Chapitre 41

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— Tu n'es pas le vrai meneur, demandé-je alors à Marlock sans espoir qu'il me réponde sincèrement.

— C'est vrai, répond-il en me faisant un sourire et en m'embrassant, quelqu'un a tout planifié pour nous de longue date.

— Qui ?

— Il est le capitaine de notre navire, celui dont je suis originaire et il se nomme Viridas.

— Tous ces morts c'étaient nécessaire ?

— Aucune révolution ne se gagne sans faire de morts.


      Je reste assise par terre alors qu'il prépare la suite de l'assaut. La pluie commence à tomber, mais la violence des affrontements à l'extérieur reste inchangée. Les mutins n'ont pas réussi à gravir le Patience et sont toujours retenus sur la zone bâbord. Je me demande si du côté des combats sur les quais du Domdeur les choses sont différents. Nous quittons notre abri et contournons le Patience en passant par les plate-formes de maintenance afin de rejoindre la zone tribord, mais des soldats nous attendent. Je parviens à m'enfuir en direction du Litna alors que nos ennemis ouvrent le feu.

      Je me retourne, un soldat est déjà sur moi et me pousse si violemment que je tombe. J'essaye de le frapper avec ma matraque, mais il me met un coup de poing en pleine figure. Sentir son nez se briser sous le poing d'une personne est déroutant et terriblement douloureux. Ne plus savoir où nous sommes parce que notre tête vient de percuter la passerelle métallique sous la violence du choc est tout aussi déstabilisant et douloureux.

      L'homme, un grand blond au teint blafard me soulève en me serrant le cou comme si je n'étais qu'un fétu de paille. Je lis toute la haine qu'il nourrit à mon égard dans ses yeux. Me tenant de sa main droite, il sort son couteau de la gauche et je comprends qu'il va me tuer. Je pleure et le supplie de m'épargner, je suis trop jeune pour mourir, mais il ignore mes supplications. Soudain, la foudre frappe juste à côté de moi et je tombe par terre.

      J'avais fermé les yeux et lorsque je les ouvre c'est pour découvrir la présence de Fraya. La belle jeune fille aux cheveux argentés comme les miens. Elle ne porte plus la combinaison de maintenance qu'elle avait lorsque je l'ai vu pour la toute première fois. Fraya est simplement vêtue d'une minuscule brassière cachant à peine sa poitrine plus proéminente que la mienne et d'une jupe au moins aussi ridiculement courte que son autre vêtement, le tout d'un blanc si éclatant que cela fait merveilleusement ressortir la couleur de sa peau bronzée. Elle est pied nue et s'avance en direction de l'homme qui paraît apeurée par sa présence.

      Toujours armé de son couteau, il frappe d'estoc. Promptement et à une vitesse qui me paraît inhumaine Fraya évite le coup, désarme son vis-à-vis et se saisit de sa main gauche par le poignet. Des arcs électriques partent du corps de la jeune fille bronzée pour pénétrer celui du soldat. L'homme est secoué par des spasmes de plus en plus rapide et je me rends compte que sa peau fume. Je sens comme une odeur de roussie, l'odeur d'un animal auquel on mettrait le feu et je comprends alors la chose horrible à laquelle je suis en train d'assister.

      Je ne sais pas comment ni pourquoi mais de l'électricité sort de la jeune fille et fait brûler le soldat de l'intérieur. Sa peau commence même à noircir, ses yeux fondent et coulent le long de ce visage calciné comme des œufs dont la coquille viendrait d'éclater. L'odeur de bête brûlée est immonde et lorsque j'ouvre les yeux c'est pour voir le soldat s'effondrer aux pieds de Fraya. Se retournant vers moi avec un grand sourire.



« C'est le coup de foudre », me dit-elle.

L'Océan-Monde [TERMINE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant