Chapitre 23, 2

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Ce n'est qu'un souffle. Mais un souffle hurlant de douleur et de terreur. C'est de la peur qui brille dans les yeux de Faith. De la peur qui la tétanise. Sans magie, elle n'est plus rien de la femme qu'elle est devenue. Sans magie, elle est banalement humaine. Et elle refuse de l'avouer.

— Faith... murmure-t-il avant de la serrer un peu plus dans ses bras. Tout va bien. Tu... tu dois être fatiguée, c'est tout. On va trouver une solution. D'accord ? Ensemble.

Elle s'enivre de son odeur, ainsi blottie dans les bras où elle s'est perdue. Elle se perd, s'oublie. Elle pleure, elle le sent. De nouvelles larmes viennent rejoindre les traces des anciennes. Ses yeux sont déjà gonflés alors que son souffle se fait de plus en plus difficile.

Elle étouffe ainsi dans ses bras et pourtant une force inconnue la pousse à le serrer plus encore. Des points sombres commencent déjà à voler devant ses yeux, à ternir sa vision. Elle n'entend plus les mots qu'il lui souffle alors que l'oxygène peine à parvenir jusqu'à son cerveau. Elle se sent mourir. Elle veut se débattre mais ce qui la pousse est plus fort encore. Elle n'a plus la moindre étincelle de magie pour lutter. L'inconscience s'empare d'elle alors que ses lèvres s'entrouvrent enfin sur l'air tant attendu.

— Lorenzo.

Sa voix est à peine plus grave. Pleine d'espoir et de désir. Roulante, ondulante. Charmeuse.

Elle se redresse, quittant la chaleur de ses bras. Ses mains se posent sur le torse famélique de Shiloh. Mais ce n'est lui qu'elle voit. Ce n'est même elle qui s'est éveillée.

Faith s'est évanouie.

Pourtant elle se débat contre ce qui prends possession d'elle. C'est une sorcière. Enfoncée dans sa chair, maitresse de son corps. Une sorcière qui possède ses veines et vient réveiller la magie. Une douce lumière verte s'enroule autour de ses doigts qu'elle pose sur l'ombre des pectoraux du l'humain.

Faith hurle au plus profond de ce corps qui n'est déjà plus le sien. Comment cette étrangère ose le toucher ! Elle ouvre la bouche, prête à hurler à son fiancé de partir mais ce sont d'autres mots qui s'échappent de ses lippes.

— Lorenzo...

Un simple prénom, murmuré d'une intonation qui ne ressemble pas à celle de Faith. Et lui qui ne l'entends pas. Et lui qui ne voit pas la différence. Elle se débat mais un rire retentit dans son esprit. Glacial, violent, terrible. Tu n'as aucune chance petite créature. Les mots se sont glissés à ses oreilles sans avoir été sifflé par personne. Ils enserrent son cœur, glissant une chappe de glace autour de son myocarde qui ne bat déjà plus aussi vite qu'il le devrait. Est-elle en train de mourir ? N'espère pas. Il m'appartient. Faith ne comprend plus ce qu'il se passe.

Son corps est marionnette d'une personne inconnue.

— Ne me laisse plus. Reste avec moi. Je refuse que ses monstres te touchent à nouveau.

Faith sent trop de pensées étrangères s'infiltrer en elle. Elle voit des flammes, elle voit la puissance sous-entendue. Trop de reproches à son encontre, contre sa magie trop faible et son apprentissage avorté. Mais au plus profond de tout, elle sent de l'amour pour un homme qui ressemble comme deux gouttes d'eau à Shiloh. Celui que cette étrangère nomme Lorenzo. A moi, à moi seule ! Elle se tend, un peu plus mais son corps ne bouge pas. Il se blottit un peu plus. Et est brutalement repoussé.

Si Faith en frémit de bonheur de voir les sourcils interrogatifs de Shiloh, la créature en elle n'est pas de cet avis. Tu as utilisé ta magie petite folle. Trop de magie. Maintenant c'est à mon tour !

Faith lutte, se fichant de ce qu'elle entend. Cette magie est à elle et à personne d'autre ! Elle a puisé dans toutes ses ressources pour les faire quitter le manoir des horreurs où ils s'étaient rendus. Il était hors de questions que cela offre la possibilité à une inconnue de la contrôler.

— Je vais finir de me préparer, réponds Shiloh. J'aimerai faire un tour en ville ce matin.

Il s'éloigne, tente de partir.

Le manque prend Faith aux tripes. Il la saisit dans toute son entièreté, l'enveloppe et la retient contre lui.

C'est la sorcière. C'est la chose en elle qui a besoin de son petit ami. Faith se débat mais elle ne peut l'empêcher d'ouvrir la bouche, elle ne peut l'empêcher d'avancer. L'autre appelle ce prénom que l'irlandaise a toujours aimé mais d'une voix langoureuse qui ne lui ressemble pas. Elle le touche, glissant sur sa peau, comme une chatte en chaleur. Tu ne comprends rien. Non... Faith n'arrive pas à comprendre. Encore moins à expliquer les réactions de son petit ami. Ce n'est pas elle ! Et lui se laisse enfoncer dans une spirale infernale. Voilà qu'il donne ce qu'elle veut à l'autre, voilà qu'il se laisse ensorceler. Ses mains se font baladeuses, glisse sous le tissu de ses vêtements, accroche sa chair.

Elle l'attire un peu plus à lui. Faith sent les pensées de l'inconnue en elle vibrer. Elle y lit comme dans un livre ouvert, elle sent qu'elle tente de réveiller quelque chose. Une créature tapie au plus profond de Shiloh, le faisant passer pour une simple ombre inutile. Ses ongles griffent la chair et une aura flamboyante semble s'animer, rendant plus cruelle encore la sorcière. Vient ! Réveille-toi ! Le désir grogne, en même temps que le corps de Faith alors que Shiloh vient marquer sa chair, grignotant de ses dents son cou.

— Arrête !

Elle a hurlé sans même le vouloir.

Les yeux de Faith s'écarquillent, sous l'incompréhension des deux personnes dans cet unique corps. L'irlandaise veut reprendre le contrôle, se débat, encore et encore. La muserole est partie, ne restant que le contrôle sur la chair.

— Shiloz ! Arrête !

Violet comme les ombresWo Geschichten leben. Entdecke jetzt