Chapitre 11

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      Il fait froid. Il fait beaucoup trop froid. Suis-je d'abord réveillée par le froid ou est-ce ce silence pesant. Aussi étrange que cela puisse paraître, je ne suis plus à bord du Draisineguerre. Ne devrais-je pas être effrayée normalement ? Alors pourquoi n'ai-je pas peur du tout.

     Je suis allongée à même le sol dans un long couloir plongé dans l'obscurité, il y a cependant une curieuse petite clarté me permettant d'y voir clair. Ma salopette mauve pour seul vêtement, je ne suis pas habillée pour résister au froid. Je grelotte, il vaut mieux bouger. Je ne compte pas mourir de froid.

      Alors que je me relève, subitement l'éclairage s'allume en clignotant par intermittence avant de rester fixe. Le couloir est immense. Le sol en terre battue étouffe le bruit de mes pas, les murs sont composés de chevrons verticaux en métal rouillé formant une voûte en rejoignant ceux du mur opposé. Dans les interstices séparant chaque poteau se trouvent des lattes en bois blanc disposées horizontalement. L'éclairage est dispensé par des ampoules nues pendant du plafond ; ces dernières sont reliées les unes aux autres par un long câble noir tressé serpentant autour de la panne faîtière ; long pilier servant de clé de voûte à l'édifice.

      Je n'ai jamais rien vu de tel, je doute même qu'il existe pareille construction quelque part dans le monde d'Aqua Terrae. Tout est sec, pas d'eau, pas même une pointe d'humidité et dans l'océan monde une chose pareille est impensable. Je ne parviens plus à réfléchir, mon esprit semble saturé d'idées. Je ne sais pas où je me dirige en vérité, mais quelque chose dans le fond de mon être me pousse à avancer. J'en ai l'impression du moins.

      Plus j'avance et plus la hauteur sous le toit diminue. Plus les murs se rapprochent. Plus le sol devient humide. Les ampoules sont de plus en plus espacées si bien que je parcours parfois un mètre ou deux dans l'obscurité avant de rejoindre une nouvelle source lumineuse. Je me fige, je vois au loin l'immense couloir voûté se terminer sur un mur. Arrivant finalement devant lui, je remarque qu'il y a un passage taillé dans la pierre, un boyau descendant dans les entrailles de la roche.

      J'hésite longuement avant de me pencher au dessus de lui pour ne contempler que l'abîme obscure. Ce tunnel semble à peine assez grand pour que je puisse m'y glisser. Plus je regarde vers le fond et plus j'ai l'impression d'être happée par ses profondeurs. L'impression que quelque chose m'appelle.

      J'entends un son, à moins que ce ne soit un cri provenant des entrailles de la terre. Je me penche encore plus au dessus du trou voulant essayer d'entendre ce curieux bruit, mais il n'y a que du silence. Un courant d'air froid remonte par ce boyau, c'est de là que provient l'air glacial qui envahit les lieux. Je me penche d'avantage, posant mes mains sur le rebord afin de pouvoir passer ma tête dans l'entrée du tunnel. C'est alors que j'entends à nouveau le son. C'est une voix, « Réveille toi ! ». Je perds l'équilibre et chute dans l'obscurité.

« Éveil toi ! »

L'Océan-Monde [TERMINE]Where stories live. Discover now