Chapitre 8

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Alexandre se retourne, lâchant Elisabeth.

Le visage déformé par la rage du vampire disparait, retrouvant ses traits charmeurs et un sourire faux qu'il oblige sur ses lèvres. Joshua, le Sire de la comtesse, perdu de vue depuis de siècles ne lui avait pas manqué.

Ce dernier se découpe dans l'embrassure de la porte du salon. Cheveux noir coupés courts, costumes impeccables, cravate fièrement nouée, expression glacée. Le vieux vampire est tiré aux quatre épingles, comme à son habitude.

Il ressemble à un bureaucrate, de ces mêmes hommes qui transportent leur attaché caisse tous les jours dans le métro, envahissant les villes comme des fourmis travailleuses. Et il n'est rien de plus qu'un sbire du conseil, siégeant au milieu des tas de poussières, de ces vampires trop vieux pour bouger plus d'une lèvre gercée.

Elisabeth s'échappe, se redressant en époussetant ses vêtements. Elle glisse une main sur son cou, jetant un regard noir à Alexandre.

— Trop aimable, rie Joshua dans une parodie de remerciement. J'ai informé Elizabeth de l'arrivée de ce vieux fou de Salazar. Tu ne pensais quand même pas pouvoir te débarrasser de lui aussi facilement ?

Alexandre se tend d'une grimace, grinçant dans des dents. Peut-être a-t-il été naïf mais il pensait sincèrement être débarrassé de son créateur. Que les machinations de l'italien n'était plus qu'un ancien souvenir.

Il avait rêvé trop fort. Et prié trop bas.

— Tu as lancé le dé d'un jeu bien trop dangereux pour toi Alexandre. Aujourd'hui, c'est à son tour. C'est à lui de jouer, dit-il. Plus explicitement, Alexandre, tu as raté ton coup et je suis navré de t'apprendre qu'il sera ton dernier. A moins que...

Il s'interrompt avant de laisser un bref rire s'échapper d'entre ses lèvres fines, sous le regard moqueur d'une Elisabeth muette.

— Qu'est-ce que je peux être étourdi parfois. Toi, le grand Alexandre, tu es bien trop fier pour demander de l'aide à tes amis, lance-t-il en tendant la main à la comtesse, ne lâchant pas l'emprise de son regard sur celui du vampire.

— Je n'ai pas d'ami, glisse l'immortel, d'une voix sèche. Et si c'était le cas, je ne me serais certainement pas entouré de vous deux.

— C'est bien dommage, se contente répondre le plus ancien.

Les bras d'Alexandre se croise, ses sourcils se froncent. Une fois de plus, il se sent idiot. Comme plongé dans un piège qu'il n'avait pas vu se refermer autour de lui. Cette fois, son don obscur, le faisant dieu des échappatoires, ne lui sera d'aucun recourt. Il va devoir affronter. Plus fuir.

— Salazar m'a volé un petit quelque chose auquel je tiens et j'aimerais le récupérer, mais tu sais comme moi que je peux le faire seul... Néanmoins... Tu me sembles bien informé sur ses agissements Joshua. N'étiez-vous pas allié autrefois ? Etrange que tu viennes m'offrir ton aide en trahissant un ami, susurre le prince vampirique.

Il sait qu'il ment, il sait qu'il joue. Il n'y a pas d'amitié chez les vampires. De liens, de sang ou de pouvoir. D'allégeance ou de volonté. Car si l'homme vit et meurt seul, le vampire se contente de vivre seul.

— Va droit au but Joshua. J'ai beau être français, la fâcheuse habitude des miens à tourner pendant des heures autour du sujet m'exaspère. Qu'est-ce que tu attends de moi ? Je doute que tu aurais déplacé ta vénérable carcasse jusqu'à moi simplement pour que nous buvions un verre ensemble.

Joshua se tend d'un sourire, reprit par l'ombre de son Infante. Il n'a pas écouté un traitre mot des paroles d'Alexandre. Du moins pas les dernières car il reste en suspens, il reste en hauteur. Pour mieux offrir ses crocs de serpents et son venin aux veines du vampire.

Violet comme les ombresOnde histórias criam vida. Descubra agora