Chapitre 18

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     Je me doutais bien que nous ne serions pas nombreux, mais je n'imaginais pas à ce point en réalité. Après avoir accompagné Yasminat jusqu'à la salle de classe, elle me demande d'attendre à l'extérieur. Suzy, Assia et Rémédi sont les premières à me rejoindre. Nous commençons à discuter de choses et d'autres lorsque Minzy arrive, elle toujours aussi grande et mince. Elle a attaché ses longs cheveux roux en une queue de cheval haute, ses grands yeux noirs soulignent la dureté de son caractère.

      Elle n'a effectivement pas du tout changé, se contentant de nous faire un signe de main. Elle s'assoit à même le sol en attendant. Noa et Esteph arrivent à leur tour. Yasminat vient alors nous ouvrir la porte en nous demandant d'entrer. Les tables sont disposées en « U », j'en conclus que nous ne serons vraiment pas nombreux. Je m'assois en face du bureau où notre professeure a prit place. Rémédi et Assia m'entourent. Suzy est à côté de Rémédi. Noa et Esteph ont pris place sur le côté gauche et au bout se trouve Minzy.

      Il reste trois places vacantes, je me demande lesquels de mes camarades n'ont pas eu leur anniversaire dans le laps de temps où nous n'avions plus du tout de cours. C'est alors que je vois une jeune fille aux cheveux coupés très court et à la peau très bronzée entrer ; elle prend place sur le côté droit. C'est Pira, une peste, c'est l'ennemie jurée de Rémédi. Les deux filles se livrent un combat pour savoir laquelle sera la plus attrayante pour les garçons. Je trouve ça tellement puéril.

      Voilà venir le « beau-gosse » de la classe, « le beau brun ténébreux », comme aime l'appeler Rémédi. Grand, pâle et long cheveux noirs, c'est Alec. Et voici finalement, la dernière de nos camarades. Léa, cette petite blonde n'a pas grandit. Ne parlant à personne, ne disant même pas bonjour, elle s'assoit simplement à la dernière place vacante. Alors voilà, nous sommes dix, seulement dix.


— Bonjour, dit alors Yasminat, je suis Yasminat Alruwh Aljamila votre nouvelle professeure. Le Memorize cherchait un nouvel enseignant pour vous suite à la disparition du votre. J'aimerais que vous vous présentiez à votre tour.

— Bonjour, dit alors Minzy prenant la parole en premier, je suis Minzy Alivana.

— Bonjour, poursuit Esteph, je suis Esteph Degarli.

— Bonjour, moi c'est Noa Soma.

— Bonjour, je suis la fameuse Assia Bénami.

— Je dois vraiment me présenter, dis-je alors, parce que tu me connais déjà.

— Pour jouer le jeu oui, me répond Yasminat.

— Alors je suis Rima Maltère.

— Toujours à se vanter madame la petite fille de la navigatrice, me réplique Rémédi en rigolant, et bonjour madame. Moi je suis Rémédi Ourda.

— Bonjour. Je m'appelle Suzy Bastaque.

— Et toi toujours aussi drôle Rémédi, lui balance Pira en pleine figure, je suis Pira Efiro.

— Moi, reprend alors le beau-gosse de service, je suis Alec Stardost.

— Je suis Léa Miline.

— Parfait, dit Yasminat en frappant ses mains paume contre paume, qui veut me dessiner le plan du Draisineguerre ?


      Ma première pensée à cette question est de me demander si c'est une blague. Je pensais sincèrement qu'elle allait nous parler des calamités. Visiblement non. J'ai envie de hurler, mais je préfère garder le silence pour l'instant en me disant que j'irai parler avec Yasminat à la fin du cour. Notre nouvelle enseignante me remet donc une feuille de papier et je commence immédiatement à dessiner un schéma de la forteresse. Me demandant alors d'expliquer la composition de notre bord.

        Au centre l'antique cuirassé de guerre qui est la moelle épinière du Draisineguerre, c'est le Patience. Je dessine alors tous les navires de bâbord ; en proue, le Oxu qui abrite les installations des explorateurs, c'est ici que grand-père travail. Le Doliton, c'est l'armurerie de notre bord, même si la plus part de nos armes sont vieillissantes ; il est important pour une forteresse comme la notre d'avoir un minimum d'armement pour se défendre. Il y a ensuite le Dremodon qui est la banque de notre navire, c'est ici que sont stockées les « bulles » notre moyen de paiement.

      Arrive le Voilant, le plus gros navire de notre bord, si gros qu'il fait pencher la forteresse de son côté. C'est ici que sont concentrer les cabines de l'équipage et c'est aussi lui qui abrite le belvédère. Et enfin il y a un emplacement toujours vacant qui est à l'origine celui du Memorize, mais maintenant il abrite le navire de Beshir et Yasminat ; le Providence.

      J'attaque alors la partie tribord. Je commence par le navire de proue ; le Litna, c'est sur ce navire que sont gérées les ressources de notre bord, c'est là que se trouve les intendants du plan de contrôle des ressources et des pénuries. Il y a le navire qui abrite les cuisines, c'est le Amdeur. Le capitaine de ce navire est Goustaf, cuisinier en chef et il mène la vie dure à ses cuisiniers afin que les sept réfectoires de notre bord soient continuellement approvisionnés en nourriture.

      Le Kama, je connais bien ce navire pour y avoir fait un petit séjour récemment, mais aussi pour y être aller plus souvent qu'à mon tour ; c'est notre hôpital. Ensuite, il y a le navire de ma famille ; le Fileur. C'est d'ici que sont organisées toute les activités de pêche du Draisineguerre, sans ce navire, pas de poisson. Et enfin, le Domdeur, c'est le port. C'est là que se trouvent tous les navires de la forteresse.


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      Yasminat prend alors mon dessin qui est maintenant terminé. Elle le regarde attentivement, le montre à tous le monde pour avoir confirmation. Finalement, elle le garde pour elle, avant de retourner s'asseoir à sa place pour commencer à fouiller dans son sac. Relevant la tête, je vois que la belle jeune femme basanée va prendre la parole, j'ai donc l'espoir d'entendre enfin toute la vérité sur les calamités.


— Rima, me dit-elle, que représentent les triangles que tu as fait sur ton dessin et qui sont reliés au Draisineguerre ?

— Ce sont les remorqueurs.

— Maintenant que tu le dis, ça me parait tellement logique.


      Je perds immédiatement espoir en la voyant se lever de sa place avec quelque chose dans les mains. Comprenant presque immédiatement qu'elle ne nous parlera pas des calamités ; ni maintenant, ni jamais. Grand-mère m'a mentit et les dirigeants de la forteresse préfèrent encore le mensonge à la vérité. Je ne peux tolérer cela.



      Soudainement, je suis ramenée à la réalité lorsque Yasminat dépose deux billes sur la table juste devant moi.

L'Océan-Monde [TERMINE]Where stories live. Discover now