Je le suis puis on court vers un buisson pour se cacher derrière tout en gardant une visibilité sur les hommes. Quand ils sortent de la maison, je reconnais Hervin, l'un des mecs avec qui je ne m'entendais pas du tout dans le gang. Je le pensais mort avec tous les autres. Maintenant c'est sûr, il s'agit du gang. Je ne connais pas les autres hommes, probablement les nouveaux chiens chiens de Blade.

-J'en connais un. Dis-je doucement à Liam qui comprend rapidement où je veux en venir.

-Il va falloir se battre si on veut survivre, on ne peut plus continuer à fuir, ils nous retrouveront tout le temps.

-Maintenant ?

-Non, on va attendre qu'ils partent, on va s'armer jusqu'au cou et on sera prêt à les recevoir quand ils reviendront.

-Ils reviendront ?

-J'en suis certain.

J'acquiesce et continue de fixer les hommes en silence, attendant leur départ.

[...]

-Je ne comprends pas, comment font-ils pour nous retrouver à chaque fois ? Demande Liam en passant une main dans ses cheveux.

-Ils sont équipés tu sais...et Blade est très minutieux et efficace, il peut trouver tout ce qu'il veut.

-Non...il y a autre chose...

Il tourne la tête vers moi, fronçant les sourcils avant de dire :

-Ne me dis pas que c'est toi !

-De quoi tu parles ?

-C'est toi le traitre ! C'est toi qui leur dit où on est à chaque fois !

Il s'avance vers moi et me plaque violemment contre le mur en bois derrière moi, me coupant le souffle quelques secondes.

-Tu es sérieux là ? Tu le penses vraiment ? Dis-je doucement.

-Ouais je le pense ! Comment ils feraient sinon ?!

Je baisse les yeux, vexé qu'il me fasse aussi peu confiance. Je pensais lui avoir prouvé que j'avais changé mais apparemment je me suis trompé et je resterais toujours un assassin et un ennemi à ses yeux.

-Regarde-moi putain ! Dis-moi que c'est toi ! Cri Liam en me serrant d'avantage.

-Non, ce n'est pas moi et je suis déçu que tu penses ça ! Quel intérêt j'aurais à bosser avec eux hein ? Ils veulent me tuer, et ils ont failli réussir à plusieurs reprises ! J'ai vraiment l'air de les porter dans mon cœur ?

-Je sais que tu joues très bien la comédie quand tu veux. Je sais aussi que tu n'en as qu'après mon fric depuis le début ! C'est tout ce que tu veux, tu veux me voler et me tuer pour ensuite rapporter le butin à tes potes !

-Tu veux qu'j'te dise ? C'est vrai, au début je voulais te tuer et te voler tout ton fric, mais j'ai appris à te connaître, je me suis attaché à toi et aujourd'hui je veux faire ce combat avec toi et non pas contre toi ! Que tu le crois ou non j'ai changé !

Il me relâche et recule d'un pas avant de répondre :

-Si je trouve ne serait-ce qu'une preuve que tu m'as trahie, je te tue et crois-moi que je n'aurais pas de remord.

J'hoche la tête tout en massant ma nuque qu'il a serré précédemment puis je me dirige vers l'une des chambres dans un but précis : me rouler un bon joint. Ça m'aidera à ne pas prendre un revolver et me tirer une balle. Ça me fait mal qu'il me considère comme un traître, qu'il me voit seulement comme un ennemi et rien d'autre. J'aurais aimé qu'il s'excuse mais il s'est simplement posté à la fenêtre probablement pour surveiller si personne n'est là.

Quand j'arrive dans la pièce qui me sert de chambre, je prends de quoi rouler mon petit plaisir et retourne en direction de la chambre de Liam. Je n'ai jamais vraiment eu l'occasion d'y aller, de voir comment Liam avait décoré sa chambre dans le temps et je suis curieux de savoir quel genre de petit garçon il était.

Quand j'ouvre la porte, j'ai l'impression de plonger dans un autre univers, celui des super-héros. De Captain America, à Hulk en passant par Batman, sa chambre est pleine de statuette et de posters à leur effigie. En faisant le tour, je trouve des photos de famille sur lesquelles Liam paraît heureux, des dessins chargés d'amour et quelques bibelots me rappelant que le dur se trouvant dans le salon n'a pas toujours été comme ça.

Autrefois, c'était un Liam touchant, aimant. Un Liam qui a été rongé par le crime humain, par l'atrocité de la guerre, avant de disparaître complètement et de perdre le cœur qu'il avait en lui. J'aurais aimé connaître ce Liam. La seule fois où je l'ai vu éprouver quelque chose, c'était à la mort de son ami Niall et désormais je regrette mon geste parce que j'ai l'impression d'avoir été le bourreau de son humanité, celui qui a achevé son cœur.

En soufflant, je m'assois sur le lit d'enfant de Liam et fume, repensant aux évènements récents. Je me demande si l'agent de la CIA m'aurait plu autant dans d'autre circonstances. Si dans une autre vie, je serais tombé amoureux de lui. Je ne sais pas exactement ce que je ressens pour lui aujourd'hui. Il m'attire, me touche et sa distance me blesse autant que les pics qu'il m'envoie. Mais est-ce vraiment de l'amour ? Ou simplement de la gratitude ? Après tout il m'a offert un toit, des soins – même si la plupart des blessures ont été faites par lui – il m'a permis d'avoir une nouvelle vie dès que tout cela sera terminé. Je l'ai détesté au début, c'est vrai. Chaque fois que je fermais les yeux j'imaginais la manière dont je le tuerais mais aujourd'hui, je n'envisage plus de continuer sans lui. Il remplit le vide qui ronge mes entrailles, il me permet de penser à autre chose qu'à la mort, de voir autre chose que le mal. Avec lui je vie, je découvre le bonheur même s'il est souvent de courte durée et je prie pour qu'un jour ce bonheur perdure, avec lui.

Quand le rouleau touche à sa fin, je m'avance vers le bureau du châtain sur lequel se trouve une trousse de feutre et quelques feuilles abîmées par le temps. Je m'assois sur la chaise en bois grinçant sous mon poids et me met à dessiner. N'importe quoi, ce qui me vient. Je me vide la tête sur cette feuille si légère, je me libère pendant un court instant de tout le poids pesant sur mes épaules.

Mission impossible (fiction Ziam)Where stories live. Discover now