Chapitre 18, partie 2

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La jeune sorcière ne parvient à parler, la gorge serrée par l'appréhension. Elle mord sa lèvre inférieure avec violence, son cœur battent à tout rompre. Son regard est brulant de questions et de larmes qui refusent de s'évader sur ses joues.

Elle ne dit rien et le silence est seulement rompu par le bruit des machines. La main de Catherine vient caresser sa joue, séchant ses yeux.

— Justine. Ma si jolie Justine. Je suis si heureuse de te retrouver... murmure-elle, les yeux mélancoliques, luisant de fierté. Tu as les traits de ta mère.

Sa main délaisse sa joue pour attraper celle de la jeune femme. Sa peau parcheminée est douce. L'amour qui brille dans ses yeux brise le cœur de Justine et cette dernière entoure de ses longs doigts la main de la vieille femme. Elle sourit, d'un sourire bien trop triste, les lèvres tremblantes.

— De quoi as-tu peur ma chérie ? demande Catherine.

— De tout... Je ne sais pas ce que je dois faire, qui je suis, pourquoi je suis là. Je ne comprends rien. Je suis perdue... J'ai des pouvoirs que je ne comprends pas et pourquoi ? Je n'ai rien demandé à personne. J'ai rien à voir avec toutes ses histoires. Je veux pas faire partie de toutes ses histoires.

— S'il y a bien une chose que j'ai comprise Justine, c'est qu'il faut répondre à une seule question à la fois. Tu es là, parce que ton cœur t'a guidé jusqu'ici. L'as-tu déjà véritablement écouté ?

La jeune femme baisse les yeux aux paroles de Catherine. Elle est incapable de répondre à la question car elle sait parfaitement qu'elle ne l'a pas fait et qu'elle ne le fera pas. Ses sentiments sont incompréhensibles et ils lui soufflent des mots qu'elle ne veut entendre.

— Lui seul détient de nombreuses réponses, tu dois apprendre à lui faire confiance. A te faire confiance. ajoute la sorcière, faisant se plisser les nez de Justine.

— Mon cœur ne réfléchit pas. Jamais. Et quand il dirige, les ombres qui s'y sont cachées reviennent. Elles tuent, même des gens que j'aime.

Le visage de la vieille femme s'attriste devant la réponse de Justine et sa voix gonflée de larmes. La sorcière a peur, n'importe qui pourra le voir et son ainée plus encore.

— Ton cœur ne réussira jamais à diriger ces ombres si tu le vois ainsi, Justine. Il n'est pas aussi sombre que tu le prétends. Ma pauvre chérie, tout est de ma faute. J'ai pensé que la magie violette te serait plus utile que celle de la vie. Et j'avais besoin d'elle pour...


Catherine interrompt ses paroles et le regard interrogatif que lui offre Justine n'obtient aucune réponse. Il y a des choses que la jeune femme ne peut pas savoir. Mais elle veut les comprendre.

Pourquoi lui avoir donné une magie qu'elle ne maîtrise pas et surtout, une magie si dangereuse, capable d'ôter la vie avec facilité ?

— Bientôt tout sera plus clair, je te le promets. En attendant, j'ai quelque chose à te donner. Ça t'aidera peut-être.


Un sourire étire les lèvres de la sorcière à la suite de ses paroles. Avec difficulté, cette dernière se redresse et sa main glisse le long de la table de chevet. Justine voudrait l'aider mais elle ne sait que faire, ne sait comment réagir. Ici, elle ne connait rien et a tout à apprendre.

Catherine sort un coffret gravé de splendides motifs mystérieux, dont la signification échappe à la plus jeune.

La sorcière lui tend et Justine l'ouvre, faisant apparaitre un magnifique pendentif, orné d'une pierre orange qui semble briller d'une vie propre. Elle a déjà vu ce médaillon. Au cou d'une femme, dans l'un de ses rêves. Au cou de la magnifique brune qui parlait à son frère, lui susurrant la mort d'un vampire comme on murmure des mots doux. Les doigts de Justine glissent sur la pierre avant de sortir le pendentif de son écrin. Sa chaleur la surprend. Comme s'il avait été porté et venait d'être déposé dans le coffret.

Violet comme les ombresWhere stories live. Discover now