Chapitre 16, partie 1

9 3 2
                                    

Trois jours.

Trois jours sans prendre de nouvelles, sans que quiconque ne daigne s'intéresser à lui ou prendre des nouvelles. Trois jours où Alexander aurait pu mourir sans que personne ne s'en rende compte.

Il était resté silencieux pour la première fois de sa vie, refusant de retrouver le monde extérieur ou même de s'alimenter. Enfermé dans une pièce trop petite, il ronchonnait et jetait des flèches sur des portraits difformes.

Trois jours, la durée d'une tragédie grecque. Trois jours où, toute diva qu'il était, le vampire s'était rendu dans trois lieux différents.

Comme un gros chat, il avait pensé ses blessures et son cœur meurtrie par l'ignorance. Le vampire avait hurlé durant la première journée, tué pendant la seconde et aujourd'hui, il se retrouve comme démuni. Il détestait la sensation de perte de contrôle et pire encore, il comprenait que l'absence d'Abigaël lui était douloureuse. A chaque seconde qui se passait, il la cherchait sans parvenir à la retrouver. Il avait tout tenté. Fait appel au lieu sanglant qui les unissait. Grondé qu'il la tuerait si elle ne rentrait pas. Puis pleuré comme le dernier des imbéciles. Il souffrait au ralenti et le tapi de cadavre qui décorait son salon en était la plus belle preuve. Le sol avait pris des reflets carmin dont il ne s'était plus paré depuis de nombreuses années.

Ivre de rage, Alexander avait voulu détruire toutes les beautés qui lui apparaissent. Il avait fait des lambeaux de toiles millénaires, transformé en charpie des vases en porcelaine et égorgé bien trop de cadavres. Maintenant il était là, aux milieux des corps, en essayant de retrouver les traits d'Abigaël dans certains visages.

Sa Chasseuse avait disparue.

Elle avait laissé sa trace partout. Son odeur dans les draps, sa fraicheur derrière chaque miroir. Pire que tout, il manquait son rire entre les murs, ce rire qui chantait à ses oreilles dans les rares moments qu'il lui accordait.

Alexander faisait tourner son téléphone entre ses doigts depuis plus d'une heure. Perdu dans ses pensées, le faux prince essaie de prendre une décision qui lui semble bien trop difficile.

Dire oui, plier l'échine ou refuser et continuer à jouer les rebelles.

Il le sait pourtant. La réponse est bien plus facile qu'elle n'y parait. Il doit répondre par l'affirmation à Cadavrius et aller sauver la chasseuse.

Mais, alors qu'il refuserait que quiconque lui dise, Alexander sait qu'il a peur. Non pas de se retrouver face à Salazar ou sa sœur. Non, il a peur des réactions d'Abigaël. Il connait sa créature, il la connait par cœur. Du moins détails de sa peau jusqu'au moindre de ses sauts d'humeur.

Il a été trop long. Salazar a eu le temps d'ancrer ses idées dans la tête de l'humaine et elle de comprendre des vérités qu'il ne lui avait jamais laissé le temps d'apprendre. Il avait obtenu Abigaël alors qu'elle n'avait que deux ans. Et l'avait entièrement façonné pour qu'elle devienne se qu'il désirait.

Le vampire se redresse, une moue tordue sur les lèvres, avant d'attraper son téléphone et d'y taper, trop rapidement pour le pauvre clavier, son message.

Rendez-vous demain. Aux premières heures du jour. Salazar sera plus faible que toi. Je m'occupe d'Eve.

Sans même se relire, il envoie. Alexander ne doit pas s'accorder une seule seconde pour réfléchir. Où il reviendra sur sa décision.

Il garde pourtant son téléphone en main et ses sourcils se froncent devant le message qu'il vient de recevoir. Sophia Saint Peter veut le voir. Alexander ne comprend pas immédiatement. La sorcière n'est pas morte ? Celle qui brillait au bras de sa sœur alors que les Infants de Salazar avait rejoint l'Angleterre n'était pas censée être immortelle. Comme toutes les sorcières, elle devait rendre sa magie à la Terre dès que les années se faisaient trop lourdes à porter.

Il lui répond qu'elle peut venir dans la journée, curieux de savoir ce qu'elle pouvait bien lui vouloir.

Elle ne se fait pas attendre. La sonnette retentit, sous le regard moqueur d'Alexander. Sophia se serrait invitée, avec ou sans son consentement. Elle entre d'ailleurs comme une reine, sans même qu'il n'est besoin de la faire inviter. Elle est toujours mortelle et l'aura autour de son corps pu toujours autant la magie.

— Fais-le entrer. lance-t-elle.

— William ? demande Alexander, surpris alors qu'il voit le vampire que tient Sophia.

— Fais-le rentrer avant que je lui explose la tête. Je n'en peux plus de l'entendre geindre depuis que je l'ai attrapé. Il a envie de mourir, grand bien lui face. Mais j'ai besoin de lui avant qu'il rejoigne sa pétasse de sœur de l'autre côté.

Le vampire ne se fait pas prier pour appeler le mortel qui vie ici, bouffé d'hypnose pour lui assurer une tranquillité toute relative.

— Entrez William. murmure l'homme, rappeler à la conscience pour quelques secondes.

La sorcière lance un soupir de soulagement avant d'attraper le bras de William. Elle le pousse et il perd pied, tombant sur le tapi ancien, tâchant de sang les fils précieux.

— Alexander. C'est un plaisir de te voir en aussi bonne forme.

— Plaisir non partagé. lance le vampire, glacial. Tu viens de pourrir un de mes tapis Sophia. Je pardonne beaucoup de chose mais rarement du sang sur un tapi persan.

— Envoie-moi la lettre du pressing et promis, je te rembourserai.

La sorcière lui offre un sourire éblouissant qui n'a aucun impact sur Alexander. Ce dernier se contente de croiser les bras, indifférent aux beaux yeux de l'anglaise.

— Enfin, je ne suis pas venue ici pour parler tapis. Cette saloperie sait des choses que je n'arrive pas à lui faire dire. Tu es le seul vampire disponible à la ronde capable de le faire parler et assez vieux pour connaitre des méthodes de torture qui marcheront mieux que mes pouvoirs. J'ai besoin que tu le faces pour moi Alexander. En souvenir du bon vieux temps.

— Le faire parler ?

Le vampire lève un sourcil interrogatif, sans décroiser les bras.

— Bien grand mot Sophia. Qu'est-ce que tu veux entendre ? Tu devrais savoir que la torture n'a jamais servie qu'à faire dire à des innocents ce que l'on voulait. Leurs aveux ont toujours été faux. Tu devrais faire attention tu sais ? T'attaquer à l'Infant d'Elisabeth n'est pas la meilleure idée que tu as jamais eue. La comtesse n'est pas connue pour sa miséricorde.

— Très bonne leçon d'Histoire Alexander et très instructif, merci, merci. Mais je m'en fous de tout ça. Il sait des choses que j'ignore et que je ne pourrais pas le forcer à dire seule. Quant à la Báthory, je suis une sorcière je te rappelle Je ne la crains pas vraiment et je pourrais facilement la renvoyer à l'Enfer d'où elle a eu l'audace de s'échapper.

Le vampire au sol tousse, attirant le regard d'Alexander sur lui. Des myriades d'émotions se lisent dans ses yeux, appel à l'aide incertain et colère incomprise. Du sang perle aux lèvres de William alors qu'il tousse à nouveau, crachant un peu plus d'hémoglobine.

— Je te croyais sorcière de la vie Sophia. Comment as-tu pu faire autant de dégât à un vampire ?

— Ne pose pas de question et agit. Je veux savoir où est le médaillon de sa sorcière de sœur et cette crapule refuse de me le dire.

Alexander lève les yeux au ciel, avant d'attraper l'Infant d'Elisabeth par l'épaule. Elle va le tuer pour ce qu'il va faire mais il préfère le courroux de la belle comtesse plutôt que celui de la sorcière.

Sophia, les mains sur les hanches, jette un regard dédaigneux au désordre qui règne ici en maitre. Une moue tord ses lèvres, avant qu'elle ne se mette à ronchonner.

— Occupe-toi de lui seule si tu n'es pas contente. siffle le vampire. J'ai pas que ça à foutre et je te rends bien service parce que je le veux. Compris Sophia ? Y a des alcools de mortel dans la cuisine alors bouge de là

Le regard noir que lui envoie la sorcière fait naitre un sourire froid sur les lèvres d'Alexander. Son regard se bloque sur elle, refusant de la lâcher tant qu'elle n'aura pas obéit. Une moue fâchée sur les lèvres, la sorcière finie par sortir, continuant de maugréer dans sa barbe sur la décoration trop sanguinaire.

Violet comme les ombresWhere stories live. Discover now