Chapitre 24, 4

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– Aria avait les cheveux longs et châtains. Ils reflétaient la lumière du soleil de manière surprenante, comme s'ils la transformaient en d'infimes particules dorées. Ses yeux verts, toujours souriants, étaient très expressifs. Elle ne savait d'ailleurs pas cacher ses sentiments.

Un sourire apparaît alors sur les lèvres du loup.

– Je me souviens que, quand elle riait, tout ceux qui se trouvaient autour d'elle riaient également. Elle était réservée mais généreuse. Elle aimait vivre dans la simplicité et offrait tout ce dont elle n'avait pas besoin. Elle était toujours là pour moi, tout comme Catherine. Elle faisait partie de ma famille.

Sa mère. Qui lui apparaît dans un souvenir qu'elle ne connaîtra pourtant jamais.

— En y pensant, tu es son portrait craché... mais je ne te regarde pas comme je la regardais.

Elle la voit, avec ce visage si semblable au sien mais illuminé par des magnifiques iris d'émeraude. Elle doit tenir sa blondeur de son père.

Justine baisse légèrement la tête, essayant de se perdre dans les pensées indéchiffrables d'Elijah. Même si elle ne sait lire à l'intérieur ; elle s'oublie dans les brèves images qu'elle a pu déchiffrer.

Elle n'a aucun souvenir. Pas même un sourire, pas même une comptine ou un murmure. Juste le vide, le noir le plus parfait. Rien d'autre que ses yeux qui s'ouvrent sur les murs trop colorés de l'orphelinat.

— A mon tour maintenant. Catherine m'a dit que tu avais suivis des cours de psychologie, pourquoi as-tu arrêté ?

La sorcière tique à la suite des mots du loup, mais elle répond en plissant le nez.

— Pas assez d'argent. Les banques ne prêtent pas aux orphelins. J'aurais bien voulu continuer et puis j'ai dû payer mon appartement. Jane est ma colocataire mais je ne veux pas qu'elle paye la moitié. Elle travaille déjà... bien trop pour payer ses frais de scolarité.

Un travail que Justine refuse. Voir Jane revenir plus fatiguée chaque jour et la gorge plus couturée de blessure lui arrache le cœur. Alors elle faisait tout pour que sa meilleure amie ait moins besoin d'argent, espérant secrètement que cela la détournerait de ce métier qu'elle était trop jeune et trop pure pour faire.

— Mon tour.

Le sourire de Justine revient, réel et éblouissant, loin de ceux qu'Elijah avait pu voir jusqu'à présent.

— Comment tu as retrouvé des loups pour l'île ? Enfin... Comment tu as retrouvé ton peuple ?

— Ma famille, la corrige Elijah avant de répondre. Peu de temps après que Catherine soit venue me libérer, les vampires ont déserté l'île en la laissant telle quel derrière eux. Les loups qui ont survécu à l'attaque sont alors revenu pour...

Elijah s'interrompt, comme si d'un seul coup son cœur venait de se serrer dans sa poitrine pour lui couper le souffle.

— La meute s'est reformée, sans moi. Et l'île a repris vie grâce à eux... je n'ai fait que les rejoindre. Tard. Ils m'ont attendu des années, jusqu'à même penser que je n'existais plus... et ils ont perdu espoir par ma faute. Depuis que je suis revenu je m'efforce de faire renaître cet espoir. Mais je crains de le faire en vain. Je n'ai pas l'impression d'être à la hauteur, ni même d'être à ma place, sauf quand...

Il interrompt à nouveau, la fixant.

— Je passe mon tour. Pose-moi une autre question.

— Tu as fait ce qui était juste Elijah, murmure Justine. Ne te torture pas avec le passé. Tu ne peux plus le changer.

Violet comme les ombresWhere stories live. Discover now