Chapitre 20

44 8 4
                                    

      C'est un tissu de débilitées stériles. Les vieux se cachent derrière des excuses pour mentir à tous le monde. Je n'arrive pas à accepter ça. Pour me calmer je suis aller marcher un peu sur la zone d'amarrage tribord. Je ne veux pas rejoindre les autres au belvédère. J'ai d'autres choses en tête ; tandis qu'eux ne pensent qu'à s'amuser, moi je pense à ces mensonges. Je songe à la vérité qui devrait toujours être la chose la plus importante.

      C'est alors que je croise grand-père, il doit sûrement être entrain de rejoindre le Oxu afin de peaufiner les prochaines explorations. Effectivement, le Draisineguerre a encore ralenti. Il me fait un grand sourire avant de se rapprocher de moi, grimpant les dernières marches de la plate-forme reliant la zone tribord à la zone d'amarrage. Nous gravissons les quelques marches rejoignant le pont du Patience que nous traversons pour déboucher sur la zone d'amarrage de bâbord.


— J'imagine, me dit-il en lisant l'une de ses nombreuses notes, que tu as eu une conversation avec ta professeure.

— Comment tu sais ça ?

— Je le vois sur ta tête. Tu es furieuse, mais Rima s'il te plaît ; ne fait pas de bêtise.

— Tu sais bien que faire des bêtises ce n'est pas mon genre.

— C'est sérieux ma chérie. Le capitaine du Patience lui même a mit en garde que toute personne qui contreviendrait aux lois votées à notre bord finirait en prison.

— Même une enfant ?

— Même une enfant. Ils ont parlé d'exil.

— Le mensonge vaut-il vraiment tout cela grand-père ?

— Ce n'est pas ça la question.

— Si c'est ça.

— La question c'est qu'il y a des lois à notre bord et que tu n'es pas exemptée de les respecter, alors ne fait rien et obéis.


      Grand-père me fait un bisous sur la joue avant de me quitter. Alors c'est comme ça. On doit respecter la loi et ne rien dire. Interdit de réfléchir. Moi je veux rien que la vérité. « Sois jeune et ferme ta gueule », dit alors une voix féminine dans mon dos. En me retournant je découvre alors la belle Léa accoudée à une rembarre du pont. Cette belle petite blonde est en réalité un tout petit plus grande que moi. Très mince et les cheveux toujours impeccablement attachés par un nœud bleu.

      En réalité je la connais très peu, ce n'est pas une amie et surtout, elle est à notre bord que depuis deux ans. Un jour, nous avons découvert le navire de sa famille entrain de couler, ils avaient été attaqué par des pirates. Depuis ils vivent à nos côtés.


— Tu nous as entendu ?, lui demandé-je.

— Pas tout, me répond la jeune fille en venant se mettre à côté de moi.

— On a jamais trop parlé.

— C'est que je suis timide de nature. Tu as raison Rima.

— Raison pourquoi ?

— Les mensonges là, c'est de la connerie. Un petit groupe de personnes pensent soit disant au bien des autres en décidant de ne leur dire que certaines choses qu'ils jugent importantes.

— Je pense qu'ils se trompent, mais ce n'est pas important.


      J'ignore ce qu'elle a vraiment entendu de ma conversation avec grand-père, j'ignore même si elle est courant de l'existence des calamités, mais je ne juge pas important de poursuivre la conversation avec elle. « Je suis attendue désolé », dis-je simplement en commençant à m'enfuir lentement pour ne pas lui manquer de respect. Alors que je dévale les escaliers pour rejoindre en contrebas la zone bâbord je l'entends me dire une dernière chose. « Parfois si on veut la vérité, il faut se battre »

      C'est ainsi que je passe tout le reste de ma journée à ressasser cette simple phrase que m'a dit Léa, mais suis-je prête à me battre pour la vérité. Est-ce que cela a vraiment de l'importance. La nuit tombe et je pense de plus en plus à obéir simplement aux règlements. À ne plus parler des calamités et je me dis que c'est peut-être mieux que certains ignorent l'existence de ces choses.

      Je m'endors finalement en me demandant si cela est bien juste. Est-il normal ; est-il juste que sache la vérité sur les calamités et que je ne raconte pas la vérité aux autres. Si un jour une calamité nous attaque, ces gens dans l'ignorance seront incapables de réagir. Ils auront trop peur car ces choses auraient été pour eux qu'un rêve. Qu'une légende.




 Je suis partagée entre l'envie d'agir pour la vérité et ma peur de transgresser les interdits.

L'Océan-Monde [TERMINE]Where stories live. Discover now