L'Océan-Monde [TERMINE]

Chapitre 47

       Je n'ai pas le droit d'avoir peur. Je m'y refuse parce que je dois tenter le tout pour le tout afin de libérer le Draisineguerre. Je dois tout faire pour réparer mon erreur. Alors je ferme les yeux et attends que de nouveau la silhouette de Arpha reprenne forme dans l'obscurité de mes yeux clos. Ses formes mettent un temps fou à se dessiner, mais je finis tout de même par la percevoir convenablement. Une curieuse aura sombre semble l'entourer et la maintenir dans une bulle de sommeil, je comprends que c'est l'influence du pouvoir de Marlock. C'est ça que je dois rompre pour réveiller Arpha.

      « Arpha réveille-toi », c'est ce que je dis intérieurement, c'est ce que je dis à vive voix la seconde fois. Lorsque je rouvre les yeux en me demandant si cela suffit, je me rends compte que Arpha est revenue à elle.

— Rima, me dit-elle de sa voix masculine en se relevant pour me détacher, que fais-tu ici ? Où sont les pirates ?

— L'un d'entre eux t'a endormi avec ses pouvoirs.

— Un putain de damné !, éructe-t-elle avant de me regarder, excuse moi.

— Je suis une damnée moi aussi c'est ça ?

— On aura tout le temps d'en parler plus tard, je pense qu'il y a plus important.

— Tu as raison. Je dois réveiller Syrilli ?

— Non c'est inutile. C'est des combattants dont nous avons besoin.

— Tu es une guerrière toi non ? Les Virskulls sont des guerriers ?

— Comment sais-tu que je suis une Virskull ou plutôt que j'en étais une ?

— Parce que je t'ai entendu parler avec Beshir une fois. C'est quoi les Virskulls ou les Janissmaires ?

— Des pirates.

— Tu es une pirate ?

— J'étais. Cela fait bien longtemps que me suis rebellée contre mon destin pour prendre ma propre voie, mais pareil, ce n'est pas vraiment le moment. On doit réfléchir à un plan.

— Beshir est un Janissmaire, ce sont aussi des pirates ?

— Oui, c'était un ancien pirate comme moi et tu viens de me révéler notre plan.

— Quoi donc ?

— Il faut qu'on arrive à sauver Beshir.

      La porte est close et je suis incapable de l'ouvrir. Arpha regarde partout autour de nous, cherchant une issue. Il y a au dessus de la porte une toute petite lucarne en verre à peine assez grande pouvoir s'y hisser et d'innombrables tuyaux serpentent au plafond. La jeune femme blonde commence alors à faire de petits bonds sur place, à plier et déplier ses bras. Je ne comprends pas ce qu'elle fait, elle semble s'échauffer. « Je vais traverser cette lucarne », déclare-t-elle.

      Elle s'élance, attrape un tuyau et passe au travers de la lucarne. Tout s'est passé en fait si rapidement que je n'ai pas bien compris ce que je viens de voir. Il y a du vacarme provenant de derrière la porte, puis soudainement tout redevient calme. J'ai peur et je me dis qu'elle a peut-être était vaincue. Alors ma petite rébellion n'aura pas durer bien longtemps finalement. Je commence à me dire en m'asseyant par terre que mon choix était le mauvais. Arpha était trop faible pour cette mission, elle n'a pas réussi à vaincre les gardes qui se trouvaient derrière la porte et maintenant je suis condamnée.

      J'avais pourtant repris un peu espoir en voyant la jeune femme athlétique se hissant à la seule force de ses bras aux tuyaux du plafond pour se propulser et passer au travers d'une lucarne si petite. Ma trop grande confiance en cette inconnue m'a fait perdre tout espoir et maintenant que quelqu'un est en train de déverrouiller la porte je me dis que c'est la fin. Mon bourreau après avoir tué l'ancienne pirate, vient me mettre à mort à mon tour. La porte s'ouvre et je suis prête à accepter mon destin, je sais que je vais mourir. Je suis alors tellement sous le choc lorsque je vois Arpha entrer.

« On attend pas Arpha ! », éclate-t-elle de rire.