au juste ? Demandai-je toujours dans le noir.

À ma gauche, Cam retient avec peine un rire de s'échapper voyant le visage perdu d'omphraque.

–À la boîte de nuit, tu sais ? Ah, mais c'est vrai, tu étais occupé avec cet homme, comment c'était son nom, ah oui, James.
–Ouais, James. Dis-je en appuyant bien sûr le dernier mot. Cameron me lance un regard interrogateur, et comme toujours, je me dis que mon ami a remarqué que quelque chose cloché.
–Qui ? Me demande la voix de Camus.

Je ne l'avais pas remarqué dans la pièce avant qu'il ne parle, et à sa voix, mon cœur fait un bon. Il est toujours aussi beau et imposant. Je prends une grande goulée d'air à sa vue, mais surtout à la vue de ses yeux.

–Mais c'est que tu rougis. Me chuchote tout bas Cam, à l'oreille. Je détourne le visage de cette vision magnifique, pour lui rétorquer, tout naturellement.
–La ferme. Et à ma réponse, il sourit.
–C'est quoi ces messes basses ? Demande Omphraque, les sourcils froncés.
–Rien. Dis mon ami avec un visage provocateur.
–Bon bah, c'est pas que je m'ennuie, mais j'ai toujours faim moi. L'informai-je toujours en murmurant.
–Et tu veux manger quoi ? Me demande Camus, de sa voix habituellement douce.

Je suis surpris qu'il m'ait entendu à cette distance, jusqu'à me souvenir qu'il est un ange.

–J'voudrais bien avoir un café, si tu as, s'il te plaît.

Il se lève de la table sur lequel il était adossé jusqu'à présent, pour se diriger vers la cuisine.

Pendant qu'il est dos à moi, j'ai tout le loisir d'observer ses fesses moulés par son jean noir. Il porte aussi un pull, manche longue à col roulé et une veste en cuir tout aussi noir. Quant à ses cheveux, ils sont relevé et attachés en chignon laissant quand même tomber les longs cheveux raides et bruns dans son dos se balançant au rythme de ses hanches.

Pour ma part, je m'assois sur une chaise autour de la table, tout comme Cam à côté de moi, et Omphraque en face de lui.

–Et toi, t'as mangé ? Demandai-je à mon ami.–Oui.–Un cappuccino ou c'est que tu t'es enfin mis au café ?

–Un thé à la martène. Je le regarde bizarrement, c'est alors qu'il me rétorque. Oh, la ferme, tu devrais essayer, c'est vachement bon au final.

–Moi vivant, jamais. Et je me mets à rire. J'te vois bien avec ta petite tasse de thé à la main, le petit doigt levé.

–T'es sérieux, oh le cliché.

–T'aimes vraiment le thé ? Lui demandé-je toujours pas convaincu.

À son visage, je peux directement savoir la réponse. Mon ami déteste vraiment toutes les boissons chaudes hormis le cappuccino. Nous nous sourions mutuellement, jusqu'à ce que Camus pose une tasse de café chaude devant moi et s'assoit en bout de table à mes côtés.

–Merci.

–De rien.

–Dis, tu n'aurais pas du cappuccino pour Cam ?

–Arrête. Me dit mon ami, en me faisant un coup de coude.

Omphraque fait un geste de la main, et une tasse fumante se matérialise dans une fumé noir qui se dissipe rapidement.

–Ouah ! Trop cool ! Tu pourrais matérialiser de l'argent ?

Et Cam se remet à rire, emporté par un fou-rire qui ne veut pas partir.

–Bah quoi, c'est super pratique ça. Dis-je toutes dents dehors.Je vois du coin de l'œil Camus sourire, et cela me réchauffe le cœur.

–T'es bête, quand tu t'y mets. Me dit Cam, entre deux rafales de toux.

Je lui tape le dos doucement attendant que ça passe, puis prends délicatement en main mon café brûlant, tout en soufflant dessus pour essayer vainement de faire chuter la température.

Noire Plume : Camus - Tome 2 (terminé)Where stories live. Discover now