sa maison

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Il est là, devant moi, ma main dans la sienne, il sourit comme s'il était l'homme le plus heureux du monde.

« Heu Lune ? » il rentre sa tête dans ses épaules, je crois qu'il a eu un frisson. Ses joues prennent une teinte rose, j'ai un faible sourire.

« Heu... bah enfaite, je n'ai pas d'argent, du coup on peut sois aller en ville mais je ne mange pas ou on peut aller chez moi ? » il a l'air tellement stressé. Il parle vite, se perd dans ses mots, ses mains tremblent. De quoi a-t-il si peur ? je ne vais pas le taper ou lui dire d'aller se faire foutre.

« Bon bah on va chez toi. » il me souris et me demande de le suivre, ce qui n'est pas très difficile à faire étant donné qui me tient la main. Même si ça fait maintenant 10 minutes que je la tiens, elle est toujours aussi froide et douce. Je l'observe. Elle est petite et élégante. Ses doigts sont fins et est longs, contrairement à l'ensemble de sa main. Elle est de la même couleur que son visage, très blanche, très pure. Je ne vois pas plu haut que son poignet, sa chemise couvrant toute s peau. Peut-être que une fois chez lui, il enlèvera son bonnet, mettra un t-shirt à manche courte ou quelque chose de plus léger.

Je ne lui demande pas de lâcher ma main, je n'en ai pas envie. J'aime l'avoir dans la mienne, elle me rafraichit, ça me fait du bien. Je la serre même un tout petit peu plus fort, je lui rends sa prise. Il se retourne, me regarde à travers ses lunettes rondes noires et me sourit. Il rigole et sourire beaucoup. Il passe de très joyeux à stressé, et peut pleurer pour un rien.

Nous marchons jusqu'à chez lui, il habite dans le même cartier que moi, à 5 minutes de chez moi enfaite. Il s'arrête devant une jolie maison. Le dehors est blanc, la porte rouge tout comme les volets. Un petit jardin très fleuri et coloré égaie encore plus l'ensemble de la résidence. Elle est identique à la mienne, comme toute celles du cartier, sauf que la mienne aurait besoin d'un bon coup de peinture et dans grand ménage. Même si j'essaye de le faire une fois chaque deux semaines ça ne suffit pas. Charlotte dort chez une amie donc je n'ai aucun souci à me faire. Je ne stresse pas de ne pas savoir quoi dire, au pire nous ne parlerons pas, je me contenterais de le regarder.

Il nous fait entrer, l'intérieure est super lumineux, propre et joliment décoré. Une odeur de cerise flotte dans l'air, ça doit venir d'une Yankiee Candle, Chloé en a plein chez elle, sauf qu'elle ça ne sent pas si bon. Comme chez moi, en face de la porte d'entrée se trouve un escalier qui monte aux chambres. À gauche de la porte, se trouve le salon. Chez moi, il est sale et délabré, le canapé est troué, sale et poussiéreux. Chez lui, son canapé est noir, propre avec plein de coussin de toutes sortes de couleurs qui ne vont pas ensembles mais font un joli bouquet coloré. Un gros ourson en doudou est assis sur le sofa. Des plaids blancs en peluche sont plier sur chaque fauteuil de la pièce, c'est-à-dire trois. Un canapé, trois fauteuils. Tout est si joli, propre, bien organisé, confortable, tout l'inverse de chez moi. Tout est mignons et jolis et doux et parfait. Je remarque qu'il enlève ses chaussures et va dans la cuisine, il n'a même pas enlevé son bonnet et ses lunettes de soleil. Je fais de même mais ne le suis pas. Je m'avance dans le salon. Je touche les cousins, les couvertures et comme je l'imaginais, tout est d'une douceur impressionnante.

« C'est un peu ridicule non ? » il me sort de mes pensées, et je lève mon regard vers lui. Sa tête est baissée et il serre ses mains entre elles.

« De quoi ? »

« Tous ses coussins de toutes les couleurs, ses couvertures et cet ours... Tu dois trouver ça ridicule et me prendre pour un bébé. » il commence à trembler un petit peu. Wow il est vraiment sensible, c'est fou. Je ne sais pas trop comment réagir, je suis pris de court. Je m'approche de lui mais ne le touche pas.

« Non, je trouve ça mignon. Ce n'est pas à quoi je m'attendais vu comment tu t'habilles mais je trouve ta maison très jolie. » je n'ai jamais rassuré personne. Quand Aden pleure, soit je lui dis de ne pas pleurer en criant comme on me l'a répété toute ma vie, soi je ne fais rien et j'attends. C'est la première fois que je suis si doux avec quelqu'un d'autre que ma mère et ma sœur. Le fait de voir sa décoration si enfantine ne fait qu'accentuer son côté enfant, ce qui ma fois chou.

« C'est vrai ? » je lui fais un oui avec ma tête et un grand sourire apparaît sur son visage, je préfère cette vision alors je lui en fais un tout petit. « Tu veux manger quelque chose en particulier ? »

« Non tout me va »

« J'ai de la viande si tu veux, je peux nous en faire avec des pâtes si tu veux ? » à la maison, je n'achète presque jamais de la viande, ça coute trop chère et malgré l'assurance vie de mon père que ma mère vide pour sa drogue, nous n'avons pas beaucoup d'argents.

« Oui, ça me va très bien » je murmure un merci.

« Assieds-toi, fais comme chez toi ! » il sourit, se retourne et va dans la cuisine.

Des bruits de vaisselles se font entendre et des jurons aussi. Je souris pour moi en l'entendant dire des "putain ça brule, aussi t'es con de retourner le morceau avec ta main gros malin. » il parle tout seul.

Un petit moment plus tard, il revient avec deux assiettes remplies de nourritures. Il est rouge, comme s'il avait couru un marathon et je ne peux pas m'empêcher de sourire. Il me demande de venir m'asseoir à la petite table.

« Bon j'ai essayé, mais je te préviens, je ne suis pas chef cuisinier mais je t'ai donné le meilleur bout de viande, enfin le moins pire... je suis désolé » il baisse la tête.

« T'inquiètes pas, je suis sûr que ça sera bon. »

Il pose l'assiette devant moi.

« Ne sois jamais sûr de rien. » de la conviction s'entend dans sa voix. Ce n'est pas une blague, c'est presque un ordre, un conseil. « Bon, bon appétit ! » il a encore ses lunettes. Je ne sais pas si je peux lui demander de les enlever, il va me demander pourquoi et si je dis que c'est parce que je veux juste voir ses yeux, il va avoir peur.

Je coupe avec difficulté un bout de viande si on peut encore appeler ça comme ça, semelle de botte serait plus adapté. Je le mets dans ma bouche. Je le regarde faire de même, mâcher quelque fois avant d'éclater de rire, son rire de bébé.

« Ce n'est vraiment pas très bon !! C'est immonde même, ne mange pas ça Cami, on va finir empoisonnés !! » il saisit mon assiette et va jeter la viande en rigolant. « Autant mangé du pneu ! » j'éclate de rire. Je me retenais depuis le moment ou j'ai gouté. Mais cette remarque me fait beaucoup rire. Il se retourne, et je le regarde en rigolant, il sourit de toute ses dents en pouffant de temps en temps. 

Je le regarde. 

J'ai vraiment envie qu'il enlève ses lunettes.

3 taffes et un sourire [terminé]Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang