[CHAPITRE 23] Apprendre à aimer.

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Le vent fouettait doucement son visage.

Appuyée contre la rambarde du balcon de la tour d'Astronomie, Hermione observait le paysage qui s'étendait à perte de vue devant ses yeux. La Forêt Interdite, le Lac Noir et plus loin encore, l'horizon. Cet horizon si proche et si loin. Cet horizon dans lequel se trouvaient leurs foyers, leurs proches et leurs amis. Cet horizon porteur d'espoir, de gratitude et d'inquiétudes. Cet horizon qui, en cet instant, lui faisait terriblement peur.

Tout près d'elle, elle percevait la respiration lente et reposante de son meilleur ami. Comme elle, il observait le spectacle à couper le souffle dont ils pouvaient profiter une dernière fois. Ses doigts n'avaient de cesse de triturer le petit médaillon qu'il tenait, et son esprit, à milles lieux d'ici, était perdu dans cette petite caverne sombre dans laquelle toute sa vie avait basculé en une seconde.

Derrière eux, Ron observait avec attention l'immense télescope contre lequel il s'était installé. Comme ses amis, ses pensées étaient tournées vers cette quête qui, comme sortit de nulle part, leur était tombée dessus après la mort du directeur. Une quête dangereuse, une quête de longue haleine qui les attendait et qu'il craignait déjà.

—Je ne veux pas que vous veniez, lâcha Harry après quelques secondes de silence. Je dois le faire seul.

Hermione soupira doucement et tourna légèrement la tête pour poser les yeux sur le visage impassible du brun.

—Nous en avons déjà discuté, répondit-elle.

—Je sais, fit l'Élu. Mais c'est beaucoup trop dangereux. On ne sait pas ce qui nous attend.

—Tu crois vraiment pouvoir t'en sortir seul ? demanda Ron en s'approchant. Harry, tu sais bien que tu ne tiendras pas deux jours sans Hermione. Tu vas te faire tuer.

—Et à trois, on est beaucoup plus forts, compléta la jeune femme. C'est nous trois depuis le début, Harry et ça le sera jusqu'à la toute fin. Quoi qu'il advienne.

—Tu crois que Fred te laissera partir ? répliqua mollement son ami.

—Non, admit-elle. Mais je ne lui demande pas son autorisation. Il ferait la même chose pour George. Il sait combien je tiens à toi et qu'il est hors de question que je te laisse affronter ça tout seul. Je viens.

—Nous venons, corrigea Ron. Et ce n'est plus négociable.

—Ce sera dangereux, soupira Harry.

—Et éprouvant, opina Hermione.

—Mais on sera ensemble, compléta le rouquin. C'est ce que Dumbledore aurait voulu.

Oui, sûrement, pensa Harry en serrant le médaillon au creux de ses mains.

Hermione était persuadée qu'ils avaient toujours été fait pour être amis. Qu'ils avaient toujours été fait pour s'entendre et que le moment était venu de montrer de quoi ils étaient capables.

Un jour viendrait où il leur faudrait partir à la chasse aux Horcruxes pour espérer triompher sur Voldemort. Un jour viendrait où ils devraient affronter les pires horreurs de la magie noire. Un jour viendrait où il leur faudrait se battre.

Mais pour le moment, elle désirait profiter de cet ultime instant de quiétude.

[...]

Le Poudlard Express entra en gare de Londres à la tombée de la nuit et un soupir de soulagement s'éleva d'un peu partout dans les wagons.

Lentement, le train ralentit et les élèves en profitèrent pour récupérer malles et cages à animaux. Lorsque le premier sifflement retentit, ce fut dans une agitation plutôt calme qu'ils quittèrent un à un les compartiments dans lesquels ils venaient de passer les dernières heures.

Pour certains, ces pas à travers la célèbre locomotive rouge seraient les derniers et ce fut avec nostalgie qu'ils posèrent pied sur le quai de la gare. D'autres, au contraire, se contentèrent d'un simple au revoir, déjà impatients à l'idée de revenir ici dans quelques semaines.

S'ils savaient, songea Hermione en descendant à son tour.

Il ne lui fallut que quelques secondes pour repérer les Weasley à travers la foule de gens regroupés au bord du train. Accompagnée de ses amis, elle les rejoignit et son regard finit par se poser sur le garçon qui avait emprisonné son cœur plus d'une année auparavant. Lui aussi l'avait remarqué et ce fut avec un immense sourire qu'il la regarda venir.

Hermione lâcha brusquement ses affaires et se jeta dans ses bras ouverts, les yeux embués de larmes. Elle respira son odeur de réglisse à plein poumon et le sentiment qu'elle était enfin à sa place l'envahit, faisant taire pour quelques minutes, cette sensation d'angoisse qu'elle éprouvait depuis la mort de Dumbledore.

Fred la serra contre lui avec force et sentit son cœur se serrer en entendant la jeune femme se mettre à pleurer. Sa peur pour elle s'évanouit aussitôt et il profita de cet instant, qui, comme suspendu dans le temps, les enferma dans une bulle qu'ils ne pouvaient ressentir qu'en présence de l'autre.

Près de ses parents, George observait leurs retrouvailles avec un sourire au coin des lèvres. Molly et Ginny avaient toutes les deux les larmes aux yeux et la fierté d'Arthur n'avait pas de nom.

Ils en avaient parcourus du chemin depuis la mort des Granger. Ils avaient gravis des montagnes, escaladés des murs et détruits les ténèbres. Ils s'étaient trouvés, aimés, connus. Ils avaient découvert la définition exacte du mot vivre.

Ils avaient appris à aimer.

En cet instant, il n'y avait qu'eux.

Hermione et Fred.

Fred et Hermione.

Mais viendrait un jour où, il n'y en aurait plus qu'un.

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On se retrouve avec le dernier chapitre de ce tome deux.

Il est assez court, donc je pense qu'il vaut mieux le considérer plus comme un épilogue 

qu'un vrai chapitre.

On se retrouve donc mercredi pour le prologue et le chapitre un

de l'ultime tome de cette histoire... <3


LA LOUTRE ET LE RENARD [terminée]Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt