L'Océan-Monde [TERMINE]

Chapitre 44

      Le soleil est haut dans le ciel et le Draisineguerre appartient désormais aux mutins. Notre révolution est une réussite. Les piliers du voile-parachute ont été découpé et jeté à l'eau afin de concevoir en proue de notre navire un peloton d'exécution où se trouvent déjà attachés tous les militaires dont leur capitaine, Trusx. Ils attendent leur sentence là-bas.

      De l'autre côté du navire, c'est en poupe que je me trouve aux côtés de Fraya et Marlock. Tout l'équipage de la forteresse se trouve réuni sur le pont du Patience et un peu partout autour de nous. Grand-mère et le capitaine Liam s'y trouvent aussi. Avec un porte-voix, Marlock s'adresse alors à l'ensemble des habitants du Draisineguerre.

— Je suis Marlock Viridas, dit-il, cette forteresse est désormais sous mon contrôle. Ne croyez pas cependant être libre pour autant, vous êtes tous mes prisonniers. Ce n'est pas une mutinerie, c'est un acte de piraterie.

      Marlock demande à Liam de se mettre à genoux devant lui et ce dernier sans avoir la moindre volonté s'exécute. Je sais que c'est ça le pouvoir de mon bien aimé, mais je n'ai plus l'impression d'avoir la moindre emprise sur mon corps. Grand-mère est menée par les pirates en direction du Fileur pour y être enfermée.

— Désormais, reprend Marlock, c'est très simple ...

— Ne renoncez pas !, hurle le capitaine Liam de toute ses forces, ne vous rendez pas à ces pirates !

— C'est très simple. Obéissez ou ...

      Marlock cesse alors subitement de parler, Fraya lui donne un revolver. Ce dernier s'en saisit, arme le chien de l'arme et tire alors une balle dans la tête du capitaine Liam. Esteban Liam s'écroule alors, s'affaissant lourdement sur le côté. Il est mort. Je n'arrive pas à y croire, c'est impossible. J'ai aidé un monstre. Marlock est ce monstre et je commence à comprendre ce que j'ai fait. En fait je suis responsable de la mort de Liam et je me demande maintenant ce qu'il va arriver à tous le monde ici.

      Je prends alors conscience de la situation. Et plus je prends conscience de ce qui se trame ici, plus les voix essais de m'influencer, mais cette fois c'est différent. Je refuse de les écouter, je refuse de me laisser contrôler. Je n'en veux plus, je n'en peux plus. « Abandonnes », me dit la voix, mais intérieurement je lutte pour ne pas l'écouter. « Marlock t'aime », « tu aimes Marlock », « tu es avec lui », « tu dois lui obéir ». Et plus je renonce à écouter la voix et plus elle se fait insistante, plus elle se fait autoritaire.

      « Tu me dois obéissance », « tu dois obéir », « obéis ». Je refuse, je refuse, je refuse. Je refuse encore et toujours, je renonce à vous écouter. Je me répète intérieurement que je refuse d'obéir, encore et encore. Je le pense si fort que je commence même à le dire alors que Marlock stupéfait se retourne dans ma direction l'arme à la main. « JE REFUSE DE T'OBÉIR ! », j'arrive à hurler et je hurle alors de toute mes forces. Au départ m'entendre ainsi redonne de la hargne aux habitants du Draisineguerre et de nouveaux combats éclatent immédiatement.

      Marlock tire alors en l'air et le silence revient. Il me regarde droit dans le yeux et son regard assassin me fait froid dans le dos. Je me sens nue devant lui. Il se rapproche de moi et me caresse la joue. « C'est dommage », me dit-il, « nous aurions pu tellement nous amuser tous les deux ». Il me tourne autour, redonne le revolver à Fraya tandis que des pirates sont en train de tirer le corps de Liam pour le jeter par dessus bord.

« Allons nous occuper des soldats ! », s'exclame-t-il jovialement.